« Ce n'est pas tant l'aide de nos amis qui nous aide que notre confiance dans cette aide. » Epicure
Les nains avaient été bien accueillis à Imladris, de cela Thorin n’avait rien à redire, mise à part le repas un peu trop végétarien qui leur fût servit. Cependant, en invité bien éduqué, il n’irait pas exprimer son ressentit sur ce repas et il avait fait de son mieux pour ne pas encourager ses compagnons dans leurs pitreries, mais pouvait-il réellement les blâmer de prendre un peu de bon temps après un début de voyage aussi éprouvant… Il n’en avait pas le cœur en tout cas. Le soleil disparaissait à l’horizon, teintant le ciel de couleurs diverses, du rose jusqu’au bleu sombre. Seul, le chef de la compagnie se repaissait de la beauté des lieux, même s’il n’était pas un fin connaisseur de l’architecture elfique. Il avait désormais quelques ressentiments par rapport au peuple des elfes, même si Gandalf avait vu juste, personne ne lui semblait inamical dans le coin. Il avait ceci dit du mal a digéré le manque d’aide que lui avait accordé les elfes de Mirkwood et en bon nain, il reportait son aversion sur tous les semblables de Thranduil. Mais, dans la fraicheur de cette soirée d’octobre, le nain brun commençait à douter de la dureté de ses pensées. Certes, jamais le seigneur Elrond ne lui donnerait sa bénédiction pour marcher vers la Montagne, mais il ne semblait pas non plus si prompt à l’en empêcher. Pourtant, c’est ce que lui avait pensé, que s’il entrait chez les elfes, jamais il ne pourrait en ressortir. Le roi en exil s’arrêta alors devant une colossale fontaine où, quelques heures plus tôt, les siens avaient fait raffut et chambard. Lui, s’était contenter d’une bassine avec une cruche pour se laver, se pliant aux commodités de son hôte. Il arrêta sa marche solitaire et se perdit dans la contemplation des eaux cristallines de la fontaine, une main sur son menton, ses doigts triturant les poils de sa barbe. Finalement, était-ce bien judicieux de partir vers Erebor alors qu’il n’y avait aucune certitude que Smaug ait passé l’arme à gauche ? Était-il opportun de mené treize compagnon et un hobbit vers une mort que l’on pourrait qualifier de presque certaine ? Avait-il bien fait d’écouter les « sages » conseils de Gandalf le gris ? L’héritier de Durìn soupira longuement avant de s’asseoir sur le rebord de la fontaine et de mêler ses doigts à la danse de l’eau fraîche qui coulait là. Pouvait-il décemment abandonné cette quête ? Non, rien ne pouvait justifier ce retour en arrière, il était presque condamné malgré lui à marcher vers l’est et vers sa mère patrie. Qu’est-ce qui l’attendait là-bas ? La folie comme son grand-père et son père avant lui ? C’était probablement ce qu’il redoutait le plus, de finir comme eux. Plonger dans ses réflexions mélancoliques et nostalgique, il n’entendit pas venir le pas feutrer du maître des lieux, ne remarquant sa présence que lorsqu’une brise douce lui caressa le visage et qu’il le releva. « Seigneur Elrond. » dit-il en inclina respectueusement la tête vers son hôte. « J’ose espérer que ma présence ne vient pas troubler votre quiétude. »
