Un éclat de rire au cœur des champs, des ailes qui s'agitent et l'oiseau part furieux. Il riait de plus bel, fixant amusé son grand frère tombé dans la boue en tentant d'attraper un lièvre estimant qu'il était temps que son petit frère apprenne à chasser. Maladroit Sancho pourtant si travailleur, bien plus travailleur que Jarkore qui n'aimait pas cultiver la terre. Cependant, la chasse fut quelque chose qu'il trouvait plutôt distrayante. Travailler au Comté avait des allures de cycle sans fin et parfois il se surprenait à désirer être l'un de ses volatiles qui survolaient les champs sans se soucier de quelles aventures ils rencontreront sur leur chemin. Il avait grandi aux cotés de son grand frère, inséparables et pourtant si différents. Sancho avait une vision de l'avenir typiquement hobbit ; rêvant d'une stabilité qui était à ses yeux le synonyme même de la paix, pacifique et le cœur si bon qui essayait de remettre son petit frère qui s'écartait si facilement des sentiers battus. Chanteur hors pair, il demeurait pourtant particulièrement pudique à ce sujet bien qu'il fut une personne plutôt ouverte, voire excessive. Ses chants de l'espoir, griffonné en rime d'exister. Il voulait être unique, il l'était déjà aux yeux de tous ; mais il ne savait voir dans le reflet du miroir ce que les autres semblaient interpréter. Plus tard il appris à se libérer en se refermant. Doux paradoxe. Surpris dans ses rêves étendus sur herbe par Nyram fille de Mungo. Elle a sourit et il s'était enfui dans les lumières de ses yeux qui le regardaient s'éloigner.
Les années se sont écoulés et il n'eut nulle aventure dans le Comté car enfin, personne n'aimait cela ! Jarkore s'était assagis avec le temps, faisant mine d'avoir oublié ses rêves d'évasion ; ce rêve fou armé de courage. Il fallait du courage pour renoncer à ses lubies, mais bien plus encore pour les suivre. Jarkore aimait autant se tenir isolé que d'être avec les autres hobbits et faire ce qu'il faisait le mieux : la fête. Il fallait dire qu'ils avaient tous le sens inouïs des festivités et il n'échappait pas à cette nature joviale de sa race. Excellent danseur, il avait toute l'allure d'un saltimbanque. Son sourire faisait tomber les femmes ; il avait bien plus de beauté que son frère qui n'était que plus fier de son protégé.
- Qu'il est vrai que les idiots sont les plus beaux ! - Soupirait-il un soupçon jaloux.
- Qu'il y a t-il de si stupide de rêver ô Sancho ? - Demandait-il un rictus amusé.
-Il y a que ce n'est pas de tes rêves que tu rempliras ton auge ! - Rétorquait-il en riant, accompagné de leurs cousins qui se riaient de lui.
-Je n'ai que faire d'une auge emplis d'ennuis. Avait-il déclaré, vexé. S'éloignant sans écouter leurs appels, leurs plaisanteries avaient blessé son ego. Avec le temps, il avait tut sa fierté. Acceptant les critiques, riant de lui même et de ses idées insensées qui le gouvernaient car c'était toujours plus fort que lui. S'enfermant dans l'image que l'on voulait de lui.
Alors qu'il enseignait à l'un des chiens qui vivaient dans le Comté à devenir un parfait gardien ; il entendait son rire derrière lui. Si jolie, issue d'une famille de Pâles. Nyram à la gueule d'ange. Ses cheveux blonds volaient au vent et l'enfant timide qu'il fut n'était plus. Ils échangeaient un délicieux baiser et le turbulent Jarkore s'apaisait d'amour.
- Je suis si fier de toi.- Lui disait Sancho tout sourire, posant sa main sur l'épaule de son petit frère dans ses habits d'épousailles. Il venait d'avoir trente-trois ans, un jour tant attendue qui avait marqué sa majorité et qui faisait enfin de lui un adulte. Souriant tendrement
- Tu espérais tant que je suive ton exemple, parce que c'est la route la plus sure car tu l'as déjà foulé pour moi. Mon frère, tu as tout fait pour moi alors que je ne suis qu'un idiot. - Serrant son grand frère qui lui était plus petit de taille bien que plus épais dans ses bras. Une fraternité si sincère que rien ne semblait pouvoir briser
- Tu es brave, c'est ton jour. Votre jour. Tu es si beau, toutes les filles du Comté espéraient que tu les choisissent pour un jour porter tes magnifiques enfants. Construire une famille est un beau voyage tu sais.- Puis il laissait Jarkore dans cette solitude qui précédait l'union. Fixant son reflet dans le miroir, ses longs cheveux bien peignés comme sa vie le serait à partir de ce jour. Un beau voyage, mais le seul et unique de sa vie...
" Ma chère Nyriam,
Pardonne ma lacheté, toute ma vie j'ai essayé d'être le hobbit que l'on voulait que je sois. J'ai essayer de satisfaire le Comté et finalement je me suis déçu. Je ne suis pas ce que tes yeux me reflètent lorsque tu me regardes.
Je t'aime et je reviendrais pour que tu puisses aimer celui que je suis vraiment, celui que je deviendrais. Je n'aurais plus peur des ombres qui essaient d'engloutir mes rêves."
