Liriel ♠ Princesse d'Angmar

Les elfes originels… Tout le monde en a entendu parler. Tout le monde sait ce qu’ils ont donné. Nombre d’entre eux sont partis, ils ont quitté les terres de leur naissance pour se rendre en Valinor, et là-bas ils ont créé leur propre race. Mais, certains ne sont jamais partis. Certains sont restés dans les Terres du Milieu. Ceux de ma race. Mes parents, et leurs frères et sœurs à la peau noire. Ils se sont installés, entre eux, ignorant le reste du monde, ignorant les guerres des hommes, et tout le reste, toutes ces choses qui ont détruit le monde elfique et créé des cicatrices dans leurs cœurs, ces cicatrices totalement indélébiles qu’aucun temps ne pourra effacer. Les miens ont bourlingué dans les Terres du Milieu, les miens ont tourné en rond, ils ont visité ce monde. Quelques-uns se sont rendus en Valinor. La plupart ont fini par s’installer en Hildorien, loin à l’Est, de l’autre côté du Rhun et du Mordor. Là, durant de nombreux siècles, ils ont vécu dans les plaines, jusqu’à ce que l’ombre se lève. Et, lorsque l’ombre les as appelés, ils sont tous partis pour l’Angmar, loin au Nord, où ils ont obéi à leur seigneur. Secrets, hostiles aux autres et fiers de la teinte noire de notre peuple, nous avons créé pour Lui, pour le Seigneur Noir des orcs puissants, prêts à le seconder dans sa tâche. C’est à cette période que je suis née, au début du troisième âge, fille unique de nos chefs, fille unique de ceux qui ont su nous guider depuis le jour où les berges du la Cuiviénen les as vu naitre.

Notre race ne s’est jamais révélée au monde, et vous autres, vous pensez qu’il n’existe que quelques elfes noirs, dont la généalogie vous est inconnue. Un seul des nôtres est parti avec ses confrères à la peau pâle. Un seul des nôtres, alors que tous les autres ont été oubliés. Nous, nous étions cachés. Nous avons fait en sorte de rester cachés, car c’était important. Important pour le plan de notre maitre, Morgoth. Mon peuple a fêté ma naissance, mon peuple a été heureux de voir l’enfant de ses cheffes. Et, c’est en princesse que j’ai grandi, que j’ai vécu dans les rues sombres de la cité sous la terre qui nous abrite depuis tant de temps. Mon cœur appartient à Sauron. Mon cœur et mon âme appartiennent à Sauron, car il a repris les desseins noirs de notre maitre. Nous avons prié. Nous avons prié pour son retour, et aujourd’hui, nous sommes récompensés. Mais, je m’avance un peu. Reprenons.

Ma vie a été calme. J’ai appris les arts qu’on apprend à toute princesse : la danse, le chant, mais aussi le combat, et la magie. La magie noire est magnifique. Elle est puissante, elle grimpe en moi alors que je l’appelle et chaque jour, j’ai fait des progrès dans cet art sombre. Chaque jour j’ai appris un peu plus de choses, jusqu’à ce que mon premier maitre avoue qu’il a appris à la petite étudiante tout ce qu’il pouvait apprendre. Alors, je suis passée à un nouveau maitre. Un nouveau maitre de magie, un nouveau professeur de danse, et un nouveau mentor dans les armes. Certes, je ne suis pas réellement celle qui apprécie se battre à l’épée, mais je me dois d’apprendre. Apprendre pour passer à la prochaine étape. Apprendre pour découvrir un nouveau palier.

Ma vie était ainsi faite. Ma vie était faite de paliers, les uns après les autres, paliers que j’atteignais, paliers que je découvrais, avec l’avidité de connaissances que j’avais. Chaque jour, chaque décennie apportait de nouvelles choses. J’avais huit cent ans la première fois que j’ai été mise devant mon maitre de torture. Avec lui, j’ai découvert petit à petit tous les délices des cris de ceux et celles qui tombaient sur notre ville, sur les nôtres. Car, ce monde était le mien. Le temps a passé, de nouveaux paliers ont été passés, jusqu’au jour où mes parents m’ont présenté mon fiancé, un des nôtres, qui vivait toujours en Hildorien, avec le reste de notre peuple. Mille sept cent ans, fiancée, et princesse d’un endroit sombre. Ma vie était celle que j’ai toujours rêvée. J’avais tout ce dont j’avais toujours rêvé, mais je n’étais pas pressée de me marier. Alors, je lui ai demandé de me faire la cours, de me faire tomber amoureuse de lui. L’un avec l’autre, nous nous sommes tournés autour, laissant de côté la politique pour construire quelque chose, jusqu’à ce qu’il me vole mon cœur. Mais, les choses n’ont pas été bousculées non plus. Les choses ont continué à se faire, petit à petit. Car, dans cette immortalité que je possède, j’aime prendre mon temps. J’aime prendre mon temps pour apprendre les choses, pour voir les liens se tisser, et pour être certaine de ne pas me tromper, pour être certaine que les choses soient faites convenablement.

Mais, les temps changent, et les choses se précipitent. Les jours présents voient l’Ombre revenir. Les jours présents voient notre maitre sortir de l’ombre. Et, le temps est venu de nous montrer. Le temps est venu de prendre la direction des armées de mon peuple pour me rendre à Dol Guldur, là où l’ombre de notre maitre se trouve en train de reprendre ses forces. Les fidèles de mon maitre m’ont envoyé un corbeau pour me prévenir. Dol Guldur, nous voilà…

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