Et si on remontait loin dans le temps ? Loin ... très loin. Pas quelques semaines. Pas quelques années. Mais remonter à un millénaire. Voire un et demi. Pratiquement deux à dire vrai. En ce temps là, Valaina était une jeune elfe. Charmante. Entêtée. Très entêtée. Une tête brûlée. Qui ne faisait ... Comment dire ... Qui se fichait un peu de ce qui pouvait lui arriver. En ce temps là, tout ce qu'elle voulait, c'était ... découvrir le monde. Et surtout, retrouver un bijou qui avait appartenu à ses parents. Bijou dérobé lors d'une attaque de Gobelins qui avait eu, pour conséquence, de se retrouver orpheline et d'être accueillie à Fondcombe. Oh, on l'avait chérie. On s'était bien occupée d'elle. On lui avait donné amour et attention. Elle avait grandi avec deux jumeaux diaboliques qu'elle considérait comme ses frères -ce qui était toujours le cas-. Pas la vie rêvée. Mais une belle vie quand même. Et Valaina avait besoin de quelque chose ... pour la raccrocher à ses parents. C'était peut-être stupide. Elrond lui avait dit, à de nombreuses reprises, que sa quête était vaine. Qu'il existait de nombreuses et de nombreuses grottes dans les montagnes et qu'elle ne retrouverait jamais ce bijou. Mais elle n'en avait fait qu'à sa tête. Comme toujours. Quoi que, à présent, elle était quand même bien plus sage et bien moins bornée que par le passé. C'était même plutôt elle qui réprimandait les autres. Surtout les deux jumeaux diaboliques. Rha ces deux là ! Toujours à la faire tourner en bourrique. Mais il y avait une autre personne ... Qui avait le même effet. Un jeu du chat et de la souris qu'ils jouaient, tous les deux. Et ce depuis leur rencontre. Je te suis, tu me fuis, et vice et versa. Une longue histoire tous les deux.
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Leur première rencontre avait été catastrophique. Ou du moins, certains pourraient considérer cette rencontre contre catastrophique. Ils avaient échangé quelques mots. Mais ils n'avaient fait que s'envoyer des piques. Pas une véritable conversation. Il fallait dire qu'il l'avait stoppée dans ses mouvements. Elle qui était à la chasse aux gobelins, à fouiner dans leurs cavernes pour retrouver ce bijou dont elle tenait tant ! Un jour, elle le retrouverait. Un jour, elle arrêterait cette poursuite, ce rêve dingue. Quoi que ce n'était pas un rêve. C'était un but qu'elle s'était fixée. Ce bijou, il était à elle. Et elle ne voulait pas le laisser entre les mains de Gobelins. Elle y arriverait. Quoi que ce qui la travaillait, en ce moment, ce n'était pas le bijou qu'elle recherchait. Mais plutôt cet Elfe au regard ténébreux. Un Elfe pas comme les autres. Un Elfe qui lui serait difficile de retrouver, du fait qu'elle n'avait pas son prénom. Elle ne savait pas qui il était. Ni d'où il venait. En quelque sorte, il l'intriguait. Fortement. Il la perturbait. A un point qu'elle n'aurait pu mesurer. Comment diable un homme qu'elle n'avait rencontré que durant quelques secondes, avec qui elle n'avait que très peu conversé, pouvait-il faire pour lui faire battre son coeur ainsi ? Pourquoi pensait-elle à lui alors qu'elle ne le connaissait pas ? Comment diable était-ce possible ? Valaina n'en savait rien. Mais elle était perturbée. Fortement perturbée. Et d'une certaine manière, je crois que ça lui plaisait bien.
Quand bien même cet homme l'intriguait, elle n'avait pas perdu de vue son objectif. Et elle continuait ses petites escapades dans les grottes les plus sombres. Elle allait toujours plus loin. Comme si des ailes lui avaient poussé dans le dos. Enfin, quelque chose dans le genre. Peut-être ... qu'elle s'attendait, d'une certaine manière, à le voir sortir du bois ? Va savoir. Quoi qu'il en soit, à nouveau, elle s'était attirée des ennuis. Elle était tombée sur un camp un peu plus gros que le précédent. Et elle était en train de batailler pour sauver sa peau. Et voilà qui sortant du bois ? L'Elfe ... sur qui elle voulait tomber. Au fond d'elle, elle était ravie de le revoir. Seulement, elle n'allait pas le montrer. Ou bien le lui dire. Oh que non. Elle allait garder ça pour elle. "Encore vous ?" fit-elle en prenant un air indigné. "J'en viendrais presque à croire que vous me suivez !" Leur rencontre remontait à quelques mois. Elle l'aurait remarqué bien avant si, effectivement, il l'avait suivie. Le destin. En quelque sorte.
