Shaelin & Eodia
Installée sur le rebord d’une fenêtre, mes deux coudes sur la pierre grise, je laisse mon regard dériver sur mon nouveau monde. Sur ce nouvel univers qui est le mien. Si la princesse Eléanore a accepté ma présence et mon passé relativement houleux sans un seul instant de doute, il n’en est clairement pas de même pour tout le monde. Je n’ai jamais été une catin ou ce genre de chose. Non, j’étais une honnête travailleuse, la fille légitime d’un fils tout ce qu’il y a de plus illégitime. Et, ce qui m’a valu bon nombre d’ennuis à Helm, c’est ma langue trop acérée. Ça, il est plus que clair et net : je ne changerais jamais. Je ne sais pas garder pour moi ce que je pense. Non, je suis le genre de personne à dire à tout le monde ce que la bienséance devrait me forcer à garder pour moi. Mais, je n’ai jamais réussi à apprendre ce genre de choses. Ça non.
En entendant des pas dans mon dos, je jaillis du balcon pour arriver dans le couloir. Ely vous… Oh. Je m’arrête et contemple la demoiselle qui me fait face. Je fais une grimace digne de celle d’un enfant de trois ans, figée sur place, avant de me reprendre et de m’incliner comme le veut la bienséance. Si je ne suis pas capable de dire quoi que ce soit en ménageant la sensibilité des personnes que j’ai en face de moi, je suis tout de même bien élevée, et de ce fait, je sais faire de très jolies révérences. Dame Eodia, veuillez me pardonner. J’ai cru que quelqu’un d’autre arrivait. Sa sœur, pour être sincère. Il ne m’a pas fallut plus de quelques jours pour oublier totalement le protocole avec elle. Eléanore est adorable. Et, elle accepte mes idioties. Alors, le petit surnom adorable est arrivé tout seul. Là, pour le coup, j’espère que je n’ai pas fait de boulette. Être la suivante d’une princesse, ça apporte son lot de problèmes directement, alors quand il s’agit de moi, on peut doubler la dose ! J’ai un peu de mal, je l’avoue, à réaliser qu’il y a autant de monde qui peut surgir d’un couloir. Lorsque je vivais au gouffre de Helm, ma famille vivait dans un endroit bien plus modeste. Une masure pour être exacte. Mais, Eodia devait être au courant, déjà, de toute ma vie. Elle a du vérifier qui on envoyait servir sa sœur. Moi, en tout cas, je l’aurais fait.