Ce fut un jour tragique, le genre d'événement que la communauté n'appréciait guère. Il ne se passait jamais grand chose ici et cet événement fit bruit pendant des semaines entières. Chaque recoin du Comté fut fouillé, mais les larges pieds du hobbit l'avaient quitté. Les larmes de Nyriam ne l'ont jamais fait revenir, le temps effaçait les peines comme les larmes ont effacé l'encre de cette lettre ; mais jamais ne disparaissent.
Les bois semblaient sans fins, pourtant pas une fois il songeait faire demi tour. Il n'avait rien, suivi par le fidèle Hagor qui n'avait pu se résoudre à laisser son maître fuir seul. Un animal d'une intelligence qui à l'avis de Jarkore pouvait aisément dépasser certains Hobbits. Il partait seul à l'aventure et au Comté l'on imaginait qu'il reviendrait lorsqu'il sera suffisamment effrayé. Il aimait Nyriam et il savait qu'il lui avait brisé le coeur. Comment rebrousser chemin ? Il avait fuit comme un lâche, incapable de lui dire que son coeur l'aimait, mais qu'il aimait bien plus encore la liberté. Il reviendrait la reconquérir quand il serait hobbit assez valeureux, il gagnerait son honneur. Hagor veillait sur lui et ils marchaient longuement à travers l'Eriador. Passant par Bree, ancienne Ville d'hommes qu'il avait déjà visitée dans sa jeunesse pour rencontrer des cousins le jour de la naissance de leur descendance ; cité où il découvrait comme les hommes étaient fascinants. Il ne fit aucune halte chez ses cousins, dormant à l’auberge avant de reprendre la route en direction du Rohan. Le voyage semblait long et pour le raccourcir, il songeait traverser la vieille foret qui avait une sombre réputation. C’est sur ces terres qu’il fit une rencontre qui changea sa vie, celle avec un loup. L’animal bondit et Hagor défendit le jeune hobbit. L’animal chassé, suivi Jarkore au loin dans les bois. Ce fut au cours du voyage qu’il se rapprochait de celui-ci, et le hobbit soigna le loup de ses blessures. Baptisé Dimple, il respecta la nature solitaire de l’animal apprivoisé en le laissant toujours fermer la marche en retrait mais jamais Dimple ne s’éloignait véritablement de son maître.
Le Rohan se dessinait à l’horizon, Jarkore n’avait alors encore jamais vu d’hommes et la plus part d’entre eux ignoraient clairement l’existence des semi hommes. Sa première rencontre avec un homme ne tardait cependant pas. Quand il s’était retrouvé face à cet individu de grande taille ; un cavalier du Rohan monté sur un cheval gigantesque ; il était vrai alors que les hommes étaient des créatures splendides. Epuisé, il chevauchait pour la première fois en direction de l’un de ses villages d’hommes du Rohan. Accueillis comme une bête de foire
– C’est Jarkore Hragon du Comté. – Peut-être les fascinait-il autant qu’ils le fascinaient ; quoi qu’il en soit il fit d’abord office de joyeux ménestrel qui eut le don de divertir par sa culture et cette joie de vivre débordante. Il était tombé follement amoureux de ce peuple ingénieux, de ce peuple courageux et qui même s’il semblait que leurs vies soient menacées ne perdait pas l’espoir de jours meilleurs. On lui conta l’histoire des Orcqs et de Sauron, le genre de récit que l’on appréciait peu au Comté ; écoutant des histoires sanglantes qui inspiraient les hommes. Il comprenait enfin pourquoi les hommes étaient un peuple si puissant et alors que les hobbits vivaient dans leur insouciance les terres du milieu vivaient d’invraisemblables aventures pour leur liberté.
– Les hobbits ne peuvent se battre petit ! – Déclarait le cavalier en quittant le village, lui laissant supposer qu’il devait rentrer chez lui.
Lui aussi voulait parcourir les terres du milieu, alors il reprit la rouge avec le fidèle Hagor, seul. Pas complètement. Dressant les loups ; il s’entourait d’animaux surprenant avec le courage des hommes en direction du pays qu’était le Gondor. Personne ne le croira au comté lorsqu’il leur annoncera avoir rencontré des hommes et il espérait également voir les elfes. Il était encore un jeune Hobbit bien que les années avaient défilées loin de sa promise qu’il oubliait ; aspiré par cet engouement qu’il avait de la race humaine. Attaqué aux portes de Meduseld par un groupe d’Orqcs il fut capturé et promis d’être dévoré. Libéré par une troupe de cavalierS du Gondor où il fut conduit pour être soigné. Quand il ouvrait ses yeux bleus, Jarkore à Minas Tirith.
– Rentres chez toi petit. - Lui disait-on bienveillant.
– Chez moi ? – Les souvenirs du Comté, des champs à pertes de vue, la fraîcheur du ruisseau et les rires insouciants…
- Je ne peux pas…- Ses yeux émerveillés en avaient trop vu, il était un cœur d’homme dans le corps d’un Hobbit. Plus désireux que jamais d’aventures, de se joindre aux armées et de prouver que les semi hommes ont autant de valeur qu’un homme.