[TERMINÉ] « The sky's awake, so I'm awake. » | Eléanore & Eodia

Éléanore & Eodia
   
   

Le soleil perça dès la première heure du jour à travers la fenêtre de la chambre d'Éléanore. La veille, elle avait pris soin de ne pas tirer les rideaux. Sentimentale, elle donnait une importance capitale à des choses infimes. C'est pourquoi elle tenait par dessus tout à s'éveiller avec les premiers rayons de soleil et profiter de l'air frais du matin. Un sourire s'étira sur son visage encore à moitié endormi et elle s'étira en repoussant ses draps. Cette journée, elle le sentait, serait belle et joyeuse, envers et contre tout. Les problèmes de l'extérieur ne gâcherai pas sa bonne humeur. Éléanore était d'autant plus souriante qu'elle savait qu'elle verrait Sancertan au déjeuner, comme il le lui avait promis la veille. Et ce matin, la princesse avait envie de passer du temps avec sa jeune sœur. Au fond, elle espérait qu'elles finiraient par trouver un terrain d'entente avant que cette histoire de dispute autour de ses fiançailles ne s'envenime. Une fois debout, Éléanore enfila une grosse robe de chambre bien chaude et suffisamment fermée pour pouvoir se balader dans le palais. Sa servante essaya bien de la convaincre de s'habiller, mais en vain. La princesse n'aimait pas qu'on lui dise quoi mettre, comment et quand.  Quittant sa chambre, elle traversa le couloir et frappa à la porte d'Eodia. Comme celle-ci ne répondait pas, elle entra. La chambre était plongée dans l'obscurité car le soleil n'était pas encore face à sa fenêtre et elle avait pris soin de tirer ses lourds rideaux. Autrement dit : elle avait prévu de faire la grasse matinée. Un sourire sadique s'étira sur les lèvres d'Éléanore. Pas de repos pour les braves. Elle sauta donc sur le lit.

« Allez debout ! Tu viens prendre le petit-déjeuner ? J'ai envie de faire une balade à cheval ce matin. Tu veux qu'on fasse la course ? Debouuuuuuut !! »

La princesse sautillait aux pieds du lit tout en faisant tout ce remue-ménage. Sûrement qu'avec sa voix qui portait bien, elle allait réveiller tout le palais en même temps que sa sœur. Tant pis, elle n'avait pas du tout envie d'être seule ce matin. Sa dispute avec Eodia n'avait déjà que trop durée, il était temps de passer aux réconciliations, aux explications et aux câlins. Les marques d'affection de sa soeur commençaient à lui manquer.

Éléanore & Eodia

L'oreiller arriva à une telle vitesse qu'Ely n'eut aucune chance de l'esquiver. Du coup, elle se contenta de fermer les yeux et d'amortir le choc comme elle le pouvait. L'hilarité de sa sœur troubla d'abord l'aînée, puis elle abandonna sa bouille déconfite pour joindre son rire au sien. Après tout, elle ne lui avait pas vraiment fait mal et cette attitude tenait plus d'une chamaillerie ridicule entre enfants qu'à un début de dispute comme les deux jeunes femmes avaient l'habitude de vivre ces derniers temps. Aujourd'hui, Eléanore n'avait aucunement envie d'entrer en conflit avec Eodia. Il n'y aurai pas de Sancertan ni de Thodir dans leurs conversations ce matin. Pourtant, Ely ne pu s'empêcher de penser à son fiancé lorsque sa sœur proposa une discrétion totale afin de quitter Méduseld sans escorte encombrante. Sancertan lui avait demandé comme une faveur de ne plus prendre de risques inutiles en se promenant sans garde royale. Mais ce n'était pas vraiment amusant d'être un couple s'il n'y avait pas quelques conflits de temps en temps, n'est-ce-pas ? Et puis Ely ne pouvait pas éternellement réprimer son goût prononcé pour l'aventure et le grand air.

« Bon d'accord. Pas d'escorte, pas de nounou, rien que toi et moi dans les plaines, le vent dans les cheveux. Mais on ne peut pas partir le ventre vide ! » Dit-elle.

A ces mots, le bruit significatif de son estomac gargouillant se fit entendre. De nouveau, la princesse se mit à rire de bon coeur, amusée par les réactions de son propre corps lorsqu'il était question de nourriture. Le petit-déjeuner, c'était son point faible. En cet instant, elle aurait donné n'importe quoi pour un bon thé glacé et quelques petits pains chauds. C'est probablement plus à cause de sa gourmandise que pour son impatience qu'Eléanore tira finalement sa petite soeur de son lit et tira les rideaux.

« Allez enfile quelque chose, je crois que Melissandre nous a préparé quelque chose dans la cuisine. » Dit-elle en parlant de sa servante.

Ely se vantait toujours d'avoir une servante discrète et loyale qui acceptait de se mêler à toutes ses bêtises et ses cachotteries. A chaque fois que la princesse faisait le mur ou brisait quelque chose, Melissandre était là pour inventer une histoire et l'innocenter auprès du roi. En ce qui concernait Sancertan en revanche...pas moyen de le tromper, il était trop malin et connaissait trop bien sa fiancée pour comprendre les vrais faits.

