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| Lun 23 Fév - 5:33 C'était machinalement qu'Erika saluait de la tête, un léger sourire de circonstance flottant sur ses lèvres, les passants et les commerçants. Il faisait beau ce jour-là malgré la fraîcheur du vent. Le soleil brillait entre les nuages et pourtant la jeune femme ne voyait rien de son éclat. Elle ne voyait qu'un filtre gris, une sorte de voile qui couvrait le monde entier depuis ce jour d'orage où Cynwald avait été avalé par les eaux agitées du lac. Les gens ne la regardaient plus de la même façon. On s'attristait, la prenait en pitié. « La pauvre! Veuve et enceinte! Quelle situation effroyable » La blonde se mordait la langue, feignait un nouveau sourire et effleurait son ventre du bout des doigts pour se rappeler qu'il y avait une lueur dans ces ténèbres et qu'elle lui donnerait la vie. C'était la seule justice qu'elle pouvait espérer du destin qui lui avait arraché l'homme qu'elle aimait encore à ce jour.
Serrant son panier contre son côté, elle dût s'arrêter brusquement pour laisser passer une brouette conduite par un homme visiblement pressé. Une mèche tomba devant ses yeux avant que la brise ne la balaie. Erika reprit son sempiternel trajet avant de s'arrêter devant un étal de rubans pour en inspecter quelques pièces. La vendeuse lui fit un sourire timide, mais n'osa rien dire de plus. Il y avait un moment que la veuve ne se formalisait plus du malaise qu'elle générait. Elle choisi un rouleau de dentelle blanche et régla le montant avant de glisser son achat dans son panier.
La blonde fit volte-face pour heurter quelqu'un ce qui lui fit échapper son léger chargement. Rapidement elle se pencha, geste qu'elle ne pourrait plus faire bientôt, pour ramasser le tout. D'une voix candide, mais fatiguée, elle lança :
« Navrée, je... »
Ses prunelles gris vert se levèrent pour aviser qui elle venait de bousculer. | |
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| Mar 24 Fév - 6:56
Isil avait laissé sa monture sous le couvert des arbres un peut à l'écart de l'agitation de la ville, car qui n'aurait pas trouvé suspect de voir une jeune femme monter une telle bête ? Il faisait frisquet, mais la jeune Alfe avait l'habitude, là d'où elle venait il n'y avait pas beaucoup de soleil. C'était si étrange, se retrouver ainsi seule, sans partenaire de voyage ni troupe pour l'escorter. C'était un peut comme si le temps s'était allongé, tout se passait plus lentement que d'ordinaire, les évènements ne s'enchaînaient plus avec la même vitesse qu'autrefois. On ne l'avait pas habituée à tant de calme, de sérénité. Elle ne croisa personne sur la passerelle qui la menait à Esgaroth. Pourquoi s'aventurait-elle dans une cité ? Sans doute par simple curiosité. Maintenant qu'elle était "libre", elle voulait savoir à quoi ressemblait le monde extérieur, à quoi ressemblait la vie sans qu'elle ne soit obligée de pénétrer des lieux en se dissimulant dans l'ombre.
Ce n'est qu'une fois arrivée dans la cité, qu'elle commença à voir l'agitation. Chaque habitant vaquait à ses occupation, certains lui jetaient un regard méfiant, d'autres fermaient leurs volets, et certains ne semblaient même pas la voir. Impossible de savoir d'où elle venait exactement, cette créature à l'apparence si humaine qui portait une cuirasse rouge à la ceinture de laquelle pendait une épée et deux dagues. Une guerrière étrangère, c'était la simple chose à laquelle pensait les habitants d'Esgaroth, hormis ses armes et son air déterminé, elle n'avait rien de bien méchant. Sa longue tresse blonde oscillait derrière elle au rythme de ses pas. Cette ville avait une architecture remarquable, mais voir cette eau froide un peut partout sous ses pieds, ne la rassurait pas tellement. Maintenant qu'elle y pensait, il devait bien y avoir un forgeron ou quelque-chose de ce genre dans un tel endroit, et il se trouvait qu'elle avait grand besoin d'une pierre à aiguiser. Tendant l'oreille tout en marchant doucement, elle cherchait le bruit de l'enclume. Quand soudain, quelque-chose, ou plutôt quelqu'un, la heurta de plein fouet. La guerrière écarlate se rattrapa de justesse à un pilotis de bois pour ne pas atterrir dans l'eau. Elle n'écouta même pas les excuses de la demoiselle et lui lança d'un ton glaciale.
