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Comment faire une montagne d'une taupinière [RP abandonné]

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Dim 26 Mai - 22:25

    Aedis & Beorn

    Aedis soupira, et laissa tomber sur sa tête contre la table au moment même où la porte de son bureau se refermait. Autour d'elle ce n'était que cartes annotées, drapeaux plantés et figurines représentant les différentes unités, posées dans un coin de son bureau en attente des prochains mouvements guerriers du Rohan. Quand à dix-huit ans elle était devenue chevaleresse rohirrim, jamais elle n'aurait pu imaginer à quel point le boulot de capitaine pouvait être épuisant ; c'était même le contraire : elle le trouvait trop peu présent sur le terrain, toujours enfermés dans ses quartiers, sans action ni combats. Comme elle se trompait ! Aujourd'hui, devant batailler avec une administration parfois grippée et souvent peu encline à accorder des demandes venant de l'Infanterie, elle se rendait compte de ce que l'arrogance des adolescents fraîchement adoubés pouvait provoquer : un grave pétage de câbles et énervement sans précédents. Si jamais elle mettait la main sur un petit insolent, elle se ferait une joie de le corriger, rien que pour soulager ses nerfs rudement mis à l'épreuve. En ce moment même, elle venait de renvoyer le message du capitaine de la garde, qui lui demandait -encore- un renfort d'hommes pour les patrouilles : avec le renforcement de la sécurité des frontières avec le Gondor, avoir des hommes frais régulièrement était un vrai casse-tête... Surtout qu'avec l'hiver qui persistait, les malades étaient nombreux, tout comme les hommes sous-alimentés que même l'armée et ses casernes ne parvenaient plus à nourrir. Quand, il y avait trois ans de cela, la demoiselle avait eu ce poste, elle avait espéré des difficultés, pour qu'elle puisse s'illustrer et montrer sa compétence à tous, leur prouvant que les femmes aussi ont leur mot à dire. Et là, le majeur problème, c'était quelque chose où elle ne pouvait de toute façon rien faire : la météo.
    Relevant les yeux douloureusement, elle décida d'arrêter là les frais : elle avait vu les plus grands enquiquineurs défiler aujourd'hui, il n'y aurait plus grand monde pour réclamer sa présence maintenant. Tous les habitués de son bureau et des réclamations étaient passés. Se relevant précipitamment, désireuse de retrouver un peu de sa liberté, elle alla dans la salle à l'arrière de son bureau, s'y changea, et attrapa son manteau avant de sortir de son territoire, en fermant la porte à clef derrière elle. Courant presque dans les couloirs du palais, elle sortit dans l'air pur et sec en souriant. Enfin, de l'air ! Elle avait l'habitude, après ses trop longues journées, d'aller faire un tour à la caserne, inspecter l'état général des lieux et des hommes. Bah, elle irait plus tard... De toute façon, le messager était parti transmettre la nouvelle du transfert d'une vingtaine d'hommes vers la Garde, temporairement du moins ; et les hommes savaient à qui faire confiance : l'ordre serait respecté.
    Aedis descendit donc sans soucis vers la ville basse. Elle souriait à tous, provoquant l'admiration cachée de certaines demoiselles, et surtout interloquant la plupart des hommes qu'elle croisait. Si la nouvelle d'une femme à la capitainerie de l'Infanterie rohirrim s'était vite propagée, rares étaient ceux qui connaissaient réellement son visage. Et aucun ne traînait par ici, de toute façon, surtout pas aujourd'hui. Et pourquoi pas, me demanderez-vous ? Eh bien, c'est très simple : ce jour là était jour de marché. Et personne de son rang -qu'on prenne en compte la noblesse ou les hauts faits- ne fricotait avec la piétaille et les pauvres. Ça ne dérangeait pourtant pas la demoiselle, dont la loyauté et l'honneur, ainsi qu'une éducation au milieu du rejet masculin, faisait apprécier en un sens les ostracisés de la société. Bon, elle n'allait pas serrer la main de chaque miséreux, il ne fallait pas exagérer.
    Ainsi donc, la voilà, en civil, au milieu d'une foule d'inconnus. Vêtue d'une tunique et de chausses masculines, elle fait tache, la demoiselle... Sans doute encore plus avec Stone, sa compagne préférée, son épée bâtarde. Celle-ci pend solidement à son côté, n'attendant que d'être dégainée en cas de problème. Heureusement, pas de problème cette fois-ci. Non, pas de problème, juste une surprise de taille. De taille. Haha. Car, en effet, dépassant la foule de plusieurs mètres, était assis quelques mètres plus loin un homme qu'elle connaissait pour l'avoir vu dans des conseils. Le roi Beorn. Que faisait-il donc là ? Jamais le roi rohirrim ne se serrait aventuré aussi loin dans les rues de sa capitale. Jouant des coudes, grognant en direction des hommes les plus agaçants, elle parvint au niveau du souverain, et leva la tête vers lui.



