Même moi j’avais arrêté de gouter à ma propre cuisine, préférant celle des humains dans les tavernes que je croisais, ou bien les Lembas. Et pourtant, voyager uniquement avec des lembas, c’était une horreur absolue, parole d’elfe multi-millénaire. Enfin, parfois je n’avais pas le choix, et j’en finissais encore et toujours malade. Alors, je n’allais certainement pas l’imposer à Valaina.
- Mais, c’est bien ça le pire : je goute mes préparations au fur et à mesure ! C’est bon, c’est bon, et puis un lutin maléfique arrive et transforme mon plat en… autre chose. De totalement immangeable. J’ai soupçonné Elladan pendant des années, jusqu’à ce que je parte seul et que je me rende compte que même lorsqu’il n’est pas dans les parages, je me retrouve avec le même type de plat dégoutant.
Allons, Val’, ne pourrais-tu pas accepter que je suis un cas désespéré ?
Cette pensée m’a traversé l’esprit, je devais l’avouer, car j’avais presque l’impression qu’elle allait rappliquer pour me donner des cours par la suite. Des cours de cuisine… Je ne tenais pas à l’empoisonner, pas question ! Mais, en fait, le sujet suivant ne m’étais pas plus agréable : les femmes. Oh, j’avais apprécié la compagnie de quelques femmes, mais jamais plus. Toutes, qu’elles soient elfes ou humaines, elles voulaient se marier, avoir des enfants et… Elle n’est pas née celle qui me mettre la bride au cou !
- Je sais pas… J’arrive pas à imaginer une femme accepter de m’attendre à la maison alors que je pars tuer des orcs de par le monde. Je n’ai jamais rencontré personne qui me donne envie de me poser et puis… j’ai juré que je rendrais ces terres plus sûres. J’en mourrais certainement, parce qu’il arrive plus d’orcs que je ne peux en tuer, mais, ma femme, c’est mon épée.
C’est sur ces notes que je dévalisais le garde-manger de mon père avant d’entrainer Valaina dans la bibliothèque, avec un soupçon de nostalgie. Combien de temps avions nous passé sans nous retrouver ici, en simples amis, un sourire sur le visage, à discuter de tout et de rien ? Bien trop, si vous voulez mon avis.
- Elladan et moi avions un journal de toutes nos bêtises. On en avait huit volumes quand Lindir est tombé dessus et qu’il a décidé de nous punir pour toutes celles qu’il n’avait pas vues avant… Depuis, on ne les note plus. Ça reste de bons souvernirs.
J’avais vu sur le visage de Valaina que revenir ici lui était quelque peu douloureux. Elle avait été aussi proche de mère qu’Elladan et moi, et Celebrian devait lui manquer autant qu’à nous. Même si Père n’avais jamais réellement dit à haute voix ce qu’il pensait d’elle, je savais lire sur son visage quand nous discutions de Valaina et de ses voyages qu’il s’inquiétait pour elle comme si elle était son quatrième enfant, car il l’avait tout de même élevée, autant que notre mère. Valaina était ma sœur, quoi que puisse en dire le reste de l’univers. Nous n’avions pas ce lien de sang qui nous unit l’un à l’autre, mais nous avons partagé tout ce qu’un frère peut partager avec sa petite sœur : des blagues, des confidences, des sourires complices, des rires, des bêtises, des courses poursuites dans Imladris, des ballades… Nous avions grandis en pouvant compter l’un sur l’autre, en réclamant à la même mère aimante des histoires avant de nous coucher le soir, nous avions appris la vie ensemble. Tout autant qu’Arwen, elle faisait partie de ma famille. Peut-être même plus, puisqu’Arwen avait été envoyée auprès de Galadriel après le départ de mère, quand Valaina était restée, tel un pilier et une ancre dans ma vie. J’avais besoin d’elle pour la stabilité qu’elle m’apportait, parce qu’elle était toujours là, qu’elle ne changeait pas. Elle continuerait de me taquiner jusqu’à la fin des temps.
- Je sais… J’évite d’y venir, la plupart du temps, parce que… Tout ce passé que nous avons ici m’est renvoyé en pleine figure, et je ne sais si c’est une bonne ou une mauvaise chose, que de se rappeler les jours heureux, pour mieux retourner dans la tristesse d’un monde sans elle.
Valaina secoua la tête ... Elrohir était un cas désespéré et elle ne pourrait pas le récupérer. Lui apprendre la cuisine ? Et puis quoi encore. Elle n'avait pas le temps ! Elle était bien trop souvent sur la route pour prendre en main l'avenir culinaire d'Elrohir. Pour sûr. Le pire, dans tout ça, c'était qu'il accusait son frère d'avoir trafiqué sa nourriture. Elle eut un sourire et secoua la tête à nouveau. "T'as pas honte ?" Elle continuait de secouer la tête, ses mains au niveau de ses hanches. "Accuser ton propre frère d'avoir joué avec tes préparations." Elle fit un drôle de bruit avec sa bouche. Elle désapprouvait. Totalement. Mais c'était amusant d'entendre qu'il mettait tout ça sur le dos de son frangin. "Le seul responsable, c'est toi. Mais va falloir que tu fasses quelque chose. Parce que si tu te retrouves à cours de Lembas ou que y'a pas de ville proche, tu finiras par mourir de faim." Elle le taquinait un peu. "M'enfin, avant que t'en arrives là ... J'crois qu'il te faudra un bon moment." dit-elle en le pinçant. "C'est pas comme si t'avais la peau sur les os." ajouta-t-elle dans un sourire. "M'enfin, hein, tu fais bien ce que tu veux. Mais moi, je serais toi, j'passerais un peu de temps avec quelqu'un qui s'y connaît en cuisine. Parce que tu sais, hein, ça peut toujours servir." M'enfin, elle disait ça, elle disait rien. Il était libre de son propre destin, de ses propres actions. S'il voulait garder ses compétences culinaires ainsi, libre à lui de le faire. Elle n'approuvait pas trop parce qu'elle pensait qu'il était toujours bon d'essayer de s'améliorer. Après tout, il n'y a pas d'âge pour apprendre. Mais comme dit, c'était à lui de décider. Et pas à elle.
Le sujet de discussion suivant n'était pas des meilleurs pour Elrohir. Il n'avait pas envie de se caser. De se trouver une épouse. De fonder une famille. C'était un aventurier, si on pouvait dire cela ainsi. Il passait le plus clair de son temps sur la route, et ça lui plaisait. A cela, ils se ressemblaient. Parce qu'elle ne se voyait pas poser ses bagages. Peut-être qu'un jour elle le ferait, elle n'en savait rien. Mais elle n'avait pas encore trouvé l'homme qui lui ferait poser un pied à terre, si on peut dire ça ainsi. Ou elle l'avait trouvé mais elle était trop ... comment dire ... Elle l'avait sous les yeux, pas en cet instant même, mais elle ne le savait pas. "Ah ! Pauvre de toi ! Tu me sembles irrécupérable." dit-elle dans un sourire. Oui, ça la faisait sourire. Parce que quand elle avait cette discussion avec Elladan, lui même disait à peu près les mêmes choses. Elle lui ébourriffa les cheveux, les mettant, ainsi, sans dessus dessous. "Honnêtement, ne change jamais." Parce qu'elle l'aimait comme il était. Et elle n'avait pas envie qu'il change, du tout. "Sauf peut-être pour le côté téméraire. Être un peu plus sage ne pourra pas te faire de mal." Du tout même.
