Le deuxième message. [Quête ALEA] [Kili]

Les quelques jours qui avaient suivit l’arrivée des Nains à Esgaroth avaient été reposants pour les nains. Kili avait même eu l’occasion de partir pour aller porter un message, mission qu’il avait accomplie avec application, car il trouvait important de mériter sa place dans la compagnie. Il aimait s’amuser, certes, mais il n’avait réussi à convaincre son oncle de l’emmener avec lui qu’en promettant de prendre sa place sur ce monde. Car après tout, qu’il le veuille ou pas, il était un prince. Et, il se devait de faire en sorte d’avancer dans ce monde comme un prince. Il était tout de même étrange qu’il ne s’en rende compte que maintenant, alors qu’ils touchaient au but. Peut-être que c’était à cause de la fin proche de leur quête. En tout cas, le nain avait de plus en plus l’impression qu’il se posait sur ses épaules le poids de la totalité du monde.

Un sourire sur les lèvres, en ce matin sombre, il se tenait encore une fois face au maire, qui lui confiait, suite à la réussite de sa première mission, quelques jours plus tôt. L’homme lui expliqua qu’il devait trouver une demoiselle à l’extérieur de la ville. La missive en poche, notre jeune nain sortit de la grande maison et entreprit de se diriger vers la sortie d’Esgaroth. Mais, autant dire que devant lui s’élevaient de nombreuses congères. La neige était encore tombée drue durant la nuit, et il se devait de trouver un moyen de passer… Sans quoi, il allait finir par nager. Nager au milieu de la neige ? Quelle drôle d’idée.

Alors qu’il tente de trouver un autre chemin, le jeune nain commence par contourner les congères, avant de réussir enfin à passer de l’autre côté, où il se prend les pieds dans quelque chose, s’éclatant littéralement la tête dans la neige. Après avoir pesté, grommelé, grondé et donné de grands coups de pieds en l’air, sans réussir à réellement se dépêtrer de ce qui s’était pris dans ses pieds. Le nain finit par se retrouver sur le dos et pas s’asseoir, avant de baisser les yeux vers ses pieds, découvrant un morceau de tissus étrange. Il l’attrapa, et défit le nœud qu’il avait fait tout seul autour de ses cheville, avant de se mettre debout, tournant et retournant ce qui s’avéra être une cape dans ses doigts. Il finit par la plier et la ranger dans son sac. Parce qu’il en avait déjà une sur les épaules, et pas besoin d’une seconde.

Il tourna sur lui-même, cherchant la direction qu’on lui avait indiquée – et en profitant pour observer que personne ne l’avait remarqué avec sa chute rocambolesque – puis, il se remit en chemin, vers la maison de la jeune femme qu’on lui avait demandé d’aller voir.

Après avoir pris le temps de s’orienter, le nain se décida à prendre un petit chemin sur la droite, qui selon lui menait jusqu’à la demeure de la demoiselle qu’il devait aller voir. Mais, ce long chemin tortueux était soumis à des bourrasques puissantes qui rendaient compliquées l’avancée du nain. Au bout de quelques mètres, celui-ci perdit le capuchon de sa cape, et son visage prit de plein fouet une volée de neige glaciale. Propulsé contre un arbre, il tomba à genoux, ses yeux le brûlant comme jamais ils n’avaient été brûlés. Là, il prit le temps de frotter ses yeux pour les réchauffer, avant de tenter de les ouvrir. Mais, le monde autour de lui n’était plus qu’un vaste terrain sombre. Si durant une seconde, il hésita à faire demi tour, son habitude des mines sombres des nains lui fit changer bien vite d’avis. Après avoir attaché un tissu autour de ses yeux pour les protéger, il décida de continuer à avancer, utilisant ses autres sens pour progresser lentement mais sûrement vers le bout du chemin. Car, les nains ont d’autres sens. Tirant son arc de son dos, il s’en servit pour déterminer les tournants du chemin. Mais, ainsi, avec le vent qui manquait de le faire tomber à chaque pas, il allait très, très lentement.

Alors qu’il avançait, sans un mot, tentant de ne pas céder à la douleur de ses yeux, son arc lui servant de bâton d’aveugle, concentré sur sa mission. Ses autres sens étaient bien plus développés que ce qu’il voulait bien dire, puisqu’en tant que nain, il vivait dans les profondeurs de la montagne. Son ouie percevait le moindre changement dans le vent, ses pas étaient surs, et ce même s’il ne voyait pas où il posait les pieds. Mais, son arc frappait régulièrement le bord de la congère qu’il suivait, et lorsqu’il sentit un trou dedans, sa main se mit à suivre la neige, tombant sur un petit portail, dont il eu du mal à trouver l’ouverture à tâtons. On lui avait bien dit qu’il n’y avait qu’une seule maison sur ce chemin, et il devait être arrivé. Après quelques mètres, sa main frappa contre la porte, et une voix féminine demanda qui c’était. Sans hésiter, il répondit qu’il apportait un message de la cité du lac, et la porte grinça bientôt sur ses gonds. Fouillant dans son sac, l’aveugle tendit à la jeune femme la lettre encore cachetée, avant de demander s’il pouvait entrer pour baigner ses yeux dans de l’eau tiède, afin de les soigner un peu avant de repartir.