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Lun 7 Juil - 20:05
Back to the past [Valaina]
Cette histoire de destinée, de vous à moi, rien de plus que des balivernes. Une sorte de déchargement de ces personnes qui ne se donnent pas les moyens de faire de leur vie un voyage guidé, essentiellement, par leur propre volonté. Néanmoins je reconnais qu'il y ait bien une chose dont nous ne pouvons nous défaire et ce malgré les efforts les plus démesurés: la Mort, qui finit inévitablement par nous rattraper. Après tout, tout a un prix et ce que l'on emprunte est forcément appelé à retourner à l'être, matériel ou non, nous ayant accordé cette faveur. Je parle surtout pour les autres peuples, comprenez-bien que pour les elfes c'est un tant soit peu plus délicat. Rien n'est fatalité selon moi, car rien ne s'arrête, tout recommence sans cesse: notre existence suit toujours cette même "boucle de la Vie", comme le cycle naturel du jour et de la nuit ou encore celui des saisons, lorsqu'il n'est pas perturbé par la magie, évidemment... En revanche, les coïncidences rapprochant certaines gens, j'y crois plutôt assez puisque les âmes visant un même but se retrouvent quoi qu'il en soit réunies, quant bien même tout un continent les sépare. Pourquoi vous dis-je tout cela ? Ma foi, pour la simple et bonne raison que j'ai eu l'occasion d'expérimenter à plusieurs reprises cette petite révélation et que cela me fera toujours autant sourire. Mon but ? La retrouver. Son but ? Eh bien, à la lumière des événements passés, je ne pense pas trop me risquer à croire que c'est aussi ce qu'elle cherche.
Ce jour-là, mes pas me conduisirent au-delà de Dol Amroth. Ou plutôt devrais-je dire les sabots d'Ombre, puisque nous voyagions à deux. Une belle jument alezan pie, cette Ombre, offerte par un couple de fermiers à quelques lieues de la ville en guise de reconnaissance, étant intervenu juste à temps pour leur tirer une sacrée épine du pied. Les Hommes ne sont pas ma famille et l'envie d'en étriper quelques uns me prend des fois, mais malgré tout il y a ce sentiment que je ne pourrais réellement définir et qui me pousse à rester en leur compagnie, leur apporter mon aide même par moment, comme aux anciens propriétaires d'Ombre. Peut-être parce qu'ils paraissent plus libres et profitent mieux de la vie que nous autres, les elfes; des bons vivants dont on pourrait voler le dernier souffle d'un simple claquement de doigts. Oui, c'est cela, des bons vivants chez qui tout est fragilité et qui, pourtant, restent forts, presque inébranlables pour quelques uns. D'un côté, cela montre toute la stupidité de ces Hommes, je vous l'accorde, mais au moins ils ont le mérite de ne pas paraître orgueilleux et au-dessus des autres races. Enfin, je le ressens comme tel. Marchander avec eux ? Un véritable gagne-pain. J'avoue par moment utiliser leur naïveté à mon avantage mais aucun mort à déplorer pour l'heure et puis un homme de ma condition ne les laisse pas non plus sur la paille. Disons que lorsque je reconnais un objet valant son petit pesant d'or, j'aime en faire ma propriété. Certains disent escroc, pirate, goujat, je préfère répondre génie. Malgré tout, se reposer sur le troc, là-bas, ne me garantissait pas les plus belles prises. J'avais eu vent d'une carte d'une plus ou moins grande valeur, plus au Nord de Dol Amroth, beaucoup plus au Nord... Vous connaissez peut-être la suite.
Non, je n'ai pas réussi à mettre la main dessus. Non, on ne me l'a pas volée au dernier instant, ni même devancé des années plus tôt. Ce vulgaire morceau de papier n'existe sans doute pas. J'allais rentrer bredouille, et donc de sacrée mauvaise humeur, avec en tête de vider quelques chopes de bière dans l'auberge du village, puis de me reposer avant de me remettre en chasse. Un Hawfern n'abandonne jamais comme cela, vous le découvrirez par la suite. Le trajet du retour me parut bien plus long et, après quelques heures à arpenter la forêt, une pause s'avéra être nécessaire aussi bien pour sentir de nouveau mes jambes que pour soulager et abreuver ma fidèle jument. Elle ne fut pas mécontente de mon initiative et en profita pour manger herbes et feuilles. Je marchais nonchalamment parmi les arbres tout en profitant de l'air frais, les mains posées sur mes hanches comme si cela me détendrait les muscles du dos. Et mes jambes m'auraient reconduit bien sagement auprès de ma jument si je n'avais pas perçu un étrange mouvement, plus loin. La curiosité me poussa à aller voir de quoi il en retournait, arme en main. Que ne fut pas ma surprise en constatant une elfe se défendre contre des gobelins. Une étrange sensation de déjà vu. Et les paroles tranchantes également.