Ni une, ni deux, garde manger dévalisé, les voilà se retrouvant dans la bibliothèque, au coin du feu. Qu'ils étaient bien, là, tous les deux. Une pointe de nostalgie, néanmoins, s'était emparée de la belle brune. Qu'il était loin le temps de l'insouciance. Elrohir en vint à lui confier qu'avec son double, ils avaient écrit des bouquins ... relatant les bêtises qu'ils avaient pu faire. "Pourquoi cela ne m'étonne-t-il pas ?" Le fait qu'ils aient écrit les livres. Mais aussi par le fait qu'ils s'étaient faits punir. "Fallait trouver une planque meilleure." dit-elle en hochant de la tête. "Il est vrai que si vous aviez caché tout cela parmi les autres livres, au bout d'un moment, oui, ça aurait fini par être remarqué." Après tout, la bibliothèque du Seigneur Elrond était célèbre. Et nombre d'érudits passaient dans les parages pour en apprendre un peu plus. Etre là la rendait toute chose. Quoi qu'elle en dise, Imladris serait toujours sa maison. Et ça resterait sa maison. Elle avait beau se considérer comme une sans patrie du fait que ses parents étaient morts, son coeur appartenait à la belle cité. Et il appartiendrait toujours à la cité. Pour Elrohir, c'était pareil. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils étaient deux âmes déchirées. Mais il était vrai qu'ils y avaient de nombreux souvenirs. Des bons. Comme des mauvais. Des histoires. Des blagues. Des rires. Des sourires. Des pleurs. Des cris. Des larmes. Tout cela dans un tel endroit, c'était difficile d'y remettre les pieds sans être submergés par tout un tas de sentiments. C'était peut-être pour cela qu'elle restait loin d'Imladris. Parce que ça la rendait vulnérable quand elle y pensait. Parce qu'elle avait comme un pincement au coeur. Si elle était là aujourd'hui, c'était bien grâce à la bienveillance des Elfes d'Imladris. Et plus particulièrement celle du Seigneur Elrond et de son épouse. Fort malheureusement, elle avait perdu l'un d'entre eux. Tout comme Elrohir. Et Elladan. "Aller de l'avant. Même si c'est difficile. C'est ce qu'elle voudrait. Pour toi. Pour ton frère. Pour ta soeur. Pour tous ceux qu'elle a pu chérir." Valaina ne s'incluait pas volontairement dans l'équation. Elle préférait se mettre sous la casquette des "autres", pour ainsi dire. "Je suis peut-être une personne horrible ... Parce que quand je suis loin d'ici, je n'y pense pas ... forcément." Elle vivait sa vie. Tout simplement. Et quand elle était là, tout lui revenait en pleine face. Et c'était dur, oui.
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Ven 2 Mai - 15:23
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Valaina & Elrohir
Je préférais laisser courir le sujet de la cuisine, et je fis un grand sourire à Valaina. Ouais, bien sûr que j’allais finir par m’empoisonner, mais… C’était pas grave. Enfin, pas trop… Dans le pire des cas, je me contenterai de ne rien manger ou de juste me contenter de baies. Je savais parfaitement les reconnaitre, depuis le temps que je voyageais, et sinon et bien : je sautais un repas ou deux.
- Irrécupérable, oui. Mais, sage, ça jamais… C’est pas maintenant que je vais changer : trois mille ans à enchaîner les épreuves de téméritude, et jamais je n’ai pris le temps de penser avant. Alors, pourquoi commencer maintenant, hein ? Ce serait idiot.
Mais, il était temps de passer à autre chose, de se blottir dans un coin devant la cheminée qui craquait lorsque les buches prenaient feu et dans le silence de la pièce. L’heure était pour moi aux confidences avec ma meilleure amie, et un sourire sur les lèvres, j’évoquais les souvenirs de notre enfance commune.
- Oh, on a surtout arrêté d’écrire tout ça, ça nous prenait plus de temps que de préparer les dites bêtises.
Mais, Valaina n’avait pas tort. On aurait dû caser tout ça dans la bibliothèque et non dans les coffres dans notre chambre. D’un autre coté… On s’était vraiment bien amusés, et on continuait encore et toujours. La vie n’était en réalité qu’une succession de bons et de mauvais moments. Les mauvais restant pourtant plus longtemps que les bons gravés dans l’esprit des gens… dans le mien. Imladris a été le théâtre de tellement de farces que, même si cet endroit me rappelle ma mère, j’aime tout de même à y venir.
- Ouais, c’est dur.
Dur d’avancer sans penser à ma mère. Sans revoir son visage aimant et souriant. Puis ses traits tuméfiés. Non. Je ne devais pas penser à ça. C’était une image que je devais absolument oublier et effacer si je voulais réussir à tenir plus de deux jours en Imladris.
- Non, tu n’es pas une personne horrible. Lorsque je ne suis ni ici, ni en face d’orcs, alors ça va… J’arrive à être simplement moi sans pourtant penser à mal, sans pourtant penser à ce qu’il s’est passé. Sans pourtant réaliser qu’elle n’est plus là.
Mon regard s’assombrit et je croquais dans un fruit, essayant de rester à peu près sérieux tout en mâchant, avant d’avaler avec quelques difficultés et de me tourner vers Valaina et d’essayer de me donner une contenance. Je ne voulais plus parler de moi et de ces choses qui emplissaient mon cœur torturé.
- Et si on arrêtait de parler de moi ? Tu ne m’as pas raconté tes derniers voyages. As-tu enfin trouvé un elfe qui fasse battre ton cœur ? Tu as croisé Eluna ces derniers temps ? Raconte-moi tout !
[HJ : désolée, c'est court, j'suis en pleines révisions ^^ Je me rattrape au prochain post ^^ ]
Valaina adorait Fondcombe. Pourtant, quand elle était là, elle avait envie d'être ailleurs. Sur la route. A aider des gens. A soigner des gens. Non pas qu'elle ne se sentait pas bien là où elle était. Mais elle avait des difficultés. Fondcombe, c'était ... sa ville natale. Là où elle avait le plus de souvenirs. Là où elle avait passé beaucoup de temps. Et quand elle était là, elle était toute chose. D'où le fait qu'elle se sentait un peu bizarre à dire vrai. Non, elle n'avait pas peur de se faire submerger par tous ses sentiments. Mais c'était dur. L'elfe brune en vint à baisser la tête. Pourquoi se sentait-elle aussi mal ? Elle n'en savait trop rien. Elle devait chasser toutes ces mauvaises idées, ces mauvaises pensées loin de sa tête. Elle devait se concentrer sur l'instant présent. Le fait qu'elle était ravie d'être là, avec Elrohir. Ravie de passer un peu de temps avec celui qu'elle pouvait appeler frère. Ravie d'être là, tout simplement. Elle devait se contenter de ce qu'elle avait sous les yeux. Et occulter toutes les mauvaises choses.
A sa manière, Elrohir tentait de lui remonter le moral. De lui dire que non, elle n'était pas une mauvaise personne de penser cela. Car lui aussi préférait être loin d'ici, à dire vrai. Il aimait bien être sur la route. A tuer des Orcs. Et ça ui permettait de penser, également, à autre chose. D'être là. Sans être là. Elle eut un léger sourire face aux propos qu'il venait de lui dire. Ca ne lui permettait pas retrouver totalement son sourire, pour sûre. Mais au moins, elle savait qu'elle n'était pas la seule à penser ainsi. Et qu'elle n'était pas seule dans cette situation. "Ce n'est pas tant de me retrouver ici qui me dérange. C'est juste que ..." Elle secoua la tête. Elle ne savait pas trop à dire vrai. C'était bizarre. "Quand bien même je suis ravie d'être là, ça me fait bizarre." Et elle se disait qu'elle serait peut-être mieux dehors, à vivre sa vie comme elle le faisait toujours. Mais dans ces cas là, il faudrait qu'elle raye définitivement Fondcombe de ses voyages. Et elle ne pourrait jamais le faire. Et elle ne le ferait pas d'ailleurs.