      - Bonjour Sire !

    Et là, hésitation. Elle se voyait mal remettre en place ou ne serait-ce que questionner l'un des grands de ce monde à propos de sa présence ici. En plus, elle se sentait ridicule face à cet homme qui pouvait l'envoyer voler d'un revers de la main.


      - Votre présence ici est bien surprenante ! Vous avez des affaires à régler ?

    Et là, elle vit les gâteaux. Oh. Oui. Bien sûr.
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Lun 27 Mai - 10:59
Le chemin depuis Carrock était une épreuve comme chaque fois, une charrue d’une tonne et quelque tirée par un géant, le tout pendant plusieurs jours de marche. Heureusement que plus des trois quart du chemin étaient à plat, sans relief aucun, limitant ainsi l‘effort de traction. Enfin Beorn était habitué, ce n’était plus une épreuve aussi insurmontable que cela avec les années. Mais il fallait reconnaître que ce petit aller et retour entretenait le Roi, même s’il ne s’agissait pas de l’unique effort qu’il faisait. La route était calme dans la plupart des cas mais dernièrement, sans trop savoir pourquoi, les Orques et les Wargs occupaient un peu plus la plaine ces derniers temps. Comme si quelque chose ou quelqu’un les poussait à prendre des risques sur les terres tenues par les Elfes. Lors de son voyage, Beorn alternait entre forme humaine et forme animal, il était plus simple pour lui de tirer sa charrue sous forme animal lorsqu’il était en pente plus prononcée. Mais pas uniquement. Le géant devait se transformer également lorsque l’ennemi était là. Depuis quelques mois, Beorn pouvait entendre cette fameuse histoire du réveil de Smaug. Cela faisait soixante ans que ce dernier n’avait plus donné de nouvelle et depuis quelques mois, les gens semblaient affolés et les ennemies en branle-bas de combat. Malheureusement, ce n’était pas tout, le Roi pouvait sentir que la nature elle-même se sentait menacée. Ses chevaux devenaient agités, ses chiens devenaient hargneux, grognant en direction de la Foret Noire et ses abeilles produisaient moins de miel et plus de soldats. Comme si quelque chose allait arriver. Et même Beorn sentait un changement dans l’air, comme si le Mal se préparait à quelque chose.
Mais malgré tout ça, il n’y avait rien de concret encore. Donc le Roi faisait encore son commerce comme si de rien n’était. Evidemment, ce dernier ne perdait jamais de vue ce qui se passait, au cas où. Suivant son instinct afin de ne pas être pris par surprise jusqu’à Edoras. Cette ville qui était un des joyaux du Rohan. Le géant s’y rendait plusieurs fois par an que ce soit pour vendre ou pour les réunions. Cela changeait énormément de la Foret Noire mais il fallait bien faire du commerce pour permettre une certaine trésorerie. Beorn n’était peut-être pas un Roi comme les autres mais les siens avaient besoin de revenu pour acheter ce qu’ils leur manquaient. Certains de sa race étaient des Beornides plus urbains que d’autres. La plupart, d’ailleurs, venaient à Edoras. Beorn n’était pas le seul à faire ses échanges dans cette ville. Et ce fut après quatre jours de marche que le géant se présenta à la porte de la cité. Les gardes saluèrent le Roi et l’aidèrent à s’installer sur le marché. Privilège d’être Roi. Tout le monde saluait le géant, certains avec son titre et d’autres avec son prénom. Pour le Beornide, la politesse ne résidait pas dans le vouvoiement ou dans le protocole, il résidait dans le respect et il était tout à fait possible de respecter quelqu’un de sang royal tout en le tutoyant et en l’appelant par son prénom. Preuve en est, certains vouvoie et pourtant ils sont des traitres, voir des assassins.
Déposant sa charrue contre le mur, Beorn commença sa mise en place avant de s’assoir gentiment sur un rondin à sa taille amené par la garde pour que le Roi puisse s’installer confortablement. Les habitués, tout comme la garde, n’étaient plus étonné de voir le géant sur le marché. Un Roi au milieu du peuple, c’était évidemment très rare et cela avait eu pour effet de faire naître des rumeurs disant que le Roi Beorn n’était plus Roi et qu’il avait privilégié la vie de commerçant. Mais bien vite, les choses montrèrent le contraire. Le géant venait soit en commerçant, soit en Roi guerrier marchant vers la salle de réunion de la cité. Les gens étaient toujours aussi étonnés malgré les années qui s’écoulaient. Enfin pour les plus jeunes. Beaucoup venaient sur son stand afin de lui demander pourquoi un Roi aussi puissant que lui venait ici. Et comme chaque fois, il lui suffisait de montrer ses marchandises pour répondre. Ses gâteaux au miel étaient connus dans toute la Terre du Milieu, de la Comté, aux frontières du Harad. Il avait également d’autres spécialités, comme ses gâteaux au citron mais surtout ses armes et armures qu’il forgeait sur commande. D’ailleurs, plusieurs personnes avaient déjà fait des commandes et fournies les métaux. Beorn venait avec une charrue entière mais il repartait rarement à vide. Tous ses gâteaux finissaient vendu mais les commandes d’armes et armures rechargeaient la charrue au retour.
Le début de matinée se passa très bien, Beorn put vendre une bonne partie de ce qu’il avait disposé sur son stand. En général, tout partait en trois ou quatre jours et visiblement le timing semblait se suivre facilement. Client sur client, les gâteaux quittaient le présentoir. Durant un moment de calme, la foule circulant dans les allées, une voix s’éleva, celle d’une femme. Suivant l’origine de la voix, Beorn reconnu la jeune femme. Un Capitaine du Rohan que le géant avait déjà croisé lors de réunions.