"Croyez le ou non, j'allais justement vous poser la même question", raillai-je en décochant le sourire le plus agaçant qu'il soit, vu sa mine.
Si j'avais été profondément provocateur, la regarder se battre contre ces créatures repoussantes ne m'aurait pas déplu, au contraire. Juste une manière de lui faire savoir que de cracher de la sorte sur mon aide peut très vite se retourner contre vous. Provocateur, moi ? Pas tellement. En revanche concernant la belle elfe, aucun doute là dessus. Comme si je passerais mon temps à la retrouver ! Tss... Les femmes alors.
"Je pensais qu'une elfe telle que vous rechercherait compagnie plus plaisante que celle des gobelins."
Marquant volontairement une pause, mon regard glissa sur les nombreux visages aguicheurs couverts de pustules et un sourire monta inconsciemment à mes lèvres, bien vite troqué contre une expression des plus sérieuses, comme si je désirais nullement l'offenser, sous peine de menacer la qualité de cet échange.
"Cela dit je respecte entièrement vos choix de fréquentation...", lâchai-je finalement avant de venir lui prêter main forte.
Dingue ... Elle n'aurait jamais cru ... lui retomber dessus. Enfin, si. Tout ce qu'elle voulait, c'était le revoir. Pour échanger avec lui. Quelques paroles. Quelques gestes. Au fond, elle était ravie de le revoir ici. Elle en était heureuse. Son coeur s'était même emballé lorsqu'elle l'avait reconnu. Il fallait dire qu'il avait une drôle de dégaine. Il n'était pas comme tous les autres Elfes. Rien que par son look d'ailleurs. Il avait des frippes ... qu'un Elfe ne porterait pas. Sa coupe de cheveux également. Elle laissait quelque peu à désirer. Si bien qu'on aurait pu croire qu'il ne faisait pas partie du peuple elfique. Mais si. Il en faisait partie. Il était curieux. Il était ... pas comme les autres oui. Il dégageait un petit je ne sais quoi. Pourquoi diable faisait-il battre son coeur de la sorte ? Pourquoi avait-elle l'impression de se conduire comme une adolescente à son premier rencard ? Peut-être parce qu'elle n'avait jamais rencontré un type de son envergure. Peut-être parce qu'elle ressentait quelque chose, et ce même si elle ne se l'avouerait jamais. Ou du moins, pas maintenant.
Un regard noir qu'elle lui avait lancé. Elle aurait eu des flèches à la place des yeux, nul doute qu'il se serait retrouvé criblé en une fraction de seconde, ou presque. Mais elle n'était pas là pour parlementer. Du moins, pas tout de suite. Elle devait se défendre contre les Gobelins. Elle devait les mettre à bas. Avant qu'elle ne se retrouve submergée. Elle ne voulait pas lui demander un coup de main. La fierté. Elle ne pouvait pas se permettre de lui faire croire qu'elle était totalement dépassée. La tête d'un Gobelin vola dans les airs tandis que le bras d'un autre fut tranché. "Moi ? Vous poursuivre ? Encore faudrait-il que j'ai une bonne raison de le faire !" Par là, elle lui signifiait qu'il ne l'intéressait nullement. Ce qui était totalement faux. Il la perturbait. Il mettait son petit monde sans dessus dessous. Elle qui ne pensait pas éprouver de tels sentiments. Oh, bien évidemment, en tant qu'Elfe, elle se doutait qu'il y avait quelqu'un, en ce bas monde, quelqu'un avec qui elle pourrait faire sa vie. Mais elle n'aurait jamais cru que celui qui lui était prédestiné ... Etait si ... comment dire ... Elle n'avait pas les mots à mettre là dessus.
