Life is either a great adventure or nothing.
Il l’avait pourtant répété bien des fois alors que le magicien s’était présenté devant lui à Cul-De-Sac, il avait des choses prévues et n’avait aucunement envie de sortir de chez lui pour le moment. Autant dire que cela n’avait pas plus au magicien. Bilbon eut bien peur que Gandalf ne se mette en colère et fasse exploser son tour avec des fusées magiques. Alors, il lui proposa de partir dès le lendemain matin pour la destination qu’il souhaitait lui montrer. C’était tout de même assez mystérieux et cocasse que le magicien ne lui dise rien et qu’il accepte si facilement. Bilbon ne l’avait plus vu depuis des années et tout ce dont il se souvenait était ses feux d’artifice. D’une grande qualité entre nous, et qui le faisait fort rêver quand il n’était qu’un tout petit hobbit. Mais aujourd’hui, le magicien restait inconvenant quant à ses obligations et si Bilbon n’avait qu’une envie de prendre son goûter en compagnie de quelques hobbits du village. Il n’était pas certain que cette accalmie serait possible toute la journée. D'ailleurs, il eut raison de penser ainsi. Le Magicien revenu une fois à la charge alors qu’il dressait la table dans le carré de pelouse qu’il faisait entretenir par une autre famille de hobbits, bien qu’il aime le faire lui-même temps à autre, mais là n’était pas la question. Quand il ouvrit la bouche, le magicien le coupa d’un magistral.
« Je n’ai que faire de votre goûter entre amis Bilbon Sacquet ! » Autant dire que vu le ton du magicien, le hobbit blêmit de suite et sans plus de ménagement prit un peu de repos sur une chaise qu’il n’avait pas encore glissée sous la table. C’était vraiment très très déplaisant d’être dans le collimateur du magicien, si bien que le semi-homme demandât de quoi il avait besoin pour leur excursion ou visite, qu’importe, de toute façon, il ne savait pas.
Le magicien lui répondit qu’il y aurait une halte aux Havres Gris avant d’atteindre leur destination finale. À croire finalement que Bilbon et Gandalf allaient se rendre à l'ouest d’après les compétences en géographie que le hobbit possédait et qu’il vérifiât en rentrant dans son trou préparer un sac en cuir contenant quelques affaires rudimentaires, mais pas moins élégantes.
C’est évidemment bien tard qu’ils arrivèrent aux Havres Gris. Discret, Bilbon n’avait jamais d’elfes d’aussi près. En vérité, il trouvait ce peuple aussi passionnant que mystérieux. Et de toute façon, les personnes deux fois plus grandes que lui avaient de quoi l’intimider. Cependant, il fût surpris, et assez agréablement, de leur hospitalité, tout comme des relations très amicales que le magicien semblait entretenir avec ce peuple tout bonnement pacifique et passionnant. Il ne resta cependant pas longtemps pour souper, préférant rejoindre son lit la plus rapidement possible, alors qu’il pensait devoir envoyer une lettre d’excuse à ses amis afin de s’excuser pour cet imprévu lors du goûter. Mais décidément, il ne pouvait contredire le magicien qui l’accompagnait. Bien que Gandalf soit fort sympathique, il n’en restait pas moins nébuleux sur ses intentions et Bilbon avait toutes les raisons du monde de s’inquiéter à ce sujet. Qui sait peut-être voulait-il le laisser en pâture à des trolls ou à toutes autres créatures ? En tout cas, cette simple pensée le fit tourner quelques heures dans son lit alors que les deux compagnons, d’infortune pour le hobbit, reprenaient la route dès l’aube afin d’arriver à destination le plus rapidement possible. Et Bilbon espérait que cette destination serait confortable et accueillante, au même titre que celle que les elfes leur avaient offerte ce soir même. Et si la nuit fut relativement agréable, le réveil au son de quelques chansons elfiques le fut tout autant, cependant, remontrer à dos de poney n’était pas la tasse de thé de Monsieur Sacquet, qui depuis cette nuit, avait perdu toute notion de géographie, ne pouvant ainsi pas envisager la destination de la journée.
Cependant, si le hobbit pouvait regarder le paysage tout à fait époustouflant de la Terre du Milieu, il comprit bien vite en voyant les Monts bleus se rapprocher à grands pas. Et dire qu’après les elfes, il allait goûter à l’amabilité des nains. Il flagellait intérieurement le magicien, qui lui jeta un regard malicieux comme s’il avait compris ce à quoi il pensait. Ainsi, Bilbon ne se risquerait plus à aucune pensée négative vis-à-vis de Gandalf et il s’en fit mentalement la promesse.
L’heure du déjeuner n’était encore pas passée quand les deux compères arrivaient devant la grande porte de la cité naine dans laquelle ils allaient pénétrer. Des nains, Bilbon n’avait rien du tout, contrairement à eux, il avait de la barbe sur les pieds et voilà toute la pilosité qu’il devait avoir sur son minuscule corps. Cependant, il écouta d’une oreille distraite ce que dit le magicien, ne voulant absolument pas le comprendre, sinon il l’aurait compris, son ami n’étant qu’à quelques mètres de lui en train de les annoncer.
« Qui allons-nous rencontrer Gandalf ? » Maintenant qu’il savait où ils devaient se rendre, peut-être pourrait-il savoir à l’avance qui ou quoi ?
« Vous le saurez bien assez tôt, Monsieur Sacquet. Avancez maintenant. » Descendu de son poney, il tenait fermement la bride de l’animal avant de le confier à des nains à l’entrée des lieux. Évidemment, les poneys n’étaient pas des animaux de compagnie et ils avaient leur place. Pourtant, c’est bien sur les pas du magicien qu’il se calla, admirant à la fois l’architecture, la richesse des vêtements, des meubles, des maisons troglodytes que l’on voyait dans la montagne. Les nains étaient, de ce qu’il avait entendu, un peuple vaniteux qui aimait les belles choses. Bilbon se fit la réflexion qu’on pouvait aimer les belles choses quand on les déterrait, encore plus que quand on les voyait sur une étale de marché. Pourtant, le chemin semblait interminable, sans dire qu’il s’agissait d’un véritable labyrinthe pour le hobbit qui ne pourrait retrouver seul la sorte de la montagne, et qui ne saurait surement pas s’adresser à l’un de ces nains qui sentait le souffre et la fumée. Assez exaspéré alors que le magicien s’arrêtait enfin pour regarder où était le semi-homme, il lui demanda une nouvelle fois, d’une voix plus aigüe et impatiente.
« Allez-vous me dire ce que nous faisons ici enfin !? »(c) nightgaunt