« Tu ne peux pas regarder où tu vas ?! Le temps de survie pour le corps humain dans une eau aussi froide que celle-ci n'est vraiment pas élevé. »
Elle avait parlé bien plus sèchement et froidement qu'elle n'aurait due. Après tout on ne l'avait pas habituée à la tendresse. Mais elle se ressaisit, se rappelant qu'elle devait s'intégrer pour ne pas paraître suspecte. Croisant les bras, elle observa la jeune femme et s’aperçut tout juste qu'elle avait un gros ventre. Enceinte ? Elle portait un enfant et n'avait pas peur de tomber dans l'eau ? Un frisson d'effrois parcourut l'échine du lieutenant tandis que quelques villageois alentours se tournèrent vers la scène. Non, elle ne pouvait pas s'en prendre à une femme enceinte, c'était aller au devant de grands ennuis, et puis l'Alfe n'était pas un monstre... du moins pas ici. Elle repris d'un ton plus calme, sans pour autant lui porter secours, il ne fallait pas trop en demander non plus. A noter qu'elle avait un étrange accent, ne maîtrisant pas parfaitement le langage commun, Isil avait presque du mal à bien trouver ses mots.
« Je croyais que les femmes enceintes ne devaient pas faire d'efforts physique ? »
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| Jeu 26 Fév - 17:21 Les doigts fins de la couturière saisirent la dentelle puis un paquet d'herbes séchées ficelé, tout cela à tâtons tandis que son regard s'attardait sur l'étrangère. À l'évocation d'un corps dans l'eau froide, ses yeux pâles retrouvèrent le panier. Inconsciemment, elle se mordit la lèvre inférieure. Oh combien elle savait qu'un humain n'avait que peu de temps pour retrouver la chaleur. Dans ce coin-là, il était aisé d'extirper la personne hors de l'eau à temps, mais plus au large... L'orage ressurgit au creux de son cerveau avant qu'elle ne prenne conscience de l'attention que l'incident avait attiré. Les passants, les commerçants retenaient leur souffle en attendant de voir si la veuve allait éclater en larmes ou de colère, quoiqu'on ne lui connaisse pas cette émotion. Erika ne fit rien de cela. Ses prunelles se vidèrent de toute émotion. Mieux valait s'engourdir.
La jeune femme se redressa lentement en s'assurant qu'elle avait tout ramassé. Une main se retrouva instinctivement sur son ventre arrondi. Elle inspecta plus minutieusement son interlocutrice. Grande, blonde, quelque chose de sévère au fond des yeux. Une guerrière? Cela faisait du sens avec les armes à sa ceinture. Que venait-elle faire à Esgaroth? Une halte? Sans doute rien de plus; il n'y avait pas grand chose d'intéressant pour les chercheurs de trésor et les aventuriers dans ce coin-là. Erika poussa un petit soupir. La dernière question avait été posée il y avait quelques secondes et il fallait maintenant y répondre.
« Il n'y a que la noblesse et la royauté qui puissent permettre à leurs femmes de ne pas faire d'effort pendant la grossesse. Vous devez être de l'un ou l'autre pour croire que le petit peuple peut se permettre d'en faire autant. »
Erika marqua une petite pause. Elle semblait mal à l'aise et se tenait à une distance d'au moins un bras de l'étrangère.