Ne pas lui accorder de l'importance ou bien son attention. Elle était là pour défaire les quelques Gobelins. Elle était, il est vrai, quelque peu fatiguée. Mais le dernier fut mis à terre. Non sans lui faire une jolie entaille au niveau du bras. Bah quelques onguents et le tour serait joué. Etait-ce là terminé ? Non. Avec la faute à pas de chance, et comme la zone était bien ombragée, nul doute que d'autres seraient attirés hors de la caverne à cause du vacarme. D'ailleurs, ils pointèrent, à nouveau, bien vite leur nez. Horribles créatures. Et voilà que l'autre la cherchait ! "Ce que je fais avec les Gobelins ne sont nullement vos affaires !" Lui donner une explication ? Pour quoi faire ? Pour qu'il se foute de sa gueule ? Pour qu'il la raille à nouveau ? Merci, mais non merci. Alors qu'elle était prête à s'en retourner contre les Gobelins, quelque chose tilta dans son esprit. "Comment ça une Elfe telle que moi ?" Que voulait-il dire ainsi ? Qu'est-ce qui se cachait derrière tout cela ?
Comme si les Gobelins n'étaient pas suffisants, voilà que le sol se mit quelque peu à trembler. Ce qui ne présageait rien de bon. Valaina poussa un soupir et bascula la tête quelque peu en arrière, évitant, par la même occasion, de justesse, un coup qui aurait pu lui être fatal. Avec vivacité, elle s'était retournée et avait tranché dans le vif. Le Gobelin s'était retrouvé entaillé au niveau de l'estomac. Et il ne lui fallut que guère de temps avant de s'écrouler au sol. Ce fut à ce moment précis que le Troll pointa le bout de son nez. "Et dire que ça aurait pu être une si belle journée ..." dit-elle à nouveau dans un soupir. Parce qu'après tout, elle l'avait retrouvé. Ou c'était l'inverse. Enfin, ils étaient tombés l'un sur l'autre, même si, pour le moment, aucun des deux ne semblait réellement ravi de cet état de fait.
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Sam 12 Juil - 19:50
Back to the past [Valaina]
À mes souvenirs, et pensez bien que ma vie de quasi immortel m'ait permis jusqu'à présent de côtoyer bon nombre d'individus tous uniques en leur genre, jamais l'occasion de rencontrer pareille femme ne s'était présentée à moi. Bornée. Oh, bien sûr, j'entends par là une elfe à la motivation peut-être vaine, non pas l'une de ces créatures qui s'entêtent à soutenir blanc alors que tout recoupe sur noir. Mais à la voir se battre de la sorte, d'une fermeté insoupçonnée, dans des habits qui me faisaient davantage penser à un pèlerinage plutôt qu'à un voyage vengeresque peignait inévitablement un sourire sur mon visage. Ou bien était-elle suicidaire, tout simplement. Pourquoi s'attarder dans ces grottes autrement ? Bien que la raison m'échappait, je ne pouvais la laisser dans une telle situation. Surtout lorsqu'un gobelin parvint à entailler sa peau délicate. Une blessure ? Quelle blessure allons... C'était à peine si elle avait sourcillé, comme si ses cellules se régénèreraient bientôt et qu'elle gambaderait de nouveau joyeusement parmi les têtes volantes. Coller une étiquette aux gens que je croise ? L'un de mes passe-temps favoris, bien que cela s'apparente plus à une nécessité parfois. Illusoire, certes, et probablement enfantin à vos yeux, je vous l'accorde: personne ne reste telle quelle, cela repose sur de nombreux facteurs et des êtres qui l'entourent, nul besoin de leçon là dessus. Néanmoins, cette approche m'ouvre un mince aperçu sur le "potentiel de dangerosité" de l'inconnu qui me tient tête. Autant vous dire que la prudence est de rigueur lorsque l'on passe un certain seuil, et que je réfléchis à deux fois avant de proposer un échange douteux où tous les bénéfices me reviennent. Longtemps cette femme avait voyagé dans mon esprit, allant de personnalité en personnalité et faisant tomber quelques cloisons au passage. Finalement, elle se retrouva ce jour-là, et une fois de plus encore, recataloguée. Elfe égarée recherchant désespérément de la lumière ? Guerrière en devenir plutôt ! C'est qu'elle grimpait vite les échelons et... L'idée me plaisait assez. Une lame experte, une détermination à toute épreuve, une droiture exemplaire... Qui, après réflexion, serait plus ennuyeuse. Cela m'aurait étonné qu'elle connaisse la plaisanterie à l'époque. Mais cela ne la rendait pas moins intrigante... Allez deviner ses pensées avec un visage et une attitude aussi fermés ! ... Bien que j'aurais parié sur de l'orgueil à en juger les piques lancées, sans vouloir être une mauvaise langue.
"J'imagine qu'il est plus rassurant de voyager avec un homme vous ayant porté secours plus tôt... À vous de me le dire, j'avoue ne pas saisir totalement les femmes par moment..."