Valaina ne mangeait pas beaucoup. Peut-être parce qu'elle n'avait pas vraiment fin. Ou c'était parce que cette conversation la pesait plus qu'elle n'aurait aimé le dire. Ils changèrent de sujet. Du moins, Elrohir voulait parler d'autre chose. De ce qu'elle avait pu faire ces dernières années. Des gens qu'elle avait pu rencontrer. "Voyons Elrohir. Tu sais bien que je suis une éternelle célibataire moi-aussi." Le coeur des Elfes n'était pas comme le coeur des hommes ou bien des autres. Ils ne tombaient pas amoureux de différentes personnes. S'ils finissaient par avoir des sentiments, c'était pour se mettre avec une seule. Et unique personne. Un véritable amour, en quelque sorte, que seule la mort pouvait briser. Oui, c'était leur vision à eux du romantisme, si on peut dire ça ainsi. Fidèles. Jusqu'à la mort. "Mais il y a peut-être effectivement quelqu'un." dit-elle dans un certain sourire. Ca faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas vus tous les deux. Elrohir n'était pas au courant qu'elle avait un petit -gros- faible pour cet Elfe pirate qui vivait un peu en dehors de la communauté et qui ne faisait rien comme personne. Nolas était un Elfe des plus atypiques. Pas comme les autres. Et c'était peut-être ça qui l'attirait chez lui. Le fait qu'il faisait ce qu'il voulait, quand il voulait. Et qu'il ne rendait de compte à personne. "Il a un regard qui ... J'en sais trop rien. Mais il m'intrigue." La première fois qu'elle avait posé les yeux sur lui ? Elle s'en souvenait comme si c'était la veille. C'était là aussi leur première dispute. "Le gros problème, c'est qu'il m’insupporte. Il est horrible. Malpoli. Il a des manières assez spéciales. Il grogne. Il est bizarre." Valaina secoua la tête. De la manière dont elle venait de le dépeindre, c'était bizarre qu'elle soit attachée à lui. Et pourtant, c'était le cas. "A chaque fois que je le vois, j'ai envie de lui sauter à la gorge et de le secouer comme un prunier. Et je sais pas pourquoi." Mais il faisait battre son coeur. A chaque fois qu'elle le voyait, elle était comme une fillette. Oui, elle était très étrange en sa compagnie.
Pas de sushi ♥
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Sam 10 Mai - 2:58
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Valaina & Elrohir
Imladris était un endroit magnifique, et j’adorais me balader dans ses rues lumineuses, j’adorais discuter avec mes semblables en ces lieux qui étaient, il faut l’avouer, uniques. Néanmoins, je ne savais pas pourquoi, à chaque fois que je me trouvais là, je n’arrivais plus à m’y sentir bien. J’avais besoin de repartir, alors qu’à chaque instant que je passais hors de ces lieux qui m’avaient vu grandir, la nostalgie me gagnait. J’avais besoin d’être proche de mon père, j’aimais être dans cette bibliothèque où Valaina et moi avions atterrit, mais je ne pouvais empêcher mon cœur de se serrer à l’idée des souvenirs heureux que j’avais d’Imladris, des souvenirs qui étaient désormais entachés du sang de ma mère, et de cette expression à jamais gravée dans ma mémoire. Ici, je ne pouvais fermer les yeux sans revoir son visage tuméfié, et la peur dans son regard qui avait toujours été bienveillant à mon égard. Pour qu’une mère en arrive à laisser paraitre son mal être le plus profond devant ses enfants… Non, je ne voulais réellement pas savoir ce qu’il s’était passé dans cette cave où Elladan et moi avions sauvé Mère de justesse.
Alors, oui, j’avouais sans honte à Valaina que je partageais son sentiment de n’être réellement chez moi que sur les routes, à explorer le monde de part en part sans jamais m’en lasser. Et, si je pouvais faire en sorte de tuer quelques orcs et autres créatures crées par les forces maléfiques qui rôdaient dans les terres du milieu, alors je n’hésiterai pas à le faire, pas une seule seconde. Parce que je ne voulais pas que d’autres familles soient brisées par ce mal. J’avais ce sentiment étrange de vouloir protéger le monde entier, de vouloir que chaque race qui vivait en ces lieux soit soumise à une paix durable et à un monde débarrassé de toutes les choses maléfiques qui rôdait. Utopique que je suis, n’est-ce pas ? Un homme seul ne pourrait jamais faire ce genre de choses. Un elfe seul non plus. Deux elfes comme Elladan et moi encore moins, peut-être, au vu de notre propension à attirer les malheurs et les bêtises.
Et puis, de toute façon, temps était venu pour Valaina d’arrêter de me questionner sur mes amours et mes talents de cuisine. J’avais envie de rattraper le temps perdu, moi aussi, en lui posant des questions sur sa propre vie, sur ce qu’elle vivait lorsqu’elle était loin de moi, sur les dangereuses routes infinies qui dessinaient le chemin entre les villes et les contrées des Terres du Milieu.
- Oh, arrête un peu. Une aussi jolie elfe que toi ? Éternelle célibataire ? Je n’y crois pas une seule seconde. Il doit bien y avoir quelqu’un qui fasse battre ton cœur, petite sœur ! Ne me dis pas que tu ne parcours les routes que pour soigner les gens. Je suis persuadé qu’il y a une raison qui te tiens aussi longtemps éloignée d’Imladris !
Je savais bien que nous autres n’étions pas aussi frivoles que les hommes, pas aussi capables d’aimer et de changer de partenaires qu’ils le faisaient, partageant de nombreuses couches parfois, se remettant de la mort de leurs partenaires et en trouvaient un nouveau. Nous autres étions plus… Comment dire ? Purs ? Notre amour était sincère et réciproque, où il n’était pas. Nous ne pouvions remplacer la mort d’un être aimé. Je le voyais chaque fois que je croisais le regard de Père, à cette nostalgie qui émergeait de lui, à cette sensation étrange qui me donnait l’impression qu’il ne serait plus jamais le même homme. Je me rappelais d’un père souriant, la tête plongée dans un parchemin, alors qu’Elladan et moi nous amusions dans la bibliothèque, nous prenant pour de grands guerriers. Mais, nous ne l’étions pas, à l’époque, nous n’étions que des enfants incapables de réellement comprendre le monde qui nous entourait. Ce sourire, je ne le reverrais jamais plus.
- Haaa ! J’en étais sûr ! Raconte-moi tout !
Ilùvatar que je me donnais l’impression d’être soudainement l’une de ces commères que je croisais lors de mes voyages, une de ces femmes qui voulait tout savoir, qui souhaitaient être au courant du dernier des potins, mais pour le coup, les potins m’intéressaient réellement. Valaina avait la même place qu’Arwen dans mon cœur, et je m’intéressais à ce qui lui arrivait. Alors, si je devais jouer les vieilles commères, ainsi-soit-il.
- Le regard, très bien…
Je me relevais pour attraper un parchemin sur la table à coté de nous, et une plume. Puis, je me laissais à nouveau tomber à coté de Valaina, faisant mine de mettre d’invisibles lunettes sur mes yeux pour prendre des notes. Bon, cette fois c’était sûr, Valaina allait me frapper avec le gigot.
- Une agressivité marqué à chaque fois que tu le croise, je vois… Lui trouver tous les défauts du monde… Avoir envie de le secouer, parfait… Attends, il grogne ? Comme un animal ? Val’, t’es sûre que c’est pas un orc ?
Ou alors, elle allait prendre cet énorme couteau pour me trancher la gorge. J’avais toujours pensé mourir au cours d’un combat épique. Mais, pour le coup, le combat épique serait une bagarre d’enfants dans une bibliothèque.
- J’ai une mauvaise nouvelle, mitraë nésa, t’es totalement accroc. Et, je ne connais qu’un seul moyen de te libérer de ce lourd poids : lui en parler. Si ça se trouve, il ressent la même chose pour toi ? Mais, tu ne le sauras qu’en t’ouvrant à lui, malgré ces différences qui semblent vous opposer.
Elle était mignonne comme tout avec son petit air mi pensif, mi boudeur, alors qu’elle me racontait ses déboires amoureux. Un sentiment protecteur m’envahissait quand elle s’ouvrait à moi de cette manière.
- Et, s’il te fait du mal, viens voir ton cher Elrohir. Je lui casserai la figure pour toi. C’est ce que font les frères, non ? Enfin… Chez les humains, mais pour le coup, j’vais accepter mon coté humain pour une fois, et me comporter en imbécile revanchard.