« Vous... euhm... vous n'êtes visiblement pas d'ici. Je suis Erika, couturière du quartier. Peut-être pourrais-je vous guider dans la ville. Plusieurs se perdent dans les dédales de rues, ou plutôt de quais comme vous les percevez sûrement. »
C'était typiquement elle de vouloir se montrer serviable et gentille envers même les gens les plus rustres. Elle était bien connue pour sa générosité qui allait parfois à l'encontre du bon sens. Les personnes aux alentours se remirent à vaquer à leurs occupations pour ceux qui s'étaient arrêtés. Quelques-uns leur jetaient encore des oeillades, mais la tension était beaucoup moins grande maintenant que la stabilité émotionnelle de la veuve était assurée. Un homme passa à leur côté, levant la main pour toucher le bord de son chapeau en guise de salutation ce à quoi la couturière répondit en inclinant légèrement la tête. Reportant aussitôt son attention sur Isil, la jeune femme eût un faible sourire, de ceux qui ont un arrière-goût de mélancolie.
« Qu'est-ce qui vous amène à Esgaroth? » | |
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| Ven 27 Fév - 5:52
Elle la regarda ramasser ses derniers paquets sans bouger d'un pouce. La jeune femme en était presque déçue, cette bonne femme était d'une bonté et d'une douceur incroyable. Même après lui avoir mal parlé, cette demoiselle lui proposait encore son aide. Isil ne put se retenir de lâcher un ricanement. Une noble ? On la prenait pour une noble ? Peut-être devait-elle le prendre pour un compliment, mais elle ne le ferait point, car Isil n'aimait pas la noblesse et toutes ses bonnes manières. Leurs voix pinchardes suppliantes et leur mentalité ne volait pas bien haut en général, mêmes les orcs étaient moins soûlant qu'eux.
« Aha ! Tu te trompe sur ce point, jeune mère ! Je ne suis pas une noble et encore moins une princesse ou que sais-je... S'il existait un mot pour décrire ceux qui se trouvent en dessous du petit peuple, j'y figurerait . Vivre en captivité pendant plus de...»
S'interrompant soudainement, le regard plongé dans le vide, Isil n'avait pas le droit de dire depuis combien de temps elle avait vécu en captivité, si elle voulait se faire passer pour une humaine, mieux valait ne pas parler de dates. Au pire, elle pouvait passer pour une elfe de la Terre du Milieux, mais il y aurait des incohérences si la demoiselle en avait déjà vue auparavant. La guerrière écarlate n'avait pas leur splendeur, ni ne possédait le don de bien parler, elle avait déjà du mal à parler normalement. On pouvait même la qualifier de rustre, et son caractère se rapprochait sans doute plus de la bête que celui de l'être civilisé dont l'esprit est régit par des dogmes. La villageoise se tenait un peut à l'écart d'Isil qui nota combien elle semblait mal à l'aise. Une couturière ? Non, ce n'était pas ce qu'elle cherchait, elle n'avait aucun trou ou couture défaite sur sa cuirasse, mais peut-être qu'elle pourrait la conduire au forgeron. Laissant un temps s'écouler pour mieux trouver ses mots, Isil reprit la parole.
« On m'appelle Maîtresse Isil. Quant à l'endroit d'où je viens, il ne m'est pas autorisé de le révéler. »
Impossible d'en dire plus pour le moment, et puis elle ne voulait pas non plus mentir, détestant voir les autres individus mentir, elle n'allait tout de même pas commencer dès aujourd'hui. Une lueur de mélancolie passa dans son regard, l'Alfe n'aurait sue dire si c'était l'endroit d'où elle venait qui lui manquait ou si c'était l'absence des personnes qu'elle avait l'habitude de côtoyer. Décroisant les bras, elle plongea son regard intense et entreprit de dévisager l'humaine, ignorant les personnes qui retournaient à leurs occupation.
« Et bien... Erika... puisque tu en parle, je suis à la recherche d'un forgeron. Mes lames sont émoussés à force d'utilisation, seul un forgeron pourrait me fournir une pierre à aiguiser histoire de les rafraîchir. »
Ce n'était pas forcément le mot qui correspondait à la description dont elle parlait, mais elle ne pouvait pas faire mieux. Comment traduire plusieurs mots pour n'en faire qu'un seul ? Isil avait vraiment du mal à comprendre les hommes et leur langage. Peut-être qu'Erika réussirait tout de même à la comprendre.
