Elle était assise sur une pierre plate, devant son feu de camp. La nuit était glaciale, comme depuis plusieurs semaines. Ornée de glace, de neige, d'un vent froid comme la mort, les terres étaient devenues les hôtes d'un hiver étonnant. Alors, pour se réchauffer, elle jouait, doucement. Son ocarina d'os porté à ses lèvres, la naine jouait, les flocons dansant dans ses cheveux, fondant au contact de sa peau chaude. Ses cheveux nus, flottant dans la brise sèche et froide, s'ornaient de perles de glace, larmes du ciel gelées par le temps ardu. La mélodie de sa chanson flottait dans l'air, reposante. Mais elle savait qu'elle ne serait pas la victime de son instrument : ceux de sa famille; bardes légendaires, pouvaient offrir la mort ou la joie dans leur musique, grâce à leurs instruments fait dans certains os d'animaux rares, et à certains rituels de magie blanche, mais aucun de ceux qui maniaient la magie des instrument ne saurait être le point de mire des effets de sa musique, qu'elle soit bénéfique ou non.
Freya arrêta, puis se gratta l'épaule et fit tourner dans le crâne d'un animal mort le bouillon qu'elle avait mit à cuire. L'os donnait un goût sableux au ragoût, mais de toute façon, elle n'avait pas eu grand chose à mettre dedans : un peu de viande salée et fumée, un peu de viande maigre prélevée sur un lapin qu'elle avait tué, un peu de graisse, quelques légumes qui avaient résisté au froid. Une pellicule grasse ornait le dessus du bouillon, promesse d'un peu de chaleur, de nourriture. La naine brune se surprit à avoir faim, mais elle voulait d'abord reprendre un peu de viande pour sa route. Laissant ses affaires sur place, mais prenant garde à les avoir toujours à l'oeil, elle s'éloigna un peu pour vérifier les collets qu'elle avait posés plus loin. Elle ramena deux lapins, aux fourrures blanches, et une espèce d'oiseau multicolore au ventre gras et aux ailes duveteuses. Elle se félicita, et s'approcha du camp. Alors qu'elle plumait l'oiseau, les deux lapins mit à cuire, les fourrures mises de côté pour plus tard, elle entendit un bruit plus loin. La neige avait cela de précieux que son son permettait de savoir quand quelqu'un arrivait. Plutôt que de prendre sa hache, Freya prit son instrument et le porta. Quiconque l'aurait vue se serait demandé pourquoi, plutôt que de prendre la magnifique hache ouvragée qui était posée à côté d'elle, elle se tenait debout avec un intrument près des lèvres.
« Allez, approchez, si vous n'êtes pas un lâche ! » s'écria t-elle en essayant de repérer une silhouette.
Quiconque oserait se poster en menace se retrouverait avec des problèmes. Elle s'était entraîné : son épuisement après avoir utilisé sa magie était moins fort, elle pouvait l'utiliser plus souvent, plus longtemps, sur plus de monde. Il suffisait qu'elle se concentre sur sa ou ses victime(s) et cela suffisait à faire le pont entre sa magie et la musique, et la victime. Elle plissa les yeux, sur le qui-vive, un sourire sur les lèvres, prête à souffler une mélodie de mort.
J'avais quitté les Ered Luín quelques jours avant, dépité de ne pas recevoir l'aide tant attendue de mon cousin Daín, mais je pouvais comprendre leur réticence à se lancer dans une telle quête. Une véritable folie diraient les uns, une quête pleine d'audace et de courage diraient les autres. Pour moi, ce n'était rien de plus que du bon sens. Certes, la vie dans les montagnes bleues était douce, paisible, agréable et pleine d'abondance, mais le souvenir d'Erebor creusait dans mon coeur un vide, un manque et créait une envie irrépressible de la reconquérir. C'était mon devoir de roi en exil, le devoir de rendre à mon peuple ce qui lui appartenait et qui lui avait été arraché ! Le devoir de redonner aux nains d'Erebor leur gloire d'antan. Il n'y avait pas d'autre choix pour moi, je ne vivrais jamais en paix tant que Smaug détiendrait vilement le royaume qui m'avait vu naître et qui avait abrité les plus beaux jours de ma vie devenue si misérable. Ce maudit dragon était responsable de tant de misères, de morts inutiles et aussi de mon caractère devenu si invivable ! Quelque part, il était aussi responsable de la perte de mon grand-père, de mon père, de mon beau-frère et de bien d'autres êtres qui me furent cher.
La nuit arrivant, je décidais de faire halte pour la nuit. Le chemin pour la Comté où je devais rejoindre Gandalf et les autres membres de la compagnie pour aller chercher ce cambrioleur serait encore longue. Descendant de mon poney, j'allais installer mon campement lorsque la leur d'un feu attira mon attention. Je savais que les chemins étaient souvent dangereux, j'en avais tant parcouru. L'épée à la main, je m'approchais avec précaution, mais pas assez pour ne pas être remarqué apparemment. Sans doute la fatigue morale ne m'aidait pas à me fondre correctement dans le décor. Cependant, ce qui me surpri le plus ce fût de reconnaître la voix. J'approchais alors sans plus prendre aucune précaution spéciale et me retrouvait face à une naine que je connaissais, enfin elle m'était familière. "Je ne suis ni un lâche, ni un couard, Freya. Et me menacer ne te sert à rien." Je rangeais mon épée au fourreau, quelque peu soulagé que ce soit pas un campement d'orcs ou de n'importe quelles autres créatures nuisibles.