Et oui, célibataire elle était. Arriverait-elle un jour à se caser ? Oh, sans doute. Mais disons que la belle Elfe n'était pas spécialement pressée. Pourquoi ? Quand bien même elle était fortement intéressée par Nolas, elle n'était pas sûre qu'entre eux, ça collerait. Certes, il faisait battre son coeur telle une adolescente à chaque fois qu'elle le voyait. Elle avait l'impression de voir un autre monde, si on peut dire ça ainsi. Elle était comme transportée. C'était comme magique. Mais arriveraient-ils à se supporter à longueur de journée ? Sans avoir envie de s'étrangler mutuellement ? Et bien, elle ne savait pas trop. Il était souvent sur la route. Elle aussi. Ils ne se verraient peut-être pas autant que cela. Difficile de dire. En tout cas, Elrohir se moquait un peu d'elle. Enfin, c'était pas une vraie moquerie. Du moins, il cherchait à lui tirer les vers du nez. Pour lui, si elle était souvent dehors, sur la route, c'était parce qu'il y avait quelqu'un qui fassait battre son coeur. Et le nier serait stupide. "En quoi est-ce aussi étonnant ? Tu es bien célibataire toi aussi." lui dit-elle en lui tirant la langue. Mais il était vrai que son coeur était pris. Il était vrai qu'elle avait des papillons dans le ventre à chaque fois qu'elle le voyait, qu'elle était avec lui. Mais il l'embêtait à chaque fois. Ils se disputaient de temps à autre. Souvent. Qui aime bien châtie bien, n'est-il pas ?
Elrohir semblait intéressé. Plus. Il voulait en savoir plus. Il voulait savoir tout ce qui se passait dans la vie de sa jeune soeur de coeur. "Oh, tout ? Je ne sais pas si je te raconterais tout." Il fallait bien qu'elle garde une part de mystère, non ? Ainsi donc, la voilà parlant de cet être qui faisait battre son coeur. Et Elrohir en profitait, encore, pour faire le pitre. Ne pouvait-il donc pas être sérieux pendant cinq minutes ? Lui aussi elle aurait pu le secouer comme un prunier quand il était comme ça. Elle lui jeta un regard noir. C'était sérieux. Pour une fois qu'elle parlait d'un truc sérieux avec lui et fallait qu'il fasse l'imbécile. Ca se paierait. Pour sûr. "Non, je lui trouve pas tous les défauts du monde. C'est qu'il est comme ça. Il est horrible !" Et c'est ce qui devait la faire craquer d'ailleurs. "Je suis sûre que si tu le rencontrais, tu penserais la même chose." Ou pas. Si ça se trouvait, c'est serait un super pote. Ils s'entendraient peut-être bien tous les deux. Diable ! Et s'ils se liguaient tous les deux contre elles ? Pour lui en faire voir de toutes les couleurs ? Valaina ne préférait même pas y penser à dire vrai. Parce que c'était bien du genre à Elrohir de se liguer contre elle. Après tout, il avait bien formenté de nombreuses farces contre elle avec l'aide de son frère. Alors, pourquoi pas un autre ? "Oui il grogne. Dans le sens où il est tout le temps en train de râler !" Le comble. Parce que la demoiselle faisait exactement la même chose. Elle aussi elle râlait assez souvent. Surtout en la présence de Nolas. "Et crois-moi. Je l'aurais remarqué si c'était un Orc. C'est d'ailleurs à cause des Orcs qu'on s'est rencontrés. Ou grâce à eux. Je ne saurais dire." Est-ce qu'elle devait remercier les cieux de les avoir réunis lors de batailles ? Valaina n'aurait su dire. Mais il était vrai que sans cela, ils ne se seraient jamais rencontrés.
Avec un air bien de chez lui, Elrohir lui expliquait, finalement, qu'elle s'était attachée à lui. Qu'elle était accroc. Et pour avoir l'esprit libéré, elle devait discuter de tout cela avec le principal intéressé. "Lui mettre la main dessus n'est pas une chose aisée. Il est souvent sur la route. Tout comme moi." Bien trop souvent à dire vrai. La prochaine fois qu'ils allaient se rencontrer ? Elle n'aurait su le dire. Le hasard ferait qu'ils se rencontreraient ici ou là. Dans quelques jours. Quelques semaines. Quelques mois. Quelques années. Elle comptait les jours depuis leur dernière rencontre. Et oui, cela faisait un petit moment qu'ils ne s'étaient pas croisés. Hélas pour elle. Oui, elle avait envie de lui parler. Et oui. Elle aurait aimé converser avec lui. Oui, elle aurait aimé mettre les choses à plats. Et crever cet abcès, si on peut dire ainsi, qu'il y avait entre elle et lui. Seulement, elle ne savait pas quand ça pourrait se produire. Elrohir lui proposait son aide. Pour lui botter les fesses si jamais il l'embêtait, s'il lui faisait du mal. "Oh, pour ça, mon cher, je sais me débrouiller toute seule. J'ai déjà eu l'occasion d'échanger quelques coups avec lui." Enfin, façon de parler. Ca n'avait pas été bien loin. Il ne lui avait pas non plus fait du mal. "Ne t'inquiète pas pour moi. Je saurais le remettre à sa place si besoin est."
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Mer 11 Juin - 1:37
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Valaina & Elrohir
En fait, plus j’entendais parler de cet homme sans nom, plus je me demandais si c’était un bon parti pour Valaina. Ma Valaina. Possessif, moi ? Peuh ! Si peu… Vous m’auriez vu avec Arwen… Celui qui mettra les mains sur ma petite sœur, le soleil de mes jours, il n’est pas encore né… Et, Valaina ayant exactement la même place dans mon cœur qu’Arwen, il était hors de question que je laisse quelqu’un lui faire du mal. Cependant, il fallait que je me mette quelque chose en tête : elfes que nous sommes, maintenant et à jamais, et un seul amour pouvait hanter nos cœurs éternels. Alors, même si cet elfe me semblait absolument impossible à aimer, si c’était celui que Valaina avait choisi, je ne pouvais que l’accepter, et apprécier cet homme, car nul ne saurait séparer cette amitié qui nous unissait depuis pratiquement toujours. J’étais, en fait, heureux de voir que Père avait accepté d’héberger cette demoiselle en nos murs, et encore plus que mère l’ait prise sous son aile.
- Au fond, tu sais, je pense que tu es la seule qui arrive à me faire oublier que mère a subit les pires tortures. Quand je te vois, je n’arrive qu’à penser aux souvenirs heureux de cette enfance que nous avons partagée, et nos rires dans les coins qu’à l’époque, nous pensions secrets de tous, mais que je réalise aujourd’hui que tous les enfants jouent aux mêmes endroits… Tout en pensant, bien sûr, être les seuls à savoir se faufiler dans ces coins tortueux… J’ai parfois du mal à réaliser que nous avons été aussi innocents…
Au fond, le poids de mes presque trois mille ans me pesait sur les épaules, et je ne savais pas réellement comment exprimer ce malaise. J’avais parfois l’impression que ma vie tournait en rond, et que je ne pouvais m’en sortir réellement sans aide. D’un autre côté, il y avait cette foutu fierté très mal placée qui m’empêchait réellement de faire appel à ceux dont j’aurais eu besoin, Valaina et Elladan en tête de liste. Alors, je me taisais, et je restais une huitre face à toutes ces choses que j’aurais aimé laisser sortir.
- J’espère que cet elfe te rendra heureuse, Val’, et tu devrais réellement t’ouvrir à lui… Crois moi, tu es tellement adorable qu’il ne pourra pas dire non à ton joli minois, et que tu seras obligé de m’inviter à ton mariage. Mère aurait adoré être là pour offrir à ton époux un nouvel anneau, mais je suis certain que Grand-Mère acceptera de le faire, si tu le lui demande.