« L'architecture de cette ville est intéressante... »
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| Mer 4 Mar - 4:07 Les yeux pâles de la jeune femme se plissèrent légèrement une fraction de seconde. La suspension de la phrase quant à la captivité l'intriguait, mais Erika était beaucoup trop bien élevée pour se montrer curieuse sur des souvenirs qui risquaient d'être très éprouvants. Elle nota le détail pour elle mais ne releva pas plus qu'elle commenta ce presqu'aveu dont elle avait failli devenir la confidente. La couturière se racla la gorge discrètement dans une tentative de ramener Isil au présent. La guerrière renoua avec la réalité, mais garda la future mère dans le silence le temps de ses réflexions.
Pendant ce temps, Erika détourna son visage vers le bout du quai. Elle se rappelait avoir longuement marché dans ce coin-là autrefois avec Cynwald. Il tenait sa main alors que le couple évoquait des projets futurs. Son époux lui parlait des profits grandissant du quatuor de pêcheurs dont il faisait parti. Il lui promettait une maison plus grande, des meubles neufs, des tissus qu'il ferait venir des quatre coins du monde pour elle. La blonde lui répondait qu'ils rempliraient cette vie-là de plusieurs enfants et qu'un jour, ils mèneraient aussi leurs existences comme ils le souhaiteraient.
La veuve eût un léger soupir en glissant une main sous son ventre comme pour s'aider à le porter. Aucun de ces rêves ne se réaliseraient hormis pour ce bien maigre début; son enfant à naître. C'était l'héritage le plus précieux qu'il avait pu lui laisser, comme une raison de vivre malgré le terrible chagrin de l'avoir perdu. Cinq mois. Cinq mois qu'il était mort. Pourtant ce monde n'avait pas changé et les jours défilaient, indifférents au trépas tragique de ce mari qu'elle aimait encore.
Erika entendit vaguement parler d'un forgeron et elle acquiesça en esquissant un faible sourire. L'artisan semblait près parce qu'on entendait clairement son marteau qui s'abattait sur son travail, mais ce n'était qu'une illusion. Le bruit était porté par l'eau. En vérité, il était plusieurs rues plus loin et, même si cela dérogeait à sa routine, la jeune femme était prête à les franchir puisque l'itinéraire était assez direct. Au commentaire sur l'architecture, la blonde émit un petit rire.
« Cette architecture est plutôt folle je dirais, mais elle coûte peu chère et se répare aisément. »
La veuve fit un pas puis un signe de la tête dans la direction où elle se dirigeait.
« Pour le forgeron, c'est par là. Je suis certaine qu'il aura ce que vous cherchez. Nous sommes peu d'artisans ici. Cela limite les endroits où chercher pour un objet précis. » | |
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| Mer 11 Mar - 10:59
Cette jeune femme était tourmentée et ça se voyait jusque dans les traits de son visage. C'était sans doute compréhensible, à sa manière de tenir son ventre, on aurait dit qu'elle supportait tout le poids du monde. Isil ravala un relent de dégout. Se voyait-elle capable un jour de porter un enfant ? Il s'agissait là d'un subtile mélange entre la peur et le dégout, sentir quelque-chose prendre vie en soie et manquer de mourir pour lui offrir une vie dans ce monde. Non, elle ne voulait pas pondre de petit monstre, et puis à quoi ressemblerait-il ? A quelle espèce appartiendrait-il vraiment si jamais le père était ... Non, interdiction de penser à ça maintenant. Isil resserra distraitement une des sangles de sa cuirasse qui s'était défaite.
Et puis élever un enfant par les temps qui couraient, ce n'était pas forcément la meilleure idée. Elle qui venait tout juste de partir sur les routes. Elle devait retrouver quelqu'un et c'était tout. Pour qu'il y ait enfant il fallait qu'il y ait histoire d'amour, et ce n'était pour le moment pas envisageable. La question qu'elle vint subitement à se poser, était la suivante... serais-ce réellement envisageable un jour ? Avoir une liaison aussi approfondie n’était-il pas dangereux ? D’autant plus qu’elle devait respecter certains dogmes, certaines conditions liées à sa race.