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Au final, le petit-déjeuner fut une étape rapide, car malgré son copieux appétit dont la réputation n'était plus à faire, Éléanore mourrait d'envie et d'impatience à l'idée d'une escapade interdite en compagnie de sa petite sœur. Les deux jeunes femmes n'avaient plus tellement le temps de profiter de leur compagnie mutuelle ces derniers temps, comme les menaces extérieures se faisaient de plus en plus présentes dans le royaume. Quiconque, dans de telles circonstances, aurait d'ailleurs évité d'aller se promener sans escorte, surtout en ayant du sang royal dans les veines. Mais ces princesses-ci n'étaient pas n'importe qui et la peur ne régissait pas leur vie. Enfin... C'était en tout cas vrai pour Ely, dont le goût pour l'aventure éloignait l'attention très loin de ses responsabilités. Peut-être n'était-elle tout simplement pas faite pour la vie de château, comme elle ne comprenait pas l'utilité d'avoir des serviteurs ou de se faire protéger au lieu d'apprendre à se défendre soi-même.

Une fois une moitié de tartine engloutie, Éléanore remercia Melissandre d'une bise sur la joue avant d’entraîner sa sœur dans l'écurie. Leurs chevaux les accueillirent avec une joie évidente, ravis d'aller dégourdir leurs jambes, eux aussi. Les princesses firent une longue ballade et arrivèrent en haut d'une colline. Devant elles s'étendait une large plaine parée d'herbes hautes et dorées. Celle-ci menait jusqu'à Edoras en ligne droite. La proposition de sa sœur fit sourire Éléanore qui avait déjà raccourci ses rênes, pressentant ce qui allait se passer ici. Et elle avait vu juste, car déjà Eodia filait comme le vent devant elle, bien décidée à la distancer.

« C'est parti ! » S'exclama l'aînée.

Un éclat de rire clair et pur s'échappa de la gorge d'Ely alors qu'elle pressait sa monture jusqu'à ce que son retard soit rattrapé. Toutes deux lancées au grand galop, côte-à-côte, offraient un merveilleux spectacle de joie et de liberté au peuple d'Edoras qui pouvait les voir arriver depuis la cité. Cette journée, par cette simple balade, semblait promettre une certaine sérénité à Éléanore. La vue des bannières ornées d'un cheval blanc lui firent d'abord plaisir car c'était chez-elle, mais, au fond, la rendirent un peu triste. Déjà la réalité était en train de les rattraper.  

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Éléanore était femme à profiter de la moindre minute de liberté qu'elle pouvait s'offrir, au milieu de son emploi du temps surchargé. Elle savait parfaitement qu'elle était d'ailleurs déjà en retard pour son rendez-vous avec Sancertan, mais le fait même d'avoir des obligations gâchait tout le plaisir de cette promenade à cheval. C'est pour cette raison qu'elle soupira lorsque sa petite soeur - éternelle enfant sage et disciplinée - tenta de la rappeler à l'ordre. Oui en effet, il était temps de rentrer, mais Ely n'en avait pas envie. C'est ce qu'elle s'apprêtait à lui répondre lorsque le hennissement d'un cheval lui fit lever la tête. Quelqu'un arrivait de la cité, droit vers elles, au galop. Malgré ses prières pour que ce soit un simple garde, la princesse du rohan du bien admettre que cette silhouette élancée n'était autre que celle de son fiancé. Il n'omettrai probablement pas de lui faire la leçon sur son inconscience et son manque total de responsabilités. Peu encline à donner une raison supplémentaire à Eodia d'être contre leur mariage, Éléanore s'empressa de l'inviter à partir.

« Tu n'as qu'à rentrer, pars devant. Je vais rester un peu plus longtemps et me promener avec Sancertan. » Elle marqua une pause et n'oublia pas de rassurer sa soeur, toujours prête à s'inquiéter de tout. « Je ne risque rien avec lui, tu le sais. Je te verrai plus tard, c'est promis. »

 

Éléanore & Eodia
   
   

La princesse aînée du Rohan serra les dents lorsque sa cadette insista pour qu'elle rentre avec elle à Meduseld. Bien que cette réaction soit prévisible compte tenu de son avis concernant Sancertan, la plus âgée ne pu s'empêcher de se sentir agacée et blessée par cette attitude qu'elle espérait dissipée depuis le temps. Eléanore fronça les sourcils et ne pris pas la peine de tourner la tête pour croiser le regard d'Eodia. Son inquiétude était aussi inutile qu'insultante. Pourquoi refusait-elle d'accepter son fiancé à elle, alors qu'elle faisait tant d'efforts pour accueillir Thodir comme un prince ? Sa sœur lui devait bien un peu de confiance, non ? Pour cela, elle s'autorisa un ton particulièrement sec, contrairement à d'habitude.

« Je reste. » Dit-elle avec une voix froide.

Sancertan méritait d'être respecté ici, mais visiblement ce n'était pas là l'avis de tout le monde. Pourquoi personne n'acceptait de voir en lui ce qu'elle y voyait, elle. Ce n'était pas un monstre, il l'aimait sincèrement, elle en était persuadée. C'est le coeur lourd de contrariété qu'Eléanore écouta le cheval de sa sœur s'éloigner. Au même moment, son fiancé arrivait à ses côtés, rassuré de la voir en un seul morceau.