Il était en effet de tradition chez notre espèce de célébrer le mariage par une fête, où la mère de la mariée offrait à son gendre l’anneau de son mariage, après une année de fiançailles. Mais, peut être là que je m’avançais un peu : rien n’était fait, pour le moment.
Ah ! Nolas ! C'était quelqu'un d'unique à dire vrai ! Il l'énervait. L'insupportait au plus haut point. Et pourtant, il faisait battre son petit coeur. Ou du moins, elle pensait que c'était le cas. Elle n'avait jamais été comme ça. Ses yeux papillonnaient quand elle le voyait. Elle en avait l'estomac tout retourné quand elle était avec lui. Elle était ... bien en sa compagnie, hormis les quelques symptômes d'une maladie qui lui était inconnue quand elle était avec lui. Au départ, elle n'y avait guère prêté attention. Et puis, au fil du temps, au fil des fois où ils se croisaient, se rencontraient, échangeaient entre eux, elle le voyait d'un autre regard. Des sentiments pour lui elle avait. Et c'était la première fois que ça lui arrivait. Tomber amoureux, pour un Elfe, c'était ... disons que c'était le coup de foudre. Et après, ils avaient dans leur coeur cette personne au fil du temps. Des années. Des siècles. Rare, il était rare qu'ils se trouvent un autre partenaire. Valaina n'irait pas dire que c'était impossible. Que c'était Nolas. Et personne d'autre. Mais il était vrai que quand elle pensait à lui, elle avait ce sourire un peu béa sur le visage. Comme maintenant d'ailleurs. Il y avait une chose qu'elle regrettait. Qu'ils ne se rencontrent que trop rarement. Elle aurait aimé le voir plus souvent. Elle aurait aimé échanger plus souvent avec lui. Elle aurait aimé l'avoir rien qu'à elle ... juste un petit mois. Voire une petite semaine. Pour savoir s'ils étaient compatibles ou si, au contraire, elle nourrissait de l'espoir pour rien.
Elrohir évoqua le passé. Les sourires, les rires. Les meilleurs souvenirs. Les meilleurs moments. Les fois où ils couraient comme des fous dans la cité. Les petites blagues qu'ils avaient pu réaliser ensemble, même si la plupart du temps, c'était elle le dindon de la farce. Tout cela semblait très loin à présent. Et son ton inspirait la mélancolie. Elle ne comprenait que trop bien ce sentiment. Qu'il était loin le temps de l'insouciance. Où ils riaient aux éclats. Où rien n'avait d'importance. "Nous avons, à présent, tout le poids des âges sur nos épaules." se contenta-t-elle de dire dans un soupir. "Innocents et insouciants. C'est important je trouve. Rien n'avait d'important. On faisait ce qu'on voulait. Sans se soucier des représailles. Ce qui n'est plus le cas maintenant." Regrettait-elle les responsabilités ? Le fait d'avoir grandi ? Non, bien sûr que non. Seulement, il y avait certains avantages ... qu'ils ne pourraient jamais retrouver. La vie passe. Et ils ne pouvaient pas l'arrêter. Ils ne pouvaient que subir ce que la vie leur imposait.
Elrohir en vint à rebondir sur l'Elfe qui faisait battre le coeur de sa jeune soeur. Car oui, il la considérait ainsi. Comme sa petite soeur. Il l'encourageait. Il souhaitait qu'elle aille vers Nolas. Qu'elle se confie à lui. Qu'ils se parlent. Qu'ils échangent sur le sujet de leurs sentiments. Afin de voir si c'était réciproque ou si, au contraire, Valaina se faisait des idées. "Plus facile à dire qu'à faire. Tu sais, il voyage beaucoup. Et lui mettre la main dessus n'est pas facile." Du tout même. Quand ils se croisaient, c'était souvent par le plus grand des hasards. A chaque fois d'ailleurs c'était le cas. Elle ne s'attendait pas à lui tomber dessus. Ils se sautaient à la gorge. S'aboyaient dessus. Et puis, ils repartaient toujours avec le sourire après cette rencontre. Ou du moins, c'était le cas pour Valaina. Elrohir s'enflammait un peu. Il parlait de mariage. Du fait que sa grand mère pour lui confier un anneau. Vieil tradition elfique où, à la base, c'était la mère qui confiait un anneau à son gendre. Néanmoins, Valaina n'avait pas de ça en stock. Sa mère était morte. Et sa mère de coeur était partie pour Valinor. "Hé, stop ! Tu risques de faire griller ton cerveau à réfléchir autant !" répliqua-t-elle dans un sourire. Elle ? Se marier avec Nolas ? Un jour peut-être. Mais fallait pas être pressé. "Ne mettons pas la charrue avant les boeufs." Une curieuse expression qu'elle avait entendu lors de ses nombreux voyages parmi les humains. "Rien n'est fait. Pas de mariage de prévu. Encore faut-il qu'on arrive à se voir." Quant à l'anneau ... non, elle ne pouvait pas demander à Galadriel. C'était comme une grande tante pour elle. Mais il n'y aurait pas de tradition elfique. Pas sur ce coup là. "Il s'appelle Nolas. Je doute que tu l'aies déjà rencontré."
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Sam 21 Juin - 15:22
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Valaina & Elrohir
Que Valaina soit amoureuse était quelque chose que je trouvais extraordinaire. Comprenez-moi bien : ça n’a jamais été parce que j’étais du genre à me blinder le cœur pour éviter de m’accrocher à quiconque d’autre que ma famille et quelques personnes que je peux considérer comme de bons amis aujourd’hui que je souhaite à tout le monde une vie aussi solitaire que la mienne. Je n’ai jamais été le genre d’homme qui souhaite se marier, avoir des enfants, fonder une famille. Non, en fait, je suis bien mieux à mon poste de capitaine de la garde d’Imladris, à écumer les Terres du Milieu en mission pour éradiquer la moindre présence d’orc, de gobelin et d’autres créatures du mal. Peut-être qu’un jour, quand tout ça sera fini, quand les Terres du Milieu seront en paix et protégées de ces vermines, peut-être qu’alors j’irais à me laisser aller, et à prendre femme. Enfin, pour ça, encore faudra-t-il que l’amour me tombe dessus, et c’est une chose qui, pour le moment, me laisse on ne peut plus sceptique. J’étais heureux que Valaina ait trouvé quelqu’un qui fasse battre son cœur, comme j’aimais à voir la maladie d’amour se répandre sur ceux qui avaient leur place dans mon cœur.
Changer de sujet, revenir à cet homme qui lui tirait ces sourires que je trouvais merveilleux, pour finalement apprendre son nom. En fait, je ne connaissais qu’un seul Nolas, et il n’était pas réellement le genre de personne à côtoyer. Un pirate, un malfrat, un homme capable du pire et doublé d’un voleur. Enfin, je m'étais promis de ne pas juger Valaina, donc, autant essayer de garder pour moi l’expression de surprise qui monte à mon visage. Car, si c’était cet elfe-là, autant dire que ma relation de futur beau-frère avec lui partait sur un très mauvais pied.
- Si c’est le Nolas que je connais, je lui dois un poing dans la figure pour avoir volé un des pendentifs préférés de Mère dans ma besace, un soir que je m’étais arrêté pour dormir dans une grange… Je ne l’ai toujours pas récupéré, ce collier, mais j’y compte bien. Et, il a essayé de m’arnaquer la vente d’un cheval qui s’est avéré être un âne si vieux qu’il ne tenait même plus debout.
Un sourire remonta à mes lèvres à ce second souvenir. Ouais, bon, ça c’était quand même bien joué, et le bagou qu’il avait eu… Non, vraiment, ça avait été bien drôle. Mais, je ne pardonnerais pas le vol du bijou de Mère.
- Ce Nolas là voyage beaucoup lui aussi, et je n’ai pas réussi à lui mettre la main dessus pour retrouver le bijou de Mère.
L’air mi-figue, mi-raisin, je me penchais vers Valaina, mon regard noir plongé dans le sien. Et je la contemplais un instant avant de secouer la tête. Ouais, ça allait être difficile de le faire entrer dans la famille, celui-là !
