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Il pleuvait à forte goutte dans ce petit bourg de l'Eastfold. Les nuages noirs voilaient la lune, et seul les torches offraient de la lumière aux rues, pourtant vides, les habitants ayant trouvé refuge chez eux ou à l'auberge, se contentant d'un repas chaud, de couvertures et d'un feu dans l'âtre. Les ombres pouvaient circuler librement sur la voie.
Voilà une semaine que Theovryn était recherché pour le meurtre du fermier. Quelle erreur avait-il fait ! Tout cela à cause de son père et sa jalousie compétitive. Et Dilna, la fille du défunt, celle qu'il aimait secrètement, elle lui en voulait maintenant. La pauvre s'en souviendra toute sa vie, ce jour funeste.
Le sort s'était acharné sur Theovryn. Il était alors trempée, crasseux, rejeté, exilé, seul, affamé, fatigué, et pourtant, l'envie de vivre lui donner le cran de tout affronter. Dernièrement, il n'avait mangé que des racines et un lapin à moitié dévoré par une bête. Ces conditions insupportables l'avait poussé à retourner à la civilisation. Il désirait tant croquer une pomme savoureuse et juteuse, ainsi qu'une poule cuite au feu de cheminée. Il avait parcouru les plaines comme un mendiant, son épée était perdu, et le hasard l'amena en ce bourg. Il passa par les champs pour ne pas être vu d'éventuels gardes, puis emprunta la voie principale.
Personne n'était sur la route heureusement ; il longea les chaumières dont les fenêtres témoignaient d'une lumière jaunâtre et chaleureuse, et trouva une écurie à côté d'une auberge. Que faire ? Il ne pouvait pas rentrer, il serait repéré. On a sûrement placardé des affiches partout dans les villages. Toutes les boutiques étaient fermées bien évidemment, donc impossible de voler de la nourriture. Quelle erreur d'être venu ici ! Il ne pouvait pas manger et était à la merci de la garde.
Un homme apparut sur la route et semblait se diriger vers lui. Ni une ni deux, Theovryn sauta dans un box de l'écurie pour ne pas être vu. Le passant ouvrit la porte de l'auberge, dégageant des odeurs de cuisine et des éclats de voix avant de se refermer. Un souffle réchauffa la nuque du jeune homme. Theovryn, surpris, fit volt-face et se retrouva nez à museau à un étalon noir. Il ferma les yeux pour faire passer cette frayeur. Soudain une idée lui vint. Il pourrait le voler. Le cheval était muni d'une scelle, il était prêt à être monté. Il quittera cette ville avec, puis, installé dans un lieu tranquille, il fera un feu. Là, il tuera le cheval, et enfin, il le mangera.
Peu importe le déshonneur que cela pourrait lui apporter, Theovryn n'était plus un rohirrim ! Un bon festin s'offrait à lui !
« Doucement, mon beau, dit-il en approchant la main de son encolure pour le caresser.
Je ne te veux aucun mal. »