« - Quand je serais grand je serais un dresseur de dragon !
- pfff, arête de dire des âneries ce n'est pas possible ca ptit frère.
- Alors je serais un magicien riche et puissant !
- Tu le fais exprès ou quoi ? Tu ne pourras jamais être tout ça ! C'est Père qui décidera... »
Oh mon cher frère que tu te trompais a l'époque en disant cela. La preuve en est, aujourd'hui je suis celui que je veux être. Un jour simple voyageur, tantôt tavernier ou écuyer. A présent moi seul décide qui je suis vraiment. Moi, Aodhán, fils de Mareoth, je peux devenir qui je veux pour cacher ma véritable identité, pour me faire oublier et avancer.
Elle est bien loin l'époque où, jeunes et insouciants, nous parcourrions les ruelles de la cité de Minas Tirith, inventant des histoires de pirates et de voleurs. Derrière nous le temps où tu me trouvais poltron et chétif. Regarde moi aujourd'hui, encore un gamin aux yeux des autres, mais un gamin avec du sang sur les mains. J'aimerais revenir en arrière, ne pas avoir rencontré certaines personnes, ces gens qui ont contribué à faire de moi l'Homme que je suis aujourd'hui. Te souviens-tu, mon frère ? Te rappelles-tu de notre enfance ? Moi je m'en souviens, comme je me souviens de tout le reste. De la fois où en voulant sauter d'un toit à l'autre, je me suis tout bonnement loupé et retrouvé accroché à la fenêtre d'une vielle dame. Et toi, sur le toit, plié en deux de rire. Le soir nous avions moins ri lorsque Père a su cela.. Que disait'il déjà ? « Jeunes ou pas vous êtes de Sang Noble ! Oubliez vos enfantillages et comportez vous donc comme des adultes de votre rang ! » Père. Un des grands noms de la Cité de Minas Tirith, connu pour sa richesse et son mauvais caractère. Que je le craignais à l'époque. Lui et sa lanière de cuir, de sa manie de nous tordre les poignets en nous regardant dans les yeux, stoïque , lorsqu'il nous prenait à faire une bêtise. Ce regard, froid et sombre, jamais il ne s'effacera de ma mémoire.Cette mémoire je la hais et la chérie. Depuis mon plus jeune âge on me gratifiait du don de Mémoire Absolue, que c'était un don précieux et j'en passe. Malédiction à mes yeux. Le Mestre et ses exercices pour voir mes capacités de mémorisation, qu'ils aillent au Diable ! Toi, Mina, et tous les autres, vous ne pouvez imagines ce que c'est. Le soir je les entends encore supplier et pleurer, je revois leurs larmes et leurs regards. Des cauchemars sans arrêts. Se souvenir encore et encore.
C'est sans doute cette capacité qui à attiré l'attention des Hommes de L'Ombre. Tu étais bien meilleur que moi dans le maniement des armes, mais j'avais ce truc en plus.J'avoue franchement qu'aujourd'hui encore je me demande ce qu'il m'a pris lorsque j'ai accepté d'être formé pour rejoindre leur Ordre. A douze ans , il est vrai que je rêvais d'aventure , loin de la cage d'or de la Cité, et leurs avances étaient alléchantes pour un chien fou comme moi. En quittant Minas Tirith, je laissa derrière moi le jeune Aodhán que je fus, celui qui traînais toujours dans tes pattes, qui voulais faire tout ce que tu fessais et qui, d'ailleurs, s'est souvent fait punir par Père pour des bêtises que tu avais faits toi...Ce fut dans une vallée du Gondor que l'on m'instruit. Techniques de combat, de traques, d'assassinats. Pour moi ce n'était qu'un jeu les premiers temps, jusqu'à ce qu'Il arrive. Lui, c'était Le maitre d'Arme. Celui qui ne te fait pas combattre avec une lame émoussé mais qui t'enferme dans une pièce avec un autre et qui donne pour consigne « le premier à terre aura droit au fouet ». J'y ai goûté au fouet, plusieurs fois jusqu'à ce que je comprenne que ce n'était plus un jeu. Il ne resta pas très longtemps parmi nous ,mais sa venue changea les mentalités des rares qui étaient avec moi. Ce lieu devint ma maison jusqu'à mes dix-huit ans, jour de ma première mission.
De retour à Minas Tirith pour faire ma besogne, je te retrouva mon frère. Marié à celle que tu aimais déjà lorsque nous étions enfants : Minalisa . C'est pour fêter ton mariage que nous sommes allés dans une taverne et maison de plaisir, je crois que ce jour-là j'ai dû boire plus que je ne le devais ,car je me suis réveillé le lendemain dans le lit d'une inconnue avec une balafre sur le visage. J'en garde encore la cicatrice. Et puis il semblerait que des choses se sont faites dans mon dos durant mon abscence...Si ton mariage c'est fait par amour, il semblerait que le miens soit politique. . J'ignore pourquoi il organise celà, il sait que je me suis engagé dans les Hommes de l'Ombre, alors pourquoi un mariage ? Qui est ma promise , a quoi elle ressemble ? Aucunes idées et je ne veux pas le savoir ! Du moins jusqu'a ce que je la rencontre a un banquet organisé par Père. J'avoue que la demoiselle est des plus charmantes mais me voir enchaîner ainsi,tres peu pour moi. Cette idée de mariage m'a fait fuir c'est vrais et dans les jours qui ont suivie je regagna la vallée où l'on me désigna une autre tâche. Je ne peux en dire plus car pour l'instant je n'ai pas pu exécuter cette personne, trop bien encadré, trop entouré pour être atteinte facilement.Aujourd'hui j'ai vingt huit ans, et une liste de noms rayé déjà conséquentes. Il ne m'en reste qu'un que j'atteindrais un jour, coute que coute. Je parcours la Terre du Milieu, pour effectuer des missions envoyées par corbeaux, me fessant passé pour celui que je veux. Dans les Montagnes Bleues où j'ai connu le Peuple Nain, c'est comme apprentis forgerons que l'on me connait. J'aime le peuple Nain, ils sont vaillants et leur histoire me touche. Si le Gondor est ma Terre Natale, la Montagne Bleue est celle de mon Coeur. Je ne connais que très peu d'elfes et malheureusement il est bien difficile de leur mentir. Mais ils savent garder un secret et même si la réputation de l'Ordre nous précède souvent, rares sont ceux qui en connaissent les membres. Parmi les Hommes je ne suis qu'un simple cartographe qui arpente le monde, rien de bien méchant à leurs yeux qu'un gamin sur son cheval noir. Pour les autres, Mages et Hobbits , je n'ai pas la chance d'en rencontrer pour le moment ,mais je dévore les rares livres qui les évoquent. La Terre du Milieu est pour moi un grand terrain de jeu. Moi, Aodhán, fils de Mareoth, je suis maître de ma vie, gamin avec du sang sur les mains...