- Essaie de l’assagir un peu, avant de me le présenter officiellement. Parce que, sinon… ça va être compliqué. Pas pour moi, moi à la rigueur, je m’en fiche du moment que tu es heureuse. Mais, je ne suis pas tout à fait certain que Père accepte un voleur dans la famille…
Exit les mauvais souvenirs ! Ils se concentraient, là, sur l'avenir de Valaina. Sur l'homme qu'elle aimait. Ou du moins, qu'elle croyait aimer. Elle ne savait pas trop ce qu'elle ressesntait à son sujet. Elle ne savait pas si ça pouvait donner quelque chose entre eux ou bien si, au contraire, c'était voué à l'échec. Il y avait beaucoup de choses dont elle ne savait pas à l'encontre de Nolas. Elle ne savait pas si c'était lui. L'Elfe avec qui elle passerait toute sa vie. Elle ne savait pas si y'avait quelqu'un d'autre qui l'attendait. En fait, elle était incertaine de beaucoup de choses. Elle aurait aimé ... Elle ne savait pas trop. Elle aurait aimé avoir la conviction que c'était lui. Et pas un autre. Mais pour ça, fallait qu'elle le voit. Qu'ils en discutent. Ils devaient se parler. Echanger à nouveau. L'accompagner, éventuellement, dans quelques unes de ses aventures. Et peut-être alors qu'elle en viendrait à savoir s'il était l'homme de sa vie. Ou pas.
En tout cas, après avoir entendu son nom, Elrohir resta ... sceptique. Dans le sens où il avait eu l'occasion de rencontrer un Nolas, justement. Et qu'il ne le portait pas vraiment dans son coeur pour deux raisons. La première, parce qu'il lui avait, semble-t-il, dérobé un bijou qui lui était plus que précieux. Le collier de sa mère. Deuxièmement, il avait tenté de lui vendre un cheval. Mais c'était pas un cheval. Valaina fut surprise d'entendre cela. Elle aurait eu quelque chose en bouche, nul doute qu'elle se serait étranglée avec. "Tu me fais marcher, c'est ça ?" Elle avait les yeux grand ouverts. Elle n'en croyait pas ses oreilles. "Tu ... Non ... Je suis sûre que c'est pas lui." Elle secoua la tête. A chaque fois qu'il lui paraissait, elle avait l'impression que c'était un homme de bien. Il lui avait proposé son aide à maintes reprises pour parcourir les galleries de gobelins à la recherche d'un bijou perdu. Ou plutôt, il s'était imposé dans chacun des combats qu'elle avait voulu mener. "Tu dois faire erreur. Ca doit être un autre." Elle ne voulait pas croire qu'il avait un côté filou. Mais il était vrai qu'elle ne connaissait que peu de choses à son encontre. Ils n'avaient pas eu l'occasion de parler tant que cela. Du moins, pas autant qu'elle l'aurait souhaité.
Valaina tenta de chasser cette idée bien loin de sa tête. Ces deux hommes ... Non, ça ne pouvaient pas être les mêmes personnes. En tout cas, Elrohir avait la rancune tenace par rapport à ce qu'il lui avait fait. Le cheval, sans doute qu'il s'en fichait bien. Mais le collier de sa mère ... Ca, par contre ... Elrohir lui conseillait de le "dompter". Sans quoi il n'aurait que peu de chance de rentrer dans la famille. "En même temps, tu sais oh combien l'amour nous est difficile. Et si c'est lui ... Enfin, si on parle du même Nolas ..." Elle secoua la tête. "Il me paraît pourtant si gentil ! Fourbe, peut-être bien. Parce qu'il est difficile de lire en lui. Il a passé trop de temps parmi les hommes je pense." Il était vrai qu'il ne cotoyait pas vraiment les cités Elfes. La plupart du temps, quand elle le croisait, c'était sur le territoire des Hommes. Et pas ailleurs. Peut-être qu'il avait des manies ... un peu étrange pour un Elfe. "J'essayerais de tirer ça au clair avec lui ... Du moins, si j'arrive à le croiser." Ce qui n'était pas demain la veille puisque c'était super compliqué de lui mettre la main dessus.
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Sam 28 Juin - 0:19
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Valaina & Elrohir
Non, non je ne faisais pas marcher celle que je considérais comme une sœur depuis tellement d’années que j’avais arrêté de les compter. Mon visage fermé le prouvait, d’ailleurs, comme le simple souvenir de ce cœur ouvragé, forgé par les nains et sertit d’une simple pierre rouge revenait à la surface de mes souvenirs. Certes, ce n’était qu’une babiole sans grand intérêt pour le reste du monde. Il n’avait pas de valeur marchande réelle, si ce n’est son histoire. C’était un des tous premiers cadeaux que j’avais offerts à Mère, et je n’avais jamais su pardonner à cet elfe aux cheveux bruns de me l’avoir subtilisé. Car, oui, c’était bien lui. Je l’avais revu, quelques jours plus tard, l’objet à la main, sur son cheval, alors qu’il s’apprêtait à sortir de la ville. D’un autre côté, comme ma sœur de cœur me le dit, il n’est pas possible pour nous de passer outre le fait que notre amour est unique et éternel. Et, au fond, je préfèrerai voir Valaina heureuse avec ce voleur que seule pour le restant de ses jours.
- Oui, c’est pour ça que je te dis de lui taper sur la caboche pour qu’il ne vole rien chez Père. Tu sais qu’il t’apprécie, mais de là à accepter un voleur en ces lieux… Je suis un tout petit peu sceptique. Et puis, que dirait Mère ? Je la vois parfaitement, les mains sur les hanches, contempler ton Nolas de haut en bas, avant de lâcher une de ces petites piques assassine dont elle avait le secret. Et ensuite, de l’attraper par le bras pour le mettre à table et lui remplir la panse jusqu’à ce qu’il ne puisse plus bouger.
Après, l’elfe pouvait avoir fait ça… je ne sais pas, peut-être avait-il une raison. Cependant, il est impossible pour moi de pardonner à Nolas, du moins pas tant qu’il ne m’aura pas rendu mon collier, que je porterai à nouveau sur mon cœur, dans ma tunique. Enfin. Il n’était pas l’heure de se triturer les méninges avec tout ça. J’attrapais un fruit et m’inclinais devant Valaina.
- Tu restes dormir ici ce soir, n’est-ce pas ? Tu as toujours ta chambre tu sais. Elle ne bougera pas. Et … Merci d’essayer de tirer ça au clair. Ce pendant est un souvenir important, et j’aimerai réellement le récupérer.
A deux pas de ma propre chambre et de celle d’Elladan, d’ailleurs. Combien de fois, étant enfant, Elladan et moi avions été surprendre Valaina dans sa chambre pour échanger des histoires à dormir debout jusqu’au milieu de la nuit, alors que les gardes finissaient par nous mettre dehors, tous princes d’Imladris que nous étions… Ce souvenir me tira un sourire, et un instant, je regrettais ces temps passés à rire, avant que les ennuis ne nous tombent sur les épaules.
- Si tu as fini de manger, nous allons devoir ramasser tout ça pour aller le remettre dans les cuisines. Ce ne serait pas très gentil pour les personnes qui s’occupent de la bibliothèque que de laisser tout ça ici.
