Uruviel d'Imladris

Astaldo et Nerwen s'aimaient d'un tendre amour. D'abord timide, puis totalement passionné. Lui était un garde d'Imladris, elle une compagne de Dame Galadriel. Astaldo, alors en mission de reconnaissance en Lothlorien, avait remarqué cette jeune elleth aux yeux verts et à la chevelure d’argent se tenant dans un coin reculé de la salle, observant et écoutant la discussion avec les autres suivantes de la Dame. Elle aussi l’avait vu, ce grand elfe à l’allure élancée aux cheveux aux prunelles noires comme la nuit. Il ne fallut pas de mots pour qu’ils se comprennent et se donnent rendez-vous le lendemain dans cette même salle. Au fil des années, l’affection qu’ils avaient l’un pour l’autre s’était transformée peu à peu en amour. Quand Astaldo demanda à Nerwen de se lier à lui, elle accepta sans hésiter de quitter la forêt dorée qui l’avait vu naître pour le suivre jusqu’à Imladris.

Après un siècle, un heureux événement combla le bonheur du couple : un enfant. Une petite elfe qui répondrait au doux nom d’Uruviel. Le nouveau-né hérita du visage fin de sa mère et des yeux pétillants de malice de son père. Elle tient cependant le bleu de ses yeux et le brun de ses cheveux de ses grands-parents paternels. Les enfants étant rares et considérés comme le bien le plus précieux chez les elfes, Uruviel eut l’enfance la plus heureuse qui soit et fut très choyée par ses parents. Malgré tout, ceux-ci la ne la laissaient pas faire tout ce qu’elle voulait, allant même parfois à la surveiller de très près. En effet, sa grande curiosité la poussait souvent à tout faire pour échapper à la surveillance parentale. Il n’était pas rare de retrouver la jeune elleth en pleine expédition quelque part à l’orée de la forêt entourant le domaine du Seigneur Elrond ou encore en train de se baigner près des cascades et ce avec très peu d’égard pour la tenue qu’elle portait. Ses parents en vinrent bientôt à arrêter de compter le nombre de fois où elle avait faillit se casser le cou.

Afin de combler au mieux le manque d’action de la jeune elfe dans ce paradis chimérique, Astaldo entreprit de lui apprendre les rudiments de l’escrime. D’abord un peu hésitante, Uruviel se surprit à affectionner cette discipline. Bien qu’elle ne fût jamais la plus habile à manier une lame, il reste qu’elle était une élève plutôt douée. Heureusement pour ses parents, cette solution porta ses fruits et Uruviel espaça de plus en plus les folles aventures qu’elle s’inventait. Par contre, si l’elleth faisait une rechute, alors c’était presque la catastrophe.

Les siècles se succédèrent bien vite et l’elleth grandit. Uruviel s’assagit quelque peu avec le temps sans toutefois abandonner ses éternelles errances dans la nature. Elle entreprit d’apprendre le nom des plantes et commença à s’intéresser à la botanique. Lorsqu’elle fit part à ses parents de son désir d’étudier les plantes afin de devenir guérisseuse, ils furent d’abord surpris, puis heureux que leur fille ait trouvé sa voie. Elle fut alors envoyée auprès des guérisseurs afin qu’ils lui enseignent leur savoir. L’elleth continua également en parallèle ses cours d’escrime avec son père afin d’être en mesure de se défendre si jamais il arriverait un moment où elle se devrait d’aller chercher une herbe quelconque dans la forêt.

La vie presque idyllique de la jeune elfe bascula le jour ou son père tomba durant l’une de ses patrouilles habituelles. Son groupe avait été attaqué par une bande d’orc venue de nulle part. En plus d’avoir perdu une partie d’elle-même, elle dû assister à la longue agonie de sa mère qui ne pouvait supporter la perte de son époux. Elle refusa de faire voile pour Aman, sachant fort bien que le pays des Valar n’allait jamais la guérir de la mort d’Astaldo. Nerwen succomba deux ans plus tard.

Uruviel changea du jour au lendemain. Elle devint triste et froide. Peu de temps après la découverte du corps de sa mère, Uruviel s’exila pendant quelques années sur les routes, ne prenant avec elle que quelques affaires essentielles comme l’épée de son père ou encore ses herbes médicinales. Durant son errance, Uruviel visita diverses régions de la Terre du Milieu. Chaque découverte était pour elle une vraie bénédiction. Mais ce qui marqua le plus l’elleth fut sa rencontre avec le peuple des Hommes. D’abord légèrement indifférente envers ce peuple que certains elfes traitaient avec mépris, elle fut rapidement fascinée par les mortels et s’attacha même à eux. Ce qui choqua le plus Uruviel fut leur fragilité aux blessures et aux maladies, mais aussi le fait que certains villages reculés ne comptaient aucun habitant possédant des connaissances en médecine. L’elleth entreprit d’enseigner quelques rudiments de soin à qui voulait bien, car certains anciens ne voyaient pas du bon œil cette guérisseuse elfe qui parlait d’égal à égal avec les villageois.

Uruviel réapparut à Imladris après une vingtaine d’années passées chez les hommes. Ceux qui la connaissaient revirent fleurir sur son doux visage le même sourire qu’autrefois. Ses yeux brillaient de nouveau d’innocence, mais quelque chose avait changé dans ses deux pupilles océan. C’était comme si la jeune Uruviel avait mûrie.

Mais la blessure n’était toujours pas guérie et la disparition tragique de ses parents restait un sujet sensible à aborder sauf si on savait s’y prendre correctement. Et quand Uruviel fut en âge d’aimer, elle se mit à repousser tous les prétendants quila courtisaient trop ouvertement, fuyant parfois sans qu’ils n’arrivent à la rattraper ou usant de mots durs si ils se faisaient trop insistants. En réalité, l’elleth se refusait de laisser battre son cœur pour qui que ce soit afin d’éviter de souffrir comme sa mère.

Aujourd’hui, Uruviel continue ses nombreux voyages dans les villages humains près d’Imladris afin de faire profiter de ses talents de guérisseuse aux Hommes. Elle habite toujours dans la cité qui l’a vu grandir. Elle compte toutefois repartir un jour pour visiter la Lorien, là où sa mère est née. En ce moment, elle a eu vent de rumeurs circulant comme quoi une certaine compagnie était présentement sur la route d’Erebor…