« Bonjour Capitaine…Darrek, c’est bien ça ? »

On n’était jamais sûr de rien et il valait mieux demander confirmation à la jeune femme. Comme le géant s’y attendait, la jeune femme fut surprise de voir quelqu’un comme Beorn déambuler parmi le bas-peuple à jouer le commerçant.

« Et bien, on peut dire ça comme ça. Je vends ce que je produis. Mes fameux gâteaux au miel ainsi que des armes et armures sur commande. Et vous, que peut bien faire un Capitaine au marché ? »

Se promener serait une réponse logique mais sait-on jamais. Cela pouvait être une patrouille, après tout la jeune femme avait son épée avec elle alors qu’une dague pourrait suffire et être plus discret pour se promener.
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Lun 27 Mai - 23:25
    Aedis rougit, regardant les marchandises que le géant vendait. Heureusement que personne n'était susceptible de la connaître dans les environs, on risquait de la prendre pour une folle sinon. Bon, pour se défense, elle devait garder les yeux levés pour parler au géant, du coup, le sol et les gâteaux n'étaient pas visibles du premier coup d’œil. Mais elle ne faisait que se chercher des excuses, aussi se reconcentra-t-elle sur son interlocuteur et ses fascinants yeux bruns. Ce géant avait une aura étrange, qui au début avait mis mal à l'aise la Capitaine, avant de se rendre compte qu'elle était surtout rassurante : tout son corps dégageait une impression de force sauvage, mais aussi d'un charisme mené par une sagesse sans doute résultat d'une longue vie. Quand le roi lui répondit, demandant confirmation de son nom, la demoiselle hocha la tête doucement, un sourire sur les lèvres : rares étaient ceux qui ne notaient pas sa présence durant les conseils :

      - En effet, Capitaine Darrek, pour vous servir, Sire.

