Gigotant dans ses langes, l’enfant avait déjà une vivacité qu’on voyait rarement. L’accouchement, de la femme d’un des diplomates de la cité, avait été éreintant. Un premier enfant, un premier cristal d’amour. Une petite fille, qui n’aurait rien d’une grande dame sans doute. La famille n’était pas noble à l’époque et ne le serait pas à l’avenir. Mais chacun des deux époux avait une renommée dans leurs domaines. Si ce mari aux cheveux roux avait un don naturel pour les belles paroles et l’art de la diplomatie. Cette elfe blonde avait tout autant de talents dans les peintures et la broderie qu’elle affectionnait pour décorer les langes et les futurs vêtements de ses enfants. Cyrïelle venu au monde difficilement, de longues heures avaient passé, avant de voir le visage rosé de l’enfant. Mais le jeu en avait valu la chandelle de toute part. C’était leur enfant et cet enfant qu’ils prendraient plaisir à éduquer et à aider dans ses choix de vie. Cette petite elfe était loin des critères de beauté ou d’éducation qu’on demandait. Si elle était réservée durant les premières années de sa vie, Cyrïelle commença à tenir tête à ses parents lorsqu’elle eut le courage qui prit le dessus. Des réprimandes gentillettes, ou de grosses colères à en effrayer certains. Cyrïelle a sans doute été plus élevée par sa tendre mère que par son père, trop souvent absent de par ses responsabilités de diplomate.
Jusqu’à cet instant où elle apprit qu’elle ne serait plus seule dans leur grande maison aux mœurs modestes.
Grande sœur, c’est ce qu’elle comprit quand ses deux parents lui firent comprendre. Elle avait tous justes cinq cents ans et développait déjà des compétences en broderie comme sa mère. Il est bien naturel que le développement de l’enfant soit plus lent à la vue de l’éternité que représentait la vie des elfes. Cependant, cette petite hybride d’un Nandor et d’une Sindar, aurait la chance de partager son vécu avec un petit frère ou une petite sœur. Redoublant d’efforts pour venir en aide à sa mère, comme à son père, elle apprit la patience et le manque de confiance en soi durant cette période au combien stressante.
Puis finalement, Maheliane est arrivée parmi eux.
Héritant des cheveux roux de leur père, Maheliane et Cyrïelle eurent de merveilleux jours, bien que les premières années fussent consacrées à l’apprentissage de la grande sœur. Si la mère pouvait enfin transmettre son savoir à l’une de ses filles en matière d’enfants. Cyrïelle se révélait être assez peu disciplinée pour cette matière, bien qu’affectionnant sa petite sœur comme si elle était sa propre fille par moment. L’idée de s’occuper de bébés elfes, comme ceux des autres peuples ne l’enchantaient guère. Préférant de loin rêvez de voyages au fil des présents que son père leur ramenait à elles deux. Si Maheliane suivit de très près les exploits de leur mère durant ses jeunes années, c’est à l’âge de mille ans que Cyrïelle demandât enfin à son père de suivre également le chemin de la diplomatie. Cherchant à vivre d’extraordinaires aventures, elle eut la surprise d’être tout aussi hargneuse qu’intempestive ou encore maladroite dans ses mots. Il fallut un certain nombre de leçons pour la rendre apte devant d’autres diplomates. Et encore une fois, elle ne parlait que peu face à certains peuples. Préférant la diplomatie des Hommes de Dale à celle des Nains d’Erebor. Chacun avait des traditions des coutumes, qu’il ne fallait en rien oublier durant de longs débats. Et combien de fois son père la retrouva endormie sur un livre pour étudier les peuples et leurs traditions.