Comme à chaque échange, cette elfe coupait court à toute tentative de présentation. Un brin vexant et déroutant puisque j'aurais souhaité en savoir plus sur cette mystérieuse elfe-guerrière-en-devenir. Malgré tout, si se croiser sur les routes et s'adresser toutes ces politesses, d'étranger à étranger, avant de repartir chacun de son côté lui convenait mieux, je ne pense pas que cela m'aurait déplu... Aussi préférais-je, sur le moment, me murer dans un silence quasi imperturbable. Et puis la tournure des événements balaya définitivement cette impression de salon de thé. La grotte cracha d'autres gobelins à l'instant même où la brune abattît le dernier des leurs et une secousse se fit aussitôt sentir. Non pas à cause de l'assaut soudain de ces bêtes écœurantes, mais bien d'une forme de vie plus lourde, imposante et, vraisemblablement, pas commode pour une dime. L'ambiance se dégrada rapidement, je ne vous le cache pas. Avec toute l'agilité et la maîtrise de l'épée, que je n'avais pas perdu depuis la disparition de mon aînée, faire tomber un à un les gobelins s'avérait être on ne pouvait plus aisé. En revanche, difficile de tenir le même discours à propos de ce véritable colosse. Il fallait esquiver les attaques furtives des gobelins, décimer ceux qui se trouvaient à notre portée et faire en sorte de ne pas être réduit à l'état de paillasson par le troll. J'aurais bien rebroussé chemin dare-dare avec la demoiselle en détresse si un tel projet avait émergé dans son esprit, mais cela n'arriva pas. Étonnant, non ? Assumer cette décision ou lui faire entendre raison ? La première était plus sage, la jeune femme ne bougeant pas d'un pouce nous aurions perdu un temps précieux. Quand bien même la rapidité des elfes ne trouvait nul égal, leur nombre trop important me força à prendre les choses en mains. Rester ici nous aurait certainement conduit à notre perte, malgré un manque d'intelligence de la part de nos assaillants. Et pourtant, ils en avaient suffisamment pour nous encercler définitivement s'ils le voulaient. Un pas sépare le courage de la stupidité. Autant se montrer futés et survivre.
"La rivière."
Je me souviens avoir attrapé son poignet avant même de m'en rendre compte et l'inciter à dévaler une pente alors que ma lame ôtait le dernier souffle à quelques créatures. La lumière tamisée de l'endroit ne nous aidant pas, il valait mieux compter sur notre pas léger pour courir jusqu'au point d'eau, en contre-bas, où, à l'inverse, baignait chaleureusement celle de l'étoile. De quoi jeter la confusion dans leur esprit un bref instant et en profiter pour les faire agenouiller à nos pieds. Du moins c'était une certitude au sujet du troll. Le reste... Eh bien tout était une question d'improvisation.
Mais une fois encore, je ne pus rien lire dans ses yeux.
Cela ne faisait guère de temps qu'il était là et pourtant, Nólas lui tapait ouvertement sur le système. Elle avait envie ... Elle ne savait pas trop de quoi elle avait envie. Sans doute de le secouer comme un prunier, ou que sais-je encore ! Il était si désobligeant avec elle ! Si ... grossier ... Enfin, elle le trouvait grossier. En dehors de tout. Fallait l'avouer, elle n'était pas mal non plus dans son genre. Et on ne pouvait faire difficilement plus froid qu'en ce moment. Avait-elle envie de se le mettre à dos ? Non, pas du tout. Elle ne le connaissait pas. Et elle avait envie de faire plus ample connaissance avec lui. Mais en même temps, ça lui faisait peur. Elle se comportait peut-être un peu maladroitement avec lui. Beaucoup même. De toute manière, ce n'était pas vraiment le moment pour penser à tout cela. Pour le moment, elle avait à en découdre avec ces maudits Gobelins. "Porté secours ?" Elle eut un petit rire. "A ce que je sache, vous avez interféré dans mes affaires la dernière fois. Et je vois que vous en faites autant aujourd'hui." Au moins, il était bien ce brave petit. Il avouait qu'il avait du mal avec les demoiselles. Sans doute qu'il ne devait pas savoir comment se comporter avec elles.
