That is what they call it to give the illusion of honor and law. It is chaos. Madness and blood and the hunger to win. It has always been thus and shall always be so • Libba Bray
War is upon you
L’étalon sombre ronfla doucement en s’arrêtant, les oreilles relevées, attentifs à la silhouette sur son dos qui avait doucement murmuré quelque chose. L’Elfe posa une main gantée, apaisante, sur l’encolure noire de sa monture. Ils galopaient maintenant depuis un moment, descendant la Bruinen. Retrouvez-moi aux confluents de la Bruinen et du Mitheithel. Aussi imprécis qu’à l’habitude, mais il ne s’en était jamais soucié, et cela n’avait jamais perturbé celui à qui il avait donné ce rendez-vous.
Pressant légèrement les flancs de sa monture, celle-ci partir dans un galop souple. Ils atteindraient bientôt le confluent des deux cours d’eau… Et après ? Après il ne savait pas. Ainsi en était-il avec l’Istari, ainsi en avait-il toujours été. Le cavalier, soigneusement dissimulé sous le capuchon de sa longue cape, tourna la tête, ses yeux clairs scrutant le paysage sombre. La nuit avait pleinement couvert ces terres de son manteau sombre, lui offrant la discrétion qu’il recherchait. Il était devenu dangereux de parcourir ces terres par les temps qui couraient… L’Eriador était devenue une contrée sans merci… Et son dernier bastion, l’Arthedain, ne tarderait pas à tomber. Il résistait encore, jusqu'ici, mais sa chute n'était plus qu'une question de temps. L’Elfe soupira, et pressa davantage son cheval.
Ils atteignirent finalement enfin le confluent des deux cours d’eau, qui, s’unissant souplement dans un caprice de la nature, en formaient un plus large, plus calme, plus sage. Flattant avec douceur l’encolure de son cheval, il scruta les alentours, noyé dans le sombre de cette nuit pratiquement sans lune. Viendrait-il ? Rien n’était moins sûr. L’Elfe avait quitté en hâte Imladris lorsqu’il avait reçu ce message, mais il savait que celui qui lui avait donné rendez-vous pouvait très bien ne jamais se montrer.
Il mit souplement pied-à-terre, ne baissant pas un instant sa garde. L’épée qui pendant à son côté était, dans son fourreau, encore rouge du sang des deux éclaireurs qu’il avait croisé sur la route, vagabondant aux confins de cette terre de non-droit qu’était devenu le Rhudaur. Il avait tenté d’éviter le premier… Mais lorsque le deuxième avait surgi devant lui, le choix était un luxe qui ne lui avait plus été permis.
Avançant le capuchon de sa cape pour bien dissimuler son visage –il ne faisait pas bon être des Premiers-Nés sous la domination d’Angmar–, il fit quelques pas, puis s’immobilisa, et attendit. Tourner en rond ne servirait à rien. Avec les Istari, surtout celui-là, il n’y avait qu’une chose à faire… attendre.