L'Etoile du soir

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A si i-Dhúath ú-orthor

« Les tresses de ses cheveux sombres n'étaient touchées d'aucun givre, ses bras blancs et son clair visage étaient lisses et sans défaut, et la lumière des étoiles brillait dans ses yeux, gris comme une nuit sans nuage... »

Il y a plusieurs millénaires de ça naissait, à la tombée de la nuit, une enfant au sein d'une famille heureuse, fruit de deux parents très amoureux. Une petite fille au teint au teint clair et aux yeux gris qui reflétaient toutes les étoiles du ciel. L'enfant était fille de deux belles âmes nobles et au grand coeur, Celebrian et Elrond. La petite était une elfe, née au coeur de la belle cité de Fondcombe.

Cette douce enfant, c'était moi. Arwen, princesse d'Imaldris, l'Etoile du soir. Enfin... Douce cela est vite dit! Bien vite, le temps révéla que je tenais plus de la sauvageonne que de la dame. Entourée de deux grands frères, les jumeaux terribles d'Imaldris (Princes? Bien, d'accord, si vous le dites, Princes), je me trouvais bien plus prompte à enchaîner les bêtises dans les magnifiques couloirs ouvragés de la cité plutôt que d'apprendre à me tenir en société. Je préférais aussi monter à cheval, faire de longues promenades et laisser mon esprit vagabonder au fil du vent. Je n'étais pas de celles qu'on enferme dans un costume, celui-ci soit-il fait de soie ou de velours. Je préférais la liberté que me conférait ma jeunesse bien qu'elle aurait pu m'être refusée vu mon rang. Je n'avais pas envie de mettre en avant ma nature de dame de haut lignage. Et mes parents semblaient ne pas me retenir dans cette folie de l'enfance.

Il faut dire que dans toute ma fantaisie et mes débordement d'enfant, je restais une gamine gentille et tendre, qui aimait profondément ses parents et ses deux démons de frères, qui n'étaient pas les derniers à me donner de bonnes - mauvaises - idées.

J'étais loin, très loin de toutes les préoccupations d'adulte. Et cela dura très très longtemps. On m'avait vaguement parlé d'un choix à faire. Mais celui-ci me semblait si loin et si compliqué. J'étais d'une double lignée, dans mes veines coulaient un sang mixte. J'étais en partie elfe et humaine, tout comme papa. Cela me pousserait un jour à faire un choix, l'immortalité loin de tout ce que je connaissais ou la mortalité sur cette terre qui m'avait vu naître. Un jour viendrait où je devrais prendre la décision la plus lourde de mon existence... Mais pour l'instant, cela n'était qu'une vague lueur lointaine.

Puis vint le jour où mes frères quittèrent la maison. Les siècles que nous avions passé côté à côté s'évanouirent du jour au lendemain. J'étais une dame, je ne les suivrais pas. Papa serait mon unique et seul percepteur. Ce qu'il fit avec élégance et détermination. L'enfance était fini... Mais je demeurais loin des envies d'une dame de mon rang. Je m'étais calmée dans mes bêtises de jeunesse, préférant à ce moment la solitude des balades à cheval - beaucoup plus sages qu'avant - et la compagnie de mes nombreux livres à celle des autres êtres vivants. L'envie d'animation ne revenait que lorsque mes deux frères revenaient. Leur présence me rappelait à mes douces et folles années... Je redevenais Arwen la malicieuse. Mais cela ne durait jamais vraiment. Ils finissaient toujours par repartir et moi, je me replongeais dans une certaine mélancolie dans laquelle je me complaisais en fin de compte.

