Canasson poussa un hennissement de frayeur alors qu’Elrohir le guidait sur le chemin des elfes. L’elfe devait faire attention s’il voulait arriver à bon port entier : la forêt entourant la cité des elfes était dangereuse, pour tous les voyageurs. S’éloigner des pavés était le meilleur moyen pour que la magie lugubre de ces lieux ne vous tourne l’esprit et ne vous rende fous. Finir dans le ventre d’une de ces immondes araignées géantes était aussi une option. Et, elle ne plaisait pas plus à Elrohir que de se retrouver perdu à jamais sous les arbres tordus et inquiétants qui l’entouraient.
Finalement, après un trajet qui lui sembla avoir duré une éternité, il s’immobilisa devant les hautes portes de la cité de Thranduil et attendit qu’on lui ouvre. Le grincement des portes, les elfes qui l’entourèrent… Elrohir se laissa conduire jusqu’aux écuries, puis escorter dans un petit salon privé où se trouvait, non pas Thranduil mais sa femme. Elrohir sentit son sang se glacer à la vue de celle-ci. Son visage se figea durant quelques secondes et il posa la main sur son cœur, inclinant légèrement le buste pour saluer la reine de ces lieux, dont il avait autrefois été proche. Tante Silyë, dit-il avec un sourire crispé. Mae l'ovannen!, continua-t-il, sans oser s’approcher, s’installer ou quoi que ce soit sans permission. Il avait tenté d’éviter Silyë depuis cinq cent ans, s’adressant toujours à Thranduil, évitant la forêt noire quand il le pouvait, tentant de ne pas se retrouver face à celle qui, autrefois, il en était venu à considérer comme une mère de substitution, lorsqu’il était un jeune elfe déraciné et envoyé pour étudier les armes ici, si loin de chez lui qu’il en avait, parfois, oublié le visage de ceux qui partageaient sa vie à Imladris.
Follow your heart, listen to your inner voice, stop caring about what others think.
On avait appris à la reine que l’un des fils d’Elrond se présenterait à la cours. Lequel ? On avait oublié de lui préciser, pour certains ils étaient tellement indissociable qu’on en oubliait qu’ils étaient des êtres à part entière. Silyë, elle, savait faire la différence, elle les avait côtoyé si longtemps, qu’elle les considérait comme des membres de sa famille. Elle avait une relation différente avec chacun des deux. Avec Elladan, c’était un peu plus conflictuelle, dans le sens où, malgré les efforts de la souveraine, l’elfe restait distant, il ne voulait pas de cette affection qu’elle lui donnait sans réelle arrière pensée. Avec Elrohir, c’était plus facile, du moins au début. Il n'hésitait pas à l'appeler “ma Tante”, leur relation était bonne mais celle-ci s’était dégradé et le fils d’Elrond évitait souvent de croiser la reine. De son côté, elle ne comprend pas cet éloignement, elle sait pertinemment que le départ de sa mère l’a affecté, est-ce lié ?
Enfin de compte, il ne put l’éviter tout sa vie car celui qui arriva dans le salon était Elrohir. Il ne pouvait pas se dérober, il était là devant elle, celle qu’il n’avait pas vu depuis des siècles. Il était mal à l’aise, c’était facile de le sentire. Il ne s’attendait surement pas à la voir et elle non plus. Il prenait tellement de précaution depuis tant d’année, qu’elle était persuadée se retrouver devant son frère jumeau. C’était trop tard, pas de marche arrière, peut-être était-ce un signe du destin ? C’était le moment pour elle de connaître les raisons de ce curieux comportement. Il la salua, elle en fit de même et elle l’invita à s’installer sur le sofa qui se trouvait juste devant elle. Elle n’allait pas oser lui demander de s'asseoir à ses côtés, pas maintenant, il était trop tôt. « Bienvenu Elrohir, fils d’Elrond. Du temps a passé depuis notre dernière rencontre, n’est-ce pas ? Et pourtant, je me souviens encore du temps où toi et ton frère séjournait ici. » lança-t-telle d'un ton calme.