    Même lorsqu'elle n'était pas dans l'exercice de ses fonctions, qu'elle était civile, ce rang lui était dû... Et puis, en quoi ça l'intéressait qu'elle s'appelle Aedis, Agathe ou Moréane ? Dans l'actuel des choses, ils n'avaient fait que s'entrapercevoir lors de deux ou trois conseils, où de toute façon la demoiselle n'ouvrait que rarement la bouche : ses compétences n'étaient que militaires, et personne n'avait recouru à ce domaine depuis quelques temps déjà. Enfin le vent soufflait, et sans doute des conflits naîtraient ces prochains temps : Aedis le redoutait autant qu'elle ne l'espérait. Sa nature guerrière était en veille depuis trop longtemps maintenant.
    Il enchaîna sur les raisons de sa venue ici. Ses "fameux" gâteaux au miel. La demoiselle ne put s'empêcher de tiquer. Peut-être passait-elle trop de temps entre les murs d'une caserne pour savoir ce qui était "fameux". A part la "fameuse" bière de la Muse Ambrée, elle était quelque peu inculte en la matière. Son éducation et ses premières années lui avaient données des connaissances générales fort utiles, mais qui avait subies la trentaine d'années en vieillissant fort mal.


      - J'essaye de changer de ma routine habituelle : les choses ne sont pas aussi aisées que ne le pensent les sujets, vous devez le savoir mieux que moi.

    Elle n'osait même pas imaginer le poids des responsabilités du Roi du Rohan, de l'Intendant du Gondor, de tous les grands de ce monde. Même si elle travaillait d'arrache-pied, elle était finalement peu de choses. Haussant les épaules, elle reprit d'un ton enjoué :

      - Et les affaires marchent bien au moins ? Avec l'hiver qui persiste, les gens sortent moins, et la production doit être plus dure aussi. Au moins, ici, vous devez commencer à avoir une forte demande en armes et armures...

    Tout le monde en profite de la guerre. Et on ne fabrique pas des lames pour prôner la paix.
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Mar 28 Mai - 9:45
La guerre, c’était le lot de tous les âges, il était difficile de dire si la paix avait durée plus qu’à l’heure actuelle. Cela faisait quatre siècles maintenant que la paix était instaurée mais jamais cette paix n’avait tenue plus d’un âge. Le Mal était bien trop complexe, imprévisible et puissant pour être retenu bien longtemps. Beorn avait déjà affronté le Mal à l’état pur, il était un géant et en tant que tel, il ne vivait pas comme les hommes. Il n’était pas immortel, ça non, mais le Roi était déjà bien vieux et pourtant, il lui restait encore plusieurs décennies à vivre. Il lui restait encore plusieurs guerres à mener.

« Appelez-moi Beorn. Nous ne sommes pas en réunion et je ne suis pas le Roi mais le guerrier et le marchand ici. »

Affichant un grand sourire à la jeune femme, le géant accompagna sa phrase d’un clin d’œil afin de mettre à l’aise son interlocutrice. Le Beornide n’était peut-être pas très sociable mais lorsqu’il était en présence d’autres personnes, il savait attirer la sympathie et l’empathie. La plupart des gens qui parlaient avec Beorn finissait tous par être impressionné et charmé par sa maîtrise. Beaucoup se demandaient comment un être aussi imposant, avec une nature animale aussi envahissante, pouvait être aussi aimable et avenant. Contrairement à ce que beaucoup de monde imaginaient, Beorn n’était pas un homme se transformant en ours, ni un ours se transformant en homme. Il était simplement l’enfant de la Terre du Milieu, il était ce que la nature avait fait de lui. Les deux parts du géant formaient un tout. Formaient Beorn.
Fixant la jeune femme, le géant constata que la jeune femme se mit à rougir. Mise à part le fait que cela rendait cette dernière encore plus belle, les gens n’avaient pas pour réflexe d’associer les gâteaux au miel et le géant ensemble. Ce qui évidemment provoquait toujours la fameuse question.