Si seulement elle eût été humaine, ça aurait sans doute était plus simple. Etait-elle capable de respecter ces principes inscrits dans ses gênes ? Après tout, elle n’avait pas été élevée par ceux de son espèce. Revenant à la réalité, l’Alfe regarda dans la direction indiquée par l’humaine et commença à la suivre. Certes cette architecture était simple à réparer, mais elle ne se sentait pas plus à l’aise pour autant. Isil aimait l’eau principalement pour y faire sa longue toilette ou s’y baigner après une longue journée de marche. Ici, l’eau était noir et froide, n’inspirant en rien la guerrière écarlate qui de sa voix froide changea de sujet.
« Où est celui qui t’a fait ça ? Les jeunes demoiselles ne rêvent pas de partir à l’aventure, de nos jours ? Plutôt que de devoir élever un enfant … J’ai du mal à me mettre à ta place, je ne comprends pas trop comment vous fonctionnez là-dedans...»
Lâcha-t-elle en se tapotant l’index sur le crâne, désignant par là même, son cerveau dont le nom lui échappait. Ne cachant pas son dégoût, elle ne comprenait en rien les humains. Mais pourquoi cherchait-elle ainsi à avoir des réponses ? Sans doute par pur curiosité.
« Tu es jeune, tu sais faire des choses de tes mains, tu pourrais avoir tout le temps du monde devant toi, tu n’a pas de chef pour t’ordonner, ni de quête à accomplir. Alors pourquoi arrêter maintenant ? »
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| Jeu 19 Mar - 3:09 Le silence planait entre les deux femmes, bercé par les bruits de la vie quotidienne autour qui était somme toute assez cacophonique par moment. Erika n'osait pas se laisser absorber par ses propres pensées. Il lui fallait quelque chose pour fixer son attention où elle risquerait à nouveau de glisser dans cette mélancolie qui lui faisait trop souvent comme une deuxième peau. Ses grands yeux gris-vert observèrent de biais la guerrière blonde. À voir comment elle jetait des oeillades à l'eau, la couturière se demanda ce qu'elle pouvait déchiffrer. Les eaux obscures et mystérieuses qui couraient entrent les quais et s'étendaient presque à perte de vue n'avaient rien d'inspirantes et pourtant, elles semblaient posséder un pouvoir d'hypnotisme presque mystique. Se mirer dans la surface inquiète du lac donnait l'impression de jeter un regard vers l'inconnu. Nul ne pouvait dire ce qui se cachait tout au fond des flots. Mille trésors y étaient peut-être perdus à l'insu de tous... Il y avait Cynwald aussi. Erika chercha rapidement du regard autre chose pour se distraire. Imaginer les traits de son défunt mari bleuis par le froid, sa peau devenue blanche, c'était trop difficile, trop déchirant. Pour ne rien aider, la conversation repris comme un poignard qui se plongeait dans son coeur.
« Mon mari est mort. Son bateau s'est brisé lors d'une tempête et il n'y a eu aucun survivant. »
Le ton était involontairement froid et sec, comme si la veuve était ailleurs et n'avait plus cure de laisser voir au monde la colère que provoquait sa souffrance. Elle se ressaisit rapidement en inspirant profondément et esquissa un faible sourire pour seule excuse avant de baisser les yeux.
« Tout le monde n'est pas fait pour l'aventure. Je pratique le métier de mes parents et c'est une vie qui me convient. Je n'ai que peu d'inquiétudes ainsi. »
C'était partiellement un mensonge, mais il fallait admettre que la vie sédentaire était tout de même moins exigeante que celle d'aventurier ou de nomade. Elle savait où elle dormirait tous les soirs et il y avait des visages connus autour d'elle tous les jours. C'était un confort dont elle avait besoin surtout dans son état.
« Je rêvais bien sûr de longs périples lorsque j'étais enfant. J'étais fascinée par les récits des voyageurs qui passaient par la citée où j'ai grandi, mais la vie d'adulte ne ressemble pas tellement à ce que l'on imagine à cet âge. Les enfants ont souvent plus de courage aussi; ils ne connaissent pas la peur et ne comprennent pas ce que c'est que de prendre soin de soi-même. J'admire beaucoup ceux qui parviennent à vivre une telle existence, mais en ce qui me concerne, je sais que je ferais une piètre aventurière. Je manie l'aiguille, pas l'épée. » | |
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