2939
Sur la rive nord de l'Entwash, un petit bois sombre servait d'abri aux animaux se cachant dans les terriers pour se protéger des oiseaux nocturnes perchés sur les branches. Les hullulements, les glapissements, les hurlements rendait le lieu effroyable. Les branches craquantes et les buissons gémissants s'ajoutaient à ce concert de terreur.
Une âme perdue tentait de fuir tout cela, malgré la faim et la fatigue. Il se sentait traqué. Pas par les cavaliers qui s'étaient lancés à sa poursuite, non, il y a deux jours que le fugitif ne les avait aperçus. Autre chose semblait le suivre et en faire d'une chair humaine sa pitance. L'homme courrait alors à travers les buissons touffus, la peur pour motivation, et ses yeux furetaient une éventuelle embuscade ou un terrier. Il trouva alors un arbre creux et y plongea, se tassa, et tint fermement son épée sur son buste, comme un acte de protection qui pouvait le rassurer. Il retint sa respiration et écoutait attentivement.
Seul le sifflement du vent tenait compagnie à cet aire sylvestre. L'individu n'entendit pas de quelconque bruissement, craquement, halètement. Cette poursuite était-elle le fruit de son imagination ? Cette idée le rassura sans doute, mais cela fut assez court. Il n'y avait plus de hululement, plus rien qui indiquait alors la présence de la vie nocturne. C'était si calme. Ce calme glaça le sang de l'homme.
Ses sens en alerte perçurent cependant un pas. Un pas léger et à la fois lourd. Un pas qui inspirait une certaine agilité et à la fois une grande puissance. Ce pas venait de derrière le tronc. Il approchait lentement mais sûrement. L'homme était effrayé, son cœur battait de plus en plus fort. Il n'osait bouger, mais savait qu'il devait se préparer à agir. Il serrait les lèvres de toutes ses forces, ses membres devenaient fébriles, d'énormes gouttes de sueur perlaient sur son front et coulaient jusqu'à son menton. L'envie de respirer se faisait de plus en plus forte. Il ne put retenir une expiration, et après avoir inspirer, il se retint à nouveau.
Les bruits de pas se faisaient tout près. Il était là. Juste derrière. Il fallait agir ! Mais la peur tétanisait l'homme. Il fermait alors les yeux pour ne pas voir la suite, c'était trop de pression et d'horreur. Puis il les rouvrit. Les pas se dirigeaient à gauche et s'éloignaient petit à petit.
Soupir de soulagement, et une odeur de décomposition lui saisit le nez. L'écorce était pourri, l'arbre était mort et émanait une certaine odeur qui avait sans doute masqué celle de son hôte. La chose l'avait-elle ignoré à cause de ça ? Devait-il rester ici toute la nuit ?
Malgré la saleté et l'odeur, l'homme qui s'appelait Theovryn se calfeutra dans le creux et tenta de dormir. Les hululements avaient recommencé leur chanson.
Demain, il faudra quitter cet endroit et trouver à manger. Le hors-la-loi était recherché dans toute la région. Peut-être devrait-il partir à l'Ouest en Eriador ? Il était de toute façon confronté à un monde cruel et sauvage.
«
Dormons, lâcha Theovryn pour arrêter de penser. »