« Je suis un Roi, un guerrier et un marchand mais je suis avant tout un habitant de la Terre du Milieu. Et être Roi, marchand, ou Capitaine, est tout aussi compliqué qu’être un sujet. Les responsabilités sont simplement différentes selon le cas. Vous, vous protégez, moi, je gouverne et eux, ils offrent leur confiance. Il n’y a rien de pire et de plus difficile que d’offrir sa confiance à des gens que nous ne connaissons pas. En faisant ça, ils offrent ni plus ni moins que leur vie. »

Toujours avec ce même sourire, Beorn jeta un rapide coup d’œil aux gens qui circulaient tout autour. Tous ces gens qui faisaient confiance pour mettre leur vie entre les mains d’un autre. Ils offraient leurs récoltes, leurs nourritures et leur vie à une royauté qui était, dans certains cas, pire que l’ennemi rôdant à l’extérieur des murs de la cité.

« Elles vont bien malgré tout. Mes abeilles produisent moins de miel depuis quelques temps. Elles le sentent…tout comme moi…quelque chose va arriver, quelque chose que l’on n’a pas vu depuis près de quatre cent ans…mes chiens, mes chevaux, tous sont agités. Quand je suis partit de chez moi il y a quatre jours, mes chiens aboyaient encore en direction de la Forêt Noire, vers l’Est. Comme si quelque chose allait arriver… »

Le sourire qui était dessiné sur le visage du géant se changeant en visage inexpressif, le regard dans le vide, fixant un point fictif sur son stand. L’ours en Beorn hurlait que quelque chose n’allait pas, il voulait sortir afin d’affronter cet aura fétide qui rôdait non loin. Un Mal naissant, ou plutôt renaissant, semblait sortir de sa torpeur après des siècles à ruminer dans l’ombre. Quittant ses songes, Beorn reprit la conversation en fixant de nouveau la jolie blonde, redessinant un sourire sur ses lèvres.

« Enfin, pour le moment, j’ai des gâteaux au miel. Si vous en voulez un, Capitaine, je vous l’offre. »

Beorn était certainement plus touché que les autres en raison de sa nature et de l’endroit où ce dernier vivait. Ce qui expliquait l’état d’esprit dans lequel il était…
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Mar 28 Mai - 23:26
    Aedis pinça ses lèvres légèrement. Un roi restait un roi, et même si l'esprit de la chevaleresse était apparemment trop formaté par trente-cinq années dans une société de classe, elle avait du mal à se représenter l'homme comme autre chose qu'un roi. Un roi-guerrier, un roi-marchand, oui. Mais un guerrier, un marchand, seul, non, il n'était décidément pas ça. Roi, comme toute autre fonction, on ne l'était pas seulement quand ça nous arrangeait, on ne pouvait pas ranger sa fonction dans un tiroir et la ressortir plus tard. Cela dit, les paroles de Beorn lui firent esquisser un sourire, qui déboucha sur une "confession" :

      - Vous pouvez m'appeler Aedis, si vous le désirez, Si... Be- Beorn.

    Elle bredouilla son nom, un peu gênée. Dieu qu'elle était coincée dans ses convenances si urbaines ! La hiérarchie, sans doute par envie de monter et grandir en son sein, avait mis en place chez elle des automatismes proches d'une vision figée de la vie. Et pourtant, si elle, une femme de la noblesse, avait pu atteindre un si haut grade dans l'armée, c'est que le système n'était pas aussi rigoriste qu'il n'y paraissait... C'était en effet paradoxal, de voir ainsi une créature s'affranchir des limites, pour l'instant d'après s'y réfugier et les louer haut et fort. Sans doute la nature humaine était-elle de respecter l'ordre établi.

      - La confiance ? J'ai parfois l'impression de ne pas être à la hauteur, si ce n'est que ça.

