Tout commença dans un village de l'Eastfold, dans le royaume des seigneurs cavaliers : le Rohan, sous le règne de Fengel, le cupide. Ce hameau pratiquait l'agriculture et l'élevage de chevaux destinés à la cavalerie royale. C'était une terre prospère, sans être riche, mais la population était heureuse.
Ainsi naquit un fils de fermier, nommé Theovryn, cinquième enfant de Havelin. Il n'était ni le préféré, ni le mal-aimé, aucun de ses frères et sœurs ne l'était : on les éleva avec autant d'amour. Les efforts des fils étaient destinés au travail agricole, comme le faisaient leurs parents. Tout au long de leur vie, les taches banales et quotidiennes se répétaient : ils vivaient simplement. Le petit Theovryn et ses frères aînés aimaient particulièrement se battre aux bâtons en s'imaginant chevaliers. Telles étaient les ambitions des jeunes villageois.
Par ailleurs, au fil des années, la famille de Havelin était devenu la première cultivatrice de blé du village. La pratique et la technique acquises lui offraient de grands rendements qui rendit la situation d'Havelin et ses enfants un peu plus confortable, et tous au village les saluait pour leur performance. Havelin avait développé une certaine cupidité et un narcissisme dignes d'un seigneur. L'esprit de compétition s'était développé en lui, et c'est cela qui allait amener l'orage dans la vie de sa famille.
Lorsqu'un jour, un nouveau paysan s'installa avec sa femme et sa fille pour cultiver lui aussi le blé, les paysans se moquaient de lui, Havelin encore plus. Il était surtout mécontent qu'un autre veuille tenter sa chance ici, et sa crainte profonde était de le voir réussir. Ce nouveau-venu, avec toute la sympathie du monde, avait semé juste à côté du champ d'Havelin, et ce dernier faisait tout pour ne pas avoir affaire à lui. Lorsqu'il le voyait approcher de ses terres, il se cachait. Le voisin allait donc rencontrer Theovryn, qui avait alors atteint l'âge d'homme et qui était pourvu de toute la sympathie due à son innocence et à sa jeunesse. Il donnait régulièrement des conseils à l'homme et lui offrait de l'aide pour ses cultures, sans que son père soit au courant. Le fils du fermier ignorait la rancœur de son père, et offrait volontiers ses services.
Il était d'ailleurs tombé amoureux de la fille de son voisin. Elle s'appelait Dilna, et Theovryn rendait plus souvent visite au père pour pouvoir la contempler, bien qu'il ne sut jamais lui parler. Celle-ci l'évitait et était pourvu d'une froideur, imperceptible pourtant aux yeux du niais. Il mangeait souvent chez eux, les parents lui témoignant beaucoup d'amour et d'amitié. En effet, grâce à lui, leurs champs abondaient, voire plus que celles d'Havelin. Ce dernier s'était rendu compte de tout cela et, dans sa jalousie et cupidité, il disputa son fils, et lui ordonna ensuite de tuer le fermier. Bien que le garçon était à l'encontre de ce projet, il ne voulait pas décevoir son père. Il « emprunta » donc une épée au forgeron local, et alla chez son cher et estimé voisin qui, en train de faucher, le salua chaleureusement. Theovryn s'excusa auprès de lui et, avec un pincement au cœur, il planta son épée dans le ventre de la victime.
Il lâcha quelques larmes, épris de remords, mais pourtant, le pire était fait, selon lui. Il irait nettoyer la lame, la rendre, et rentrerait annoncer la réussite de l'acte à son père, et personne ne serait au courant de sa culpabilité. Pourtant, un cri perça le ciel de son aiguité. Dilna avait vu la scène, et elle courait alors prévenir les autres du crime horrible.
Theovryn, étant repéré, courut à sa chaumière, en jurant sur son sort et maudissant son père. Celui-ci, voyant son fils se ruer, l'interrogea. Son fils lui expliqua tout en vitesse, prit quelques vivres, et monta le cheval familial sans dire au revoir à sa mère, ses sœurs, et ses frères, pleurant. Halevin, lui, était soulagé.
Une chasse à l'homme fut lancée, et la fatigue du vieux canasson compensa l'avance qu'avait Theovryn sur ses poursuivants. Arrivé à la rivière bordé d'un petit bois, le fuyard abandonna sa monture, lui tapa le derrière pour la faire fuir le long de la berge, et se jeta à l'eau. Les miliciens prirent alors la direction du cheval et manquèrent le fugitif. Celui-ci nagea vers l'autre baie et se cacha parmi la végétation. Il attendit là quelques heures et, voyant le soir arriver, sûr que ses poursuivants n'étaient plus à ses trousses, il chercha un abri moins dangereux pour la nuit, l'épée à la main, le monde sauvage et la solitude comme seuls obstacles.
La famille de Theovryn ne le revit plus depuis cette histoire.
Deux ans plus tard, en Comté, un Hobbit quitta son chez-lui pour vivre une aventure.