La pauvre Valaina en avait pris un coup avec les révélations d'Elrohir au sujet de Nolas. Enfin, elle ne savait pas si le Nolas dont il lui parlait était le Nolas pour lequel son coeur battait. Mais la coïncidence était trop grande, bien trop grande pour que ça ne soit pas le cas. Et si ... Si elle s'était fourvoyée sur Nolas ? Et si c'était un voleur, un menteur et un arnaqueur qui lui avait dérobé son coeur ? Est-ce qu'elle le supporterait ? Est-ce qu'elle arriverait à s'y faire ? Parviendrait-elle à le faire changer ? A lui faire comprendre que ce n'était pas bien ? Du tout même ? Elle n'en savait que trop rien. Ca l'inquiétait cette histoire. Si elle était souriante et qu'elle papillonnait rien qu'en parlant de Nolas, il y avait de cela quelques minutes, ça ne semblait plus être le cas à présent. Une sérieuse inquiétude pouvait se lire dans son regard. Etait-elle perdue ? Sans doute. Ce moment de bonheur qu'elle avait cru avoir il y avait de cela quelques instants ... venait de s'envoler. Son coeur s'était-il brisé ? Non, pas vraiment. Mais sa perception des choses venait de changer. Et oui, elle n'allait pas très bien. Elle aurait été une humaine, sans doute que son coeur se serait mis à palpiter, qu'elle aurait eu du mal à respirer, et d'autres petites choses de ce genre. Mais elle était une Elfe. Et les Elfes ne se laissaient pas submerger de la sorte par leurs sentiments. Néanmoins, ce qu'il venait de lui dire était difficile et elle ne s'y attendait pas vraiment.
Voilà pourquoi Valaina était pensive. Extrêmement pensive. Elle avait un peu décoché de la conversation et ne savait plus quoi penser de tout cela. Elrohir lui parlait du Seigneur Elrond. Mais également de sa mère qui n'aurait sans doute pas approuvé cette relation. Mais en même temps, pouvait-elle dire à son coeur de ne pas l'aimer ? Pouvait-elle tirer un trait sur lui ? Quand bien même Valaina l'aurait voulu, sans doute qu'elle n'aurait pu le faire. Comme déjà dit, les sentiments chez les Elfes, ce n'était pas quelque chose qui se commandait. Elle n'avait quasiment pas écouté de ce qu'il venait de lui dire. Oh, c'était de la faute d'Elrohir après tout ! Hein, il aurait pu se contenter de lui dire qu'il était heureux pour elle. Et il lui aurait fait part de ses doutes un autre jour ! Ca faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient points vus et ça se terminait plus ou moins en queue de poisson. Enfin, leur rencontre n'était pas là terminée mais bon. La prochaine fois, il tournerait sa langue sept fois dans sa bouche avant de triturer l'esprit de sa pauvre petite soeur de coeur. Vilain va. Valaina secoua quelque peu la tête afin de rassembler ses idées. "Excuse-moi, tu disais ?" L'avait-elle ignoré de A à Z ? Non, pas vraiment. Mais disons qu'elle n'avait pas écouté.
Elrohir lui demandait si elle restait ici. Et lui confia qu'elle avait toujours sa chambre. Et par la même occasion, il la remerciait, un peu en avance, d'essayer de voir où était le bijou. "Je ne vais pas repartir. Du moins, pas tout de suite. Je suis là au moins pour quelques semaines." Peut-être plus, peut-être moins. Elle ne savait pas encore quand elle repartirait. Mais elle le ferait. Elle ne restait pas en place. L'habitude de voyager, sans doute. "J'peux pas te promettre, par contre, de retrouver ce bijou. Parce que si ça se trouve, on ne parle pas du même Nolas." ELle essayait de garder espoir. De se dire que ces deux Elfes étaient totalement différents. Oui, elle se berçait d'illusions. Et alors ? N'avait-elle pas le droit de rêver ? Plus jeune, elle rêvait bien des bêtises de ses frères de coeur. Leur repas touchait à sa fin. Pour sûr. Car voilà qu'Elrohir parlait de ranger. Ce qui décrocha un sourire à la brune. "Je ne savais pas que tu connaissais le mot ranger !" dit-elle en éclatant de rire. "Je me souviens que tu étais plutôt du genre à mettre le bordel et à laisser tes méfaits à la vue de tous." Mais peut-être qu'il avait fini par grandir. Valaina s'était levée. Elle commençait à ramasser les quelques affaires. Fallait dire qu'ils avaient beaucoup discuté. Et qu'elle n'avait que peu mangé.
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Ven 4 Juil - 23:08
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Valaina & Elrohir
Visiblement, Valaina ne m’avait pas écouté du tout. Je ne lui en voulait pas, loin de là. Il faut dire qu’avec ce que je venais de dire… Enfin, rien ne prouvait qu’il y avait un seul Nolas dans ces terres, hein. Et, quand bien même ce serait le même : Valaina avait raison sur le fait que les elfes ont tant de mal à tomber amoureux qu’il serait tout bonnement stupide de passer à côté juste pour ça. Je ne voulais pas la voir malheureux, même si j’avais juste envie de la protéger. Alors, voilà, j’avais décidé de couper court à cette étrange conversation qui semblait réellement partir sur des chemins que je n’avais pas prévu. Voilà. J’avais encore mis les pieds dans le plat, et je n’avais réellement pas envie que ça continue comme ça encore longtemps. Val’ était mon amie, ma presque sœur, et au fond, je m’en voulais d’avoir mis ces doutes en elle.
- Rien d’important. Que je me trompe peut être de Nolas… Je ne le connais pas, le tien, moi. Il ne serait pas étonnant que deux portent le même nom sur les Terres du Milieu. Elles sont vastes.
Un sourire monta à mes lèvres lorsque Valaina, reprenant un peu de poil de la bête, finit par me taquiner sur ma façon de ranger les choses. He bien, voilà quelque chose que je n’avais pas entendu depuis longtemps. Ah lala, cette Valaina…
- Figure toi que j’ai tout de même réussi à rentrer un peu de respect pour autrui dans ma petite cervelle bien trop vide. Alors, oui, maintenant je range. Bon, sauf ma chambre, mais ça c’est de famille. Tu verrais celle d’Elladan ces derniers temps…
C’était à se demander s’il n’essayait pas de créer une nouvelle race d’êtres vivants dans son bordel. Je suis certain qu’en fouillant bien, on trouverait des lutins quelque part, en cherchant bien. Ma chambre était à peu près mieux rangée que la sienne, quand même. Déjà, on pouvait marcher sur le sol sans se prendre les pieds dans des trucs non identifiés.
- J’ai surtout appris à connaitre ces elfes depuis que Mère est partie. Elle était proche de tout le monde ici, et elle était appréciée de tous. Je crois que j’essaie de me montrer à la hauteur de ce qu’elle m’a laissé. Elle m’a demandé de prendre soin de Père et d’Imladris, tu sais… Alors, j’essaie. Je ne suis pas tout à fait certain de m’y prendre correctement, mais j’essaie réellement de faire tout ça.
J’attrapais donc le panier et me levais, avant de tendre une main à la jolie elfe devant moi, histoire de l’aider à se lever. Là, je déposais un baiser sur son front, avant de lui dire, l’air un peu gêné.
- Tu sais, j’espère sincèrement qu’on ne parle pas du même Nolas. Ça m’embêterai pour toi.
Des doutes ... Elle doutait. Terriblement. Elle ne savait plus quoi penser. Et si le Nolas qu'elle connaissait ... en réalité, et si elle ne le connaissait pas ? Et si elle se faisait de fausses idées à son encontre ? Et si elle avait encore plein de choses à apprendre sur lui ? Et si elle s'était bercée d'illusions ? Elle était complètement paumée. Et à sa manière, encore, Elrohir tentait de lui remonter le moral. C'était plus ou moins lui qui lui avait mis le moral à zéro en lui balançant cette histoire. Et comme il le disait, peut-être se trompait-il de Nolas. Peut-être y avait-il un autre Elfe de ce nom qui parcourait la Terre du Milieu. Elle eut un léger sourire. Est-ce que ça la réconfortait pour autant ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Mais il avait, néanmoins, installé le doute dans sa tête. Et ça, ça n'allait pas partir du jour au lendemain. Valaina garderait toujours dans un coin de sa tête la discussion qu'elle venait d'avoir avec Elrohir. "Il est vrai ... que ça serait une sacrée coïncidence ... que nous parlions de la même personne." dit-elle en passant une main dans ses cheveux. Ses inquiétudes finiraient sans doute par passer. Du moins, avec un peu de chance.