    Pas de confidences, s'était-elle dit un jour, pas de confidences à des gens qu'elle connaissait à peine, ou qui n'avait aucun lien direct avec elle ; puis, impulsive elle lâchait des mots malheureux qu'elle regrettait aussitôt. S'ébrouant, elle reprit, plus doucement :

      - Excusez-moi... Je me suis un peu emportée.

    Reprenant de l'aplomb, elle écouta le discours du roi, à propos de ce Mal qui s'avançait et ne put s'empêcher de frissonner. Après ces longues périodes de calme, de paix, tous ces évènements qui bouleversaient le monde en même temps la laissant songeuse et glacée. Comme si quelque chose allait arriver...

      - Vous pensez qu'il y a un rapport avec l'hiver, ou même le groupe que l'on dit avancer vers Erebor ? Les temps se troublent, je crois que c'est un fait avéré... Quant à la nature de ce mal, je crois néanmoins que vous êtes plus proche de la vérité que nous... Et je m'inquiète pour nos relations avec le Gondor. Je ne les imaginais pas capable d'espionner ainsi leurs alliés.

    Nouveaux hochements d'épaules. Le monde était fait ainsi.
    Aedis fut touchée par la proposition du roi, et accepta de bon cœur en le remerciant. Mordillant le gâteau, elle en apprécia le sucré, dans un monde où seul le miel avait ce pouvoir... Les cannes à sucre, je ne devrais même pas en parler...


      - Je comprends qu'ils soient fameux ! D'ailleurs, je vais vous en prendre une dizaine... Ca me changera des repas à la caserne.

    Miam la bouillie, miam le réchauffé !
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Mar 4 Juin - 19:18
Le protocole. Qu’est-ce que pouvait bien représenter ce protocole si ce n’est une barrière entre les gens. Beorn voyait bien assez souvent la mentalité changer et devenir plus stricte et instable à la fois. Plus on tentait de maîtriser les choses, plus elles nous échappaient. Laisser faire la nature était le meilleur des protocoles, si cela devait être fait alors cela se ferait. Inutile de tenter d’aller à contre-courant, on ne faisait que s‘épuiser et en prendre un sacré coup au moral. Fixant la jeune femme, le géant écoutait ce qu’elle lui racontait. Aedis. Très joli prénom.

« Enchanté Aedis. C’est un très joli prénom, il est pas courant. »

Avec l’influence des différentes races, le prénom de la jeune femme n’était effectivement pas courant. Mais ce qui l’était, c’était sa réaction. Outre passer le protocole pour une femme devenue Capitaine, c’était comme faire manger des légumes à un Nain. Et cette phobie que l’on pouvait avoir dans sa fonction, ne pas réussir. Aedis était loin d’avoir échoué, elle faisait son possible et Beorn avait eu vent de ses efforts à mesure que le géant participait aux réunions. En voyant la jeune femme aussi mal à l’aise, le Roi ne put se retenir de sourire et même légèrement rire.

« Je vous interdit de ne pas être sincère avec moi. Je ne suis pas un de vos Rois humains. Chez les miens, lorsque quelqu’un à quelque chose à dire, il le dit, sans fioriture aucune. Mon propre bras-droit m’a même déjà dit que le jour où il me verra devenir faible, il me décapitera lui-même. (rire). Et je lui ai répond que je ferais de même. La confiance est une notion très difficile à comprendre. Être sincère avec une personne est un début. Dire les choses, même les pires, est la seconde. Je sais qui vous êtes Aedis, je sais ce que vous avez déjà fait depuis notre nomination. Et je peux vous assurer que les parlent de vous. Ils parlent de cette ravissante femme qui fait tout pour offrir au peuple un meilleur avenir. La confiance que vous recherchez tant de la part des autres, vous l’avez déjà. »

Finissant sa phrase, Beorn lança un clin d’œil à la Capitaine accompagné d’un sourire en coin ce voulant aussi charmeur que possible. Beorn était peut-être un homme mais il était aussi un ours et son instinct lui mentait rarement. Il pouvait sentir chez les autres ce qu’ils ressentaient. Un battement de cœur, des pupilles dilatées, tout ce qui pouvait faire comprendre les sentiments des autres. Et lorsque le peuple voyait Aedis, les visages s’illuminaient sans retenu, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Même si en parallèle, les rumeurs et les ombres rôdant un peu partout ne laissaient que peu de répit au Capitaine et au peuple.