Le temps passant, on ne me cessa de dire que je ressemblais à mon aïeule Lúthien, dont le choix amoureux l'avait poussé à embrasser la condition de mortelle... Cette ressemblance me poussa à m'interroger sur ce choix qui, sans s'en rendre compte prenait de plus en plus de poids. J'appris à maîtriser certaines capacités qui coulaient dans mon sang. J'étais capable d'entrée dans les rêves des gens, une connexion psychique mais surtout émotionnelle, pour leur apporter nouvelles, courage ou motivation selon les besoins. J'appris aussi tout de l'histoire de la Terre du Milieu et m'y sentis plus que jamais liée. J'appris aussi tout ce qu'il était possible de savoir sur les méthodes naturelles ou magiques utiles pour soigner la plupart des maux. Papa était à n'en pas douter le plus merveilleux des professeurs. J'en étais très proche, je le suis toujours, malgré la distance. Quant à maman si en apparence, j'étais moins proche d'elle, il n'en demeurait pas moins qu'elle était mon point de repli lorsque les émotions humaines m'assaillaient. Elle était mon phare, d'une douceur infinie et d'une gentillesse et d'une compréhension sans bornes.

Je m'étais bien évidemment rendue compte de son impact dans ma vie, mais pas autant qu'au moment de la perdre. Les familles ne sont jamais exemptent de drames, la notre ne dérogea pas à la règle... L'agression de maman, la torture qu'elle subit lui fit perdre son éclat et son sourire si lumineux. Nous avions cependant eu la chance de ne pas la perdre et son sourire éteint n'en demeurait pas présent pour moi... Sauf que cela n'allait pas durer. Elle n'était pas morte,certes, mais elle allait rejoindre les Havres Gris, prendre le bateau et nous laisser avec notre solitude et notre tristesse en Terre du Milieu...

Son absence me pesa plus que je l'aurais pensé et papa s'en rendit compte... Les années qui suivirent furent dures à aborder en l'absence de celle qui me donnait la vie. L'éclat de ma lumière commençait a s'éteindre... Ce fut à ce moment que papa me fit découvrir ma vraie nature... Undomiel, l'Etoile du soir, cela n'était pas seulement le surnom depuis mon enfance, c'était surtout ma nature, ma beauté, mon éclat et ma force... Et cette force était concentrée au coeur d'un pendentif raffiné et lumineux qu'il glissa autour de mon cou.

Peu de temps après, ma grand-mère maternelle, dame Galadriel, le model le plus merveilleux que l'on puisse imaginé, arriva en Imaldris. Elle venait me chercher, considérant que j'avais apprit tout ce qu'il y avait à savoir auprès de mon père bien-aimé. Je ne souhaitais pas vraiment partir, mais l'un comme l'autre me fit comprendre que cela était pour mon bien! Qu'il ne me manquait plus qu'à apprendre à devenir une dame! Le terme ma plaisait, puisqu'il était le sien et que le siècle passant, j'avais bien vu que l'enfance m'avait définitivement quittée et qu'il était temps de grandir. Une dame se devait d'être élégante, raffinée et imposante de prestance. Tout ce que ma grand-mère pouvait m'apporter! Elle irradiait d'une perfection et d'un naturel qui l'avait toujours déterminé et j'avais toujours eu pour elle tout à la fois le plus profond des respects, la plus grande des confiances et la grande tendresse qu'il puisse exister. J'appréciais tout particulièrement la fraîcheur qui la caractérisait sans toute sa prestance. Un naturel qui émanait d'elle et qu'elle m'affirmait qui serait mien, puisqu'il était déjà en moi et qu'il ne demandait qu'à s'exprimer.

Le temps vint donc de quitter ma belle forêt et de retrouver ma monture pour un voyage qui me mènerait vers une nouvelle phase de mon existence. L'endroit où je me rendais ne m'était pas inconnu. J'y avais vécu de belles aventures à plusieurs reprises, des souvenirs y étaient liés... Cependant, sur mon cheval, encapuchonnée dans ma cape aux reflets bleus irisés, aux côtés de ma belle dame Galadriel, la sensation que ce voyage serait bien plus bénéfique que je ne le pensais au départ s'empara de moi...

L'arrivée en Lothlorien ne fit ma mentir mon instinct!... Mais ceci est une autre histoire!