Aranwë
Histoire d'une rencontre
Première rencontre particulièrement explosive que fut la notre. Petit cheval pas tout a fait blanc, a vrai dire, tout juste assez pour qu'on se demande ce que ton cavalier a fichu au lieu de te panser. Poulain chétif et farouche, tu m'as offert mes plus belles chutes. Malgré tout ce que l'on peut dire sur la relation fusionnelle entre les elfes et leurs chevaux, on ne peut pas dire que tu m’aie apprécié au premier coup d’œil. Je dirait même que ce fut tout le contraire, cependant, c'est peut être cela qui m'a fait te choisir, au milieu de tous les autres, dociles et attentifs. Je pense avoir tout essayé au cours des jours qui suivirent, dormir dans l'herbe de ton enclos, t'approcher accompagné du cheval de mon père, me dissimuler dans l'ombre des arbres pour t'approcher, rien n'y fit. Tu semblait toujours avoir deux longueurs d'avance sur moi.
Descente en enfer
Certains pourraient se moquer d'un elfe incapable d'obtenir quoique ce soit de sa monture. A dire vrai, je crains que, a force de temps et d'efforts vains, je désespérais, devenant moins agréable et causant envers toi. Cela ne t'as certainement pas aidé a me sentir, et notre relation en pris un nouveau froid. De méfiance, c'est du ressentiment que tu as développé envers moi, et, de mon coté, j'ai quelque peu délaissé ce cheval fou qui ne songeais qu'a me balancer ses postérieurs dans la tête. Je me souviens d'ailleurs d'une fois ou Erestor m'avait envoyé dans ton enclos a coup de trique, ou je ressortait presque aussi vite, dégringolant derrière la clôture tandis que tu freinais des quatre fers pour ne pas la percuter, après m'avoir pourchassé toutes dents dehors sur une longueur complète.
Changement radical
Un jour cependant, tout changea. Ce jour, tu ne te présentais pas a la clôture, tentant de me mordre pendant que je m'en approchais. Me demandant si tu n'étais finalement pas parvenu t'échapper, j'enjambais la clôture pour vérifier ta présence. En t'apercevant dans l'endroit que tu affectionne le plus j'ai su que quelque chose n'allait pas. Couché, la respiration forte et sifflante, te frappant le ventre des sabots tout en tentant de te rouler. Je crois que lorsque j'enjoignais a Elrohir, toujours derrière moi, de quérir assistance a mon père, je lui ai si bien crié dans les oreilles que tout Imladris a du m'entendre. C'est quand on a peur de perdre quelqu'un qu'on se rends compte combien on tient a lui. Je te ferais remarquer plus tard combien ta docilité est montée en flèche lorsqu'il s'est agi de te sauver la vie.
Ce jour, je passais la nuit et les jours qui suivirent à tes cotés, couché dans l'herbe a te parler, tandis que tu te battais pour rester. Que t'est-il arrivé, je n'en ai jamais compris les explications que l'on tentât de me donner.
Les évènements s'enchainent
Sans doute cela fut le déclic qu'il nous manquait, a tous deux, s'apercevoir que chacun de nous nécessitait l'autre. Par la suite, c'est une confiance mutuelle que nous nous accordâmes, cavalier et monture sans que l'un de nous dut apprivoiser l'autre. Juste une question de confiance, une amitié indéfectible nous liant, ce qui peut parfois amener a de burlesques situations lorsque, plus prudent que ton cavalier, tu espère me faire comprendre le message du "n'allons pas par ici". Cependant, mon entêtement est légendaire, et tu finis bien souvent par céder, sachant que si je n'y vais pas accompagné, j'irai seul, ce qui n'est pas mieux. Me tirer des galères dans lesquelles je cours me jeter, cela fait également partie de tes talents. De quêtes en batailles, de batailles en chasses à l'orc, de chasses à l'orc a folles chevauchées, je sais pouvoir compter sur toi, et même si nos débuts furent bien difficiles, je ne regrettes aujourd'hui nullement le choix que je fis un jour devant ce poulain entêté et chétif.