Elle aurait pu continuer à cracher son venin contre l'Elfe bourru. Seulement, elle avait des choses bien plus inquiétantes sur lesquelles se concentrer. L'ombrage de la forêt offrait un formidable abri pour ces créatures de la nuit. Gobelins ne cessaient de sortir de leur caverne. Jusqu'au moment où le sol se mit à trembler. Une créature plus grosse. Et bien plus pénible à combattre. L'on pouvait aisément comprendre le désarroi de la brune en voyant ce Troll. Retrouver ce bijou n'était que pure folie. Et nul doute qu'elle allait devoir arrêter ses recherches avant de finir piétinée par un Troll, ou pire encore. Les épées s'entrechoquèrent de plus belles. Valaina optait pour ses deux dagues, lui permettant, ainsi, d'être bien plus vive dans ses coups et plus rapide également. Elle bougeait avec grâce et vivacité. Elle évitait un coup ici ou là. Sautait en arrière. Faisait un pas vers la gauche. Vers la droite. Vers l'avant. Ou bien l'arrière. Le Troll se rapprochait. Et ça allait devenir un problème. Un sacré problème. A deux, peut-être qu'ils seraient arrivés à le battre. Et encore, ce n'était pas gagné d'avance. Comment lui faire confiance ? Elle ne le connaissait pas. Elle ne connaissait pas ses talents à l'épée. Et travailler en équipe avec lui serait peut-être du suicide. Que faire ? Là était toute la question.
Sans doute qu'elle avait trop réfléchi sur le sujet. Car voilà que le grand brun lança deux mots. Simples. Compréhensibles. La rivière. Par delà la pente. L'ombrage de la forêt s'effeuillait. Les bestioles n'aimaient pas trop l'eau. Ils pourraient éventuellement traverser la rivière et se retrouver en sécurité. Avec leur pas léger, leur traversée serait aisée. Et les Gobelins finiraient par être emportés. Loin d'être une mauvaise idée. "Je ..." Elle n'eut guère de temps de formuler sa phrase. Car voilà que l'Elfe venait de l'agripper par le poignet. Un moment digne d'une grande scène de cinéma ! La descente ne se fit pas sans heurts. Dans la précipitation, elle avait marché sur un pan de sa cape. Elle avait trébuché. Et entraîné l'Elfe dans sa chute. Quelque peu sonnée. A peine. Quand elle rouvrit les yeux, elle était encore au sol, à peine deux pas de la rivière. Il n'était guère loin d'elle. A dire vrai, même, elle pouvait sentir son souffle sur sa peau. Son poids également. Il était sur elle. Avait-elle amorti sa chute ? Elle n'aurait su dire. "J'aurais pensé que vous m'auriez fait la cour avant de me retrouver dans une telle position avec vous." Une pointe d'humour ? Ou un voeu souhaité ? Peut-être lui disait-elle là ce qu'elle attendait de lui. Il ne bougea pas vraiment. Mais ils ne pouvaient se permettre de rester dans cette position. Les Gobelin pouvaient descendre jusque là. Le Troll également. "Il serait judicieux ... que vous vous poussiez. Afin que nous puissions traverser la rivière." Y'avait déjà du mieux. Elle l'incluait dans ses "projets" alors qu'elle aurait très bien pu le laisser en plan.
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Dim 13 Juil - 10:30
Back to the past [Valaina]
Heureusement, elle réagit plutôt vite. Je m'attendais à ce que la jeune elfe se dégage vivement de mon emprise, mais certainement pas à ce qu'elle m'emboite le pas sans rechigner, elle qui, de plus, n'aimait vraisemblablement pas tenir sa langue. Un autre point commun, me direz-vous. Néanmoins les gobelins restaient sur nos talons, bien que notre agilité et la descente aidant nous aurions dû les distancer plus que cela. D'un quasi commun accord, ma partenaire d'évasion et moi-même avions décrété qu'il était temps de passer à la vitesse supérieure. Où était le haut ? Le bas ? J'en avais fichtrement aucune idée. Seule la dureté du sol, des racines jaillissant de celui-ci et des pierres parsemant notre chemin étaient d'une certitude aussi vicieuse qu'impardonnable. Notre fuite aurait pu durer quelques secondes, j'eus la sensation de rouler bien plus longtemps. Assez pour me laisser deviner le pourquoi du comment, si vous voulez tout savoir. Un gobelin l'ayant attrapée par mégarde ? Elle aurait crié si tel avait été le cas. Ce qu'elles font toutes dans ces moments là, non ? Enfin... Je crois. Blessée au point d'en perdre son équilibre ? Tout de même, un son lui aurait échappé. Évanouie alors ? Épuisée nerveusement donc, ou bien un prétexte pour que je la prenne dans mes bras... Je reconnais cette option loin d'être envisageable, une simple hypothèse parmi d'autres qui passait par là dans mon esprit. Trébuchée sur quelque chose, en revanche, me paraissait plausible et franchement regrettable. La cape pèlerine. Je l'avais machinalement lâchée dans notre cascade pour ne pas la blesser, mais il fallait croire que l'on s'amusait à nous réunir coûte que coûte puisque je ne pus la perdre ne serait-ce qu'une poignée de secondes lorsque tout s'arrêta de tourner autour de moi. Contre toute attente, le sérieux de ce bout de femme ne prenait pas toujours le dessus et il me sembla même en l'espace d'un court instant que le poison qui s'insinuait dans le moindre de ses mots avait également tiré sa révérence durant la chute, et ce en même temps que ma dignité. Je plantais ainsi mon regard dans le sien, pensant au ridicule de la situation. Quelle drôle de réception pour deux personnes inconnues l'une de l'autre. Et il aurait été relativement surprenant qu'elle ne fasse pas de réflexions. Je ne me démontai pas pour autant. Ce n'était pas dans mes habitudes, non plus.