Valaina avait fini par se moquer de lui. Par rapport au rangement. Au fait qu'elle le connaissait assez bordélique et que le rangement et lui, ça faisait cinquante millions. Et plus encore. Elle se foutait de lui. C'était gentil. Une petite pique. Pour se venger par rapport à toutes les atrocités qu'il venait de mettre sur le dos de Nolas, alors qu'il ne savait même pas s'ils parlaient du même. Valaina secoua la tête. "Non, non, je ne suis pas d'accord. Ou tu ranges un peu. Et ta chambre y passe aussi. Ou alors, c'est pas ranger." Elle lui faisait la morale ? Non. Pas vraiment. Enfin, si peut-être un peu. Elle le taquinait. Fallait bien qu'elle l'embête. Il en faisait de même. "Moi, j'serais toi ... j'mettrais le nez dans ma chambre et je rangerais un peu. Ca te ferait pas de mal. Et tu retrouverais plus facilement tes affaires." Son frère devrait également en prendre de la graine. Sauf que les graines ne "germaient" pas, si on peut dire ainsi. Et Valaina était sûre et certaine qu'il allait s'en foutre, ou presque, et que sa chambre resterait aussi bien rangée. Façon de parler, bien évidemment. Pour lui, c'était rangé. Pour les autres, ça ne l'était pas. "Imagine que t'aies besoin d'un truc en urgence. Que c'est dans ta chambre et que t'arrives pas à remettre la main dessus ?" lui dit-elle en penchant la tête sur le côté. "Tu ferais comment ?" Et s'il loupait un grand combat ? Ou que sais-je encore. Il s'en voudrait pour toute la vie, pour sûr. Enfin, il faisait bien ce qu'il voulait des conseils qu'elle venait de lui donner. Il était grand après tout, non ?
Histoire d'enfoncer encore un peu le clou sur cette affaire avec ce "voleur", Elrohir revint sur le sujet. Il s'excusait. A sa manière. En lui disant qu'il espérait bien qu'ils ne parlaient pas du même Elfe. Elle eut un hochement de la tête. "Ca m'embêterait aussi, également, qu'on parle de la même personne." Parce que ça voudrait dire qu'elle s'était fourvoyée sur lui ... Mais comme on le dit souvent, le coeur a ses raisons que la raison histoire, n'est-ce pas ? "N'en parlons plus." Le sujet était plus ou moins clos pour elle. Mais pour combien de temps ? "On aura sans doute l'occasion d'en reparler à l'avenir." dit-elle dans un sourire.
Je pense qu'on pourrait clore le topic ? Qu'en penses-tu ?
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Jeu 10 Juil - 23:44
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Valaina & Elrohir
Bon, je suis le roi des imbéciles, l’empereur de la gaffe, et en plus de ça, je ne m’en rends même pas compte. Néanmoins, il est impossible pour moi de rester là à ne rien faire, alors, je me relève pour rassembler nos affaires, et j’espère au passage que Valaina ne m’en voudra pas jusqu’à la fin des temps. Il ne manquerait plus que ça, tient. Ma vie serait tout à fait impossible à vivre si val’ ne m’aimait plus. Je suis très certainement le pire des maladroits de la terre avec les sentiments, mais je ne peux pas non plus vivre sans l’amour de mes proches, et Valaina fait partie de ces personnes que j’aime de tout mon cœur et que je n’ai pas envie de voir disparaitre du jour au lendemain, comme ça, simplement parce que je ne sais pas tenir ma langue.
Je rassemble donc le panier de victuailles, et je le récupère, ignorant avec superbe les remarques de mon amie sur ma chambre, puis je commence à m’éloigner vers la porte, avant de me retourner vers elle :
- Va te coucher, je vais m’occuper de ça. Je sais me faufiler dans les couloirs sans que personne ne me voit, après tout.
Je reviens sur mes pas pour serrer Valaina dans mes bras et je m’éloigne ensuite, en direction du garde-manger, avant de rejoindre ma chambre, pour y dormir quelques heures.
Leur soirée s'achevait. Ils avaient bien mangé. Bu un petit peu mais pas tant que cela. Valaina avait l'estomac rempli, et ce même s'il semblait qu'elle n'ait que très peu mangé. En même temps, une ou deux bouchée de lembas par-ci, par là, forcément, on se retrouvait facilement avec l'estomac plein. Quoi qu'il en soit, des soirées de ce genre, il y en aurait d'autres. Comment Valaina le savait ? Oh, elle ne pouvait pas en mettre sa main à couper. Mais tant qu'elle serait à Fondcombe, oui, elle était certaine que son cher frère de coeur lui mettrait la main dessus, à plusieurs reprises, et qu'ils se feraient des petits tête à tête de ce genre. Et sans doute auraient-ils l'occasion de parler, à nouveau, de Nolas. Même si, dans l'immédiat, elle préférait ne pas en parler. Dans le sens où elle n'avait pas encore la version de l'Elfe barbu et qu'elle préférait le revoir avant de se faire une opinion sur le sujet.
Debout, elle aidait Elrohir à rassembler leurs affaires. Ca allait. Ils n'avaient pas trop dégueulassé le sol. Ils avaient mangé proprement. Il fut un temps où ... ils s'amusaient à se lancer de la nourriture au visage. Enfin, ça, c'était quand ils étaient bien plus jeunes. Insouciants. Et qu'ils faisaient des bêtises à longueur de journée. Ce qui n'était plus le cas, maintenant. Après tout, ils avaient grandi, n'est-ce pas ? Preux chevalier, ou parce qu'il voulait se faire pardonner par rapport à ce qu'il avait pu dire sur l'Elfe qui faisait battre son coeur, Elrohir en vint à lui dire qu'elle pouvait aller se coucher. Et qu'il allait s'en occuper. Elle eut un sourire. "Prends garde à toi mon frère. Tu n'as plus le pas aussi léger que par le passé mon cher." dit-elle en lui tirant la langue, histoire de se moquer de lui. Un petit câlin vite fait et hop, il était parti. Et elle dans la direction opposée. Direction sa chambre. Pour s'y reposer. La journée avait été longue. Agréable mais longue.
Valaina secoua la tête ... Elrohir était un cas désespéré et elle ne pourrait pas le récupérer. Lui apprendre la cuisine ? Et puis quoi encore. Elle n'avait pas le temps ! Elle était bien trop souvent sur la route pour prendre en main l'avenir culinaire d'Elrohir. Pour sûr. Le pire, dans tout ça, c'était qu'il accusait son frère d'avoir trafiqué sa nourriture. Elle eut un sourire et secoua la tête à nouveau. "T'as pas honte ?" Elle continuait de secouer la tête, ses mains au niveau de ses hanches. "Accuser ton propre frère d'avoir joué avec tes préparations." Elle fit un drôle de bruit avec sa bouche. Elle désapprouvait. Totalement. Mais c'était amusant d'entendre qu'il mettait tout ça sur le dos de son frangin. "Le seul responsable, c'est toi. Mais va falloir que tu fasses quelque chose. Parce que si tu te retrouves à cours de Lembas ou que y'a pas de ville proche, tu finiras par mourir de faim." Elle le taquinait un peu. "M'enfin, avant que t'en arrives là ... J'crois qu'il te faudra un bon moment." dit-elle en le pinçant. "C'est pas comme si t'avais la peau sur les os." ajouta-t-elle dans un sourire. "M'enfin, hein, tu fais bien ce que tu veux. Mais moi, je serais toi, j'passerais un peu de temps avec quelqu'un qui s'y connaît en cuisine. Parce que tu sais, hein, ça peut toujours servir." M'enfin, elle disait ça, elle disait rien. Il était libre de son propre destin, de ses propres actions. S'il voulait garder ses compétences culinaires ainsi, libre à lui de le faire. Elle n'approuvait pas trop parce qu'elle pensait qu'il était toujours bon d'essayer de s'améliorer. Après tout, il n'y a pas d'âge pour apprendre. Mais comme dit, c'était à lui de décider. Et pas à elle.