« Tout est lié. Mais à savoir qui va être touché, c’est encore autre chose. Si les liens avec le Gondor s’enveniment, le combat contre les Orques, les Wargs et les Gobelins va être bien plus compliqué. »

Comme toujours, l’homme aime changer. Les Alliances naissaient et mouraient selon le temps et le sens du vent. C’en était lamentable de voir aussi peu de tenue dans ses principes. Heureusement, pour la bouffe, c’était autre chose, tout le monde était tenu par son estomac.

« Et bien, servez-vous. Et avec ça, je vous offre un gâteau au citron, pour goûter. »

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Mer 12 Juin - 0:34
    Aedis s'inclina légèrement, sourire aux lèvres. Elle n'avait pas choisi son prénom, mais elle appréciait sa douceur, et qu'on la complimente sur ce point ne la gênait pas outre mesure. Elle ne connaissait pas vraiment ses origines, mais supposait qu'il avait des racines elfiques ; elle demanderait un jour ou l'autre à sa mère. Ou à son père, peut-être plus à même de connaître une étymologie venant de sa race.
    Écoutant les mots du géant, elle ne sut que répondre. Quand un roi devenait faible, ou inapte à assumer sa charge, il était toujours mieux de choisir quelqu'un qui saurait prendre les décisions, et mener le peuple vers la lumière (ou la prospérité, ou la paix, tout ça, c'était du pareil au même), mais... Comment soustraire un souverain à la loyauté populaire, après des années d'un gouvernement stable et juste ? Si un roi tombait malade, soudainement, le remplacer était délicat le plus souvent... C'était le même problème pour la descendance, si un idiot, un vantard ou un orgueilleux montait sur le trône. Les gens, pour la plupart, restaient fidèles à un État, à une lignée... Bref, peut-être que le système du peuple de Beorn était le meilleur.


      - Je vous remercie, vos paroles me font chaud au cœur. Sans doute mon manque de confiance vient-il de mon... Originalité. Elle esquissa un sourire : J'ai de la chance d'être montée aussi haut. Beaucoup de femmes rêvent d'être à ma place, sans avoir eu mes chances au départ. Je n'ai pas eu à me marier étant toute jeune, et j'ai été libre depuis toujours. Et si malgré tout, la population me fait confiance... C'est la preuve que j'ai atteint mes objectifs, et je m'en réjouis.

    Ils parlèrent ensuite politique, et Aedis ne put s'empêcher de frissonner. Si une guerre éclatait, il faudrait que tous fassent des choix. Mettre une armée en branle tout en continuant à protéger les hameaux contre les attaques des créatures maléfiques risquait d'être complexe, voire impossible à mettre en place. Il faudrait faire des choix, des sacrifices... C'était inévitable, et la chevaleresse fut tout à coup terrifiée par cette éventualité. Aujourd'hui, c'était à elle de prendre ce genre de décisions.

      - Comme tous, nous allons faire notre possible... Trouver des alliés, renforcer l'entraînement de nos troupes, recruter dans le vivier de la réserve... Déjà, les casernes se préparent au pire. [i]Elle hésite un instant, reprend : il n'y a pas ces soucis chez vous... Du moins, pas de menace de conflit avec un pays voisin. Pourtant vous semblez presque plus inquiet que nous...

    Aedis tendit finalement les pièces nécessaires pour sa dizaine de gâteaux, tout en goutant l'autre sorte. Tout aussi bon, elle préférait tout de même le miel au citron, plus doux.

      - C'est un sacré travail qui repose sur vos épaules, entre vos activités de marchand, et de roi... Nos dirigeants devraient sans doute se bouger comme vous le faites, pour voir la réalité des rues.
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