"Je n'avais pas l'intention de précipiter les choses, à vrai dire... Mais il faut croire que la patience n'est pas votre vertu", soulignais-je en désignant d'un simple regard ses mains encore agrippées à mon vêtement alors que les miennes, en comparaison, étaient plongées dans l'herbe tendre.
Il n'y avait pas à dire: une grande beauté vue de près, cette elfe. Les traits fins, les sourcils bien dessinés qui rendaient curieusement son regard interrogateur en toute circonstance... Ses yeux, d'ailleurs, étaient d'une complexité tout bonnement fascinante. Un trésor pour qui sait voir le charme propre à chacune des femmes. Non pas bleus. Ni même verts. Les décrire comme tels seraient bien trop approximatif. En réalité, c'était un mélange de couleurs surprenant que je ne pourrais vous dépeindre avec précision. Le jour où nos regards se sont croisés, et jusqu'à cette révélation, je les pensais saphirs délavés. Mais il y avait ces tons argent et jade qui se jetaient dedans, donnant naissance à quelque chose de plus rare encore. Deux joyaux apatites, aussi glacials qu'un hiver anormalement mordant. Ses lèvres généreuses tranchaient nettement avec cette apparente froideur, la rendaient moins sévère d'une certaine manière. Un plus appréciable en somme que beaucoup aurait souhaité caresser je suppose, même par simple curiosité. Et, durant ma contemplation, je remarquai pour la première fois la douceur de ses cheveux, que je n'avais fait qu'imaginer... Cette rivière noire qui coulait parmi les brins d'herbes et qui effleurait mes doigts, les chatouillant presque. Son expression prêtait à rire mais il ne me fallut pas longtemps pour reprendre conscience de nos traqueurs infectes. Sur pieds en un rien de temps, je tapotai promptement mes habits tout en ignorant superbement la belle et sa remarque désobligeante, emprunte de condescendance. Hors de question de lui tendre la main, j'en aurais probablement perdu le bras ! Les gobelins approchaient et le temps filait entre nos doigts. Je jetais un dernier coup d'oeil par dessus mon épaule, afin de m'assurer que l'elfe se relevait bel et bien, et qu'elle ne souffrait pas d'une quelconque entorse, avant de m'élancer dans la rivière. Contrairement à ces bêtes, l'eau ne m'effraie nullement. Je me sens même tout à fait à mon aise, dans cet élément, et le contraire en ferait jaser plus d'un puisque la majeur partie de ma vie s'écoule à bord d'un bateau. Ce fut donc sans difficulté que je traversai la rivière, observant, trempé, l'attroupement de gobelins sur l'autre rive.
Rien de cassé. Ou du moins, c'était l'impression que Valaina avait. Elle sentait ses bras. Elle sentait ses jambes. Et elle sentait ce poids qu'il y avait sur elle. D'où le fait qu'elle fut quelque peu surprise, et pas en même temps, quand elle rouvrit les yeux après cette descente digne d'un grand film d'action. Une position ... inconfortable. Et pas tant que cela en même temps. Ca lui permettait de détailler un peu plus cet Elfe qui faisait battre son coeur alors qu'elle ne connaissait rien de lui, si ce n'était ses mauvaises manières. Et l'inverse était tout aussi vrai d'ailleurs. Son regard était quelque peu plongé dans celui du grand brun. Des yeux de couleur saphir à en faire pâlir une pierre précieuse d'ailleurs. Quelques nuages d'orangé. Ou du moins, c'était l'impression que Valaina avait. Elle aurait pu se perdre ... un long moment dans son regard. Comme obnubilée. Eut-elle l'impression, d'ailleurs, que son coeur s'emballait à ce contact, telle une humaine à son premier rendez-vous. Pourquoi diable ... était-il aussi ... difficile de dire. Difficile de penser. Il n'y avait qu'une seule solution pour se tirer de ce guêpier et penser à autre chose. Elle devait s'éloigner de lui afin de retrouver momentanément ses esprits. Voilà pourquoi elle fit une légère plaisanterie. Néanmoins, il lui renvoya bien vite tout cela au visage en lui parlant de l'impatience de la demoiselle. "Je doute que la patience soit l'une de vos vertus également." Mais il était vrai qu'elle le tenait encore. Elle en vint à le lâcher.