Néanmoins, ce qu’elle préférait dans cet exercice diplomatique, c’était les traités commerciaux et les échanges de marchandises précieuses. Ainsi, elle put participer à grand nombre d’échange au sein de la Montagne solitaire pour négocier des gemmes et leurs acheminements. Ce qui faisait qu’elle faisait très bien la paire avec son père spécialisé également dans le commerce. Et l’un de ses amis : Angar. Elfe des havres gris, il préféra sans doute la compagnie des elfes de Mirkwood quand il venue s’y installer quelques années avant l’arrivée de Smaug. Cependant, il restait spécialisé dans les traités de paix et de guerre. N’étant cependant pas stratège, il savait assez bien manier les mots pour convertir n’importe quel convaincu à la cause belliqueuse. C’était dire que ce trio de plusieurs générations avait fait ses preuves dans la région ou encore dans d’autres royaumes en Terre du Milieu.
Cependant, l’arrivée de Smaug bousculât des habitudes, brisa des familles, et finalement ce trio de diplomates.
Dire qu’elle avait pu être attirée par le physique de cet homme aux cheveux de jais était sans doute mentir, mais elle se sentait attaché à cet elfe qui avait envie de lui inculquer l’art des traités de guerres. Lui donnant une nouvelle corde à son arc. Angar était devenu comme un membre de la famille. Si bien que la nouvelle de sa disparition, voire de sa mort révoltât la jeune elfe. Si elle ne put partir directement à sa recherche, elle dut attendre quatre longues années avant d’avoir quelques fonds et la bénédiction de ses parents. Quel elfe intelligent lisserait partir son enfant parcourir la terre du milieu de long en large pour une cause perdue. Père et mère se sont sans doute dit qu’elle perdrait vite patience, elle qui n’en avait que peu. Mais elle partit et on ne l’a toujours pas revu passer les portes de la cité sylvestre depuis soixante ans. S’attardant parfois sur des broutilles d’indices. Elle refusait de croire à la mort de son ami, de l’ami de son père comme le sien. En quelque sorte Angar était un ami et un maître dans l’art diplomatique. Si la royaume avait sans doute pu se passer de ses services, elle refusait qu’on oublie sa mémoire si facilement. Des années, elle parcourut le Rhovanion de long en large, croissant parfois ses pairs, demandant parfois des nouvelles, en donnant à d’autres occasions. Il n’y a jamais eu de rumeurs concernant la mort de l’elfe blonde. Cependant, voilà dix ans qu’on en a plus entendu parler. Dix ans que si elle a perdu patience, elle ne peut se résoudre à rentrer bredouille chez elle. Sans savoir si elle avait perdu espoir ou si elle avait envie de dédier sa vie à d’autres aventures, Cyrïelle s’établit non loin de Mirkwood.
Loin d’être une prison, elle a trouvé une vie plus calme à Esgaroth. Plus simple, plus humaine.
Si son physique ne cache pas son ascendance, Cyrielle fait en sorte de toujours cacher ses oreilles du mieux qu’elle le peut par ses cheveux ou des bandeaux les cachant en attachant ses longs cheveux blonds. Elle n’en a pas honte, mais ne désire pas être des plus vues. En effet, voilà des années qu’elle a peur d’elle-même et de ses talents. Si certains dans sa famille ont pu la rassurer au sujet de ses visions, la demoiselle est effrayée par ses rêves. Elle a peur de voir la mort de ses porches ou une autre catastrophe. Néanmoins, rien de tout cela n’est clair dans son esprit, tout ce qu’elle pourra voir clairement est la dispute entre un pêcheur et sa femme. Sans qu’elle ne puisse rien n’y changer véritablement. Elle n’est pas réellement altruiste au sujet de ce qu’elle voit refusant de faire face à ce don des Dieux. Elle n’est déjà pas capable de voir de grandes choses, alors il lui est impossible d’intervenir dans les rêves pour y dialoguer. Bien qu’elle voudrait le faire par moment pour parler à sa sœur. C’est d’ailleurs grâce à des échanges entre Mirkwood et Esgaroth qu’elle arrive à transmettre des missives à sa sœur, faisant croire qu’elle est encore sur les routes. Et de tout ce qu’on sait d’elle. Cyrïelle n’est pas encore décidée à rentrer. Supportant agréablement le peu de responsabilités qui pèsent sur ses épaules, alors qu’elle sait pertinemment qu’elle pourrait en prendre plus face à l’oppression qu’elle subit, elle et les habitants du lac.