Pourtant, cela ne signifiait pas pour autant qu'ils se relevèrent immédiatement. Du tout même. Ils étaient restés là, durant quelques instants, à s'observer, les yeux dans les yeux. Son coeur s'enflammait, s'emballait. Ses lèvres semblaient l'appeler. Elle aurait aimé y goûter. Mais ça aurait été ... lui donner satisfaction. Et puis, franchement, ils n'avaient pas le temps de batifoler. Les Gobelins et le Troll pouvaient les rejoindre à n'importe quel moment. Ils étaient en danger, et ce tant qu'ils n'auraient pas franchi la rivière. Voilà pourquoi Valaina tenta de retrouver ses esprits le plus rapidement possible. Il en vint à se redresser. Valaina en fit de même. Poussiéreuse elle était. Et nul doute qu'elle devait avoir de l'herbe un peu partout sur elle. Dans ses cheveux également. Mais qu'importe, parce qu'elle n'était pas là pour plaire. Mais plutôt pour traverser la rivière et faire en sorte que les Gobelins ne puissent les atteindre. Il fut le premier à traverser d'ailleurs. Un coup d'oeil en arrière. Elle voyait les Gobelins qui dévalaient la pente, arc en main. En train de leur tirer dessus d'ailleurs. Valaina porta la main à son dos, afin de récupérer son arc. Elle avait dû le perdre dans la chute. "Mince ..." Elle cligna des yeux. Non. Elle ne l'avait pas avec elle lors de la chute. Elle s'en souvenait maintenant. Elle l'avait laissé près de son cheval. Il était à quelques kilomètres de la caverne, en sécurité. Il faudrait qu'elle le siffle pour qu'il vienne la rejoindre. Plus tard.
Valaina évita une flèche de justesse et ce fut à son tour de traverser la rivière. Elle tenta de marcher sur différents rochers à la surface mais manqua de trébucher, à nouveau. Mouillée pour mouillée, mieux valait-il qu'elle s'enfonce quelque peu dans l'eau plutôt que se retrouver totalement à l'eau parce qu'elle serait tombée. Trempée elle fut. Mais au moins, elle n'était pas la seule à être dans cet état. Parce qu'il semblait être tout autant mouillé qu'elle. Valaina regagna l'autre rive mais s'éloigna quelque peu, néanmoins. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'on pouvait encore les atteindre. Du moins, une flèche bien placée, bien tirée et hop, c'en serait terminé. "Et bien, quelle aventure !" lança-t-elle plus pour elle-même qu'autre chose, même si elle se doutait qu'il allait lui répondre quelque chose. Elle ôta sa cape. Parce que mouillée, elle devenait lourde. Et elle en vint à la tordre dans tous les sens, afin de l'essorer quelque peu. "J'en viendrais presque à croire que vous chassez les Gobelins." A l'origine, c'était elle qui le faisait. Mais lui aussi devait le faire également. Sinon, ils ne se seraient pas croisés. "Cherchez-vous à leur dérober leur trésor ?" lui demanda-t-elle en le regardant tandis qu'elle secouait quelque peu sa cape.
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Dim 13 Juil - 22:05
Back to the past [Valaina]
La légère brise qui se levait réussi à me tirer un long frisson malgré la chaleur du soleil qui se glissait doucement dans ma chair. Il avait beau faire un temps radieux, cette baignade improvisée rafraichissait plus que nécessaire et ma chemise plaquée sur ma peau s'entêtait à me conserver au frais. Si l'endroit avait été désert, je l'aurais probablement retirée pour imiter la jolie brune, mais ce ne fut pas le cas. Cela m'aurait valu une remarque déplaisante à coup sûr bien que mon physique soit loin d'être repoussant d'après les œillades qu'on a l'habitude de me lancer lorsque l'occasion d'entrevoir mon torse se présente. Je ne pense pas que sa réaction aurait été si différente. Après tout, avec ma gueule d'ange, qui résisterait à une telle vision... ... Comment cela, j'exagère ? Oh, si peu... J'inspirais calmement l'air frais, le visage tourné vers la boule de feu et les mains posées sur la taille, écoutant distraitement les propos de cette mystérieuse voyageuse. Chassait-elle ainsi ces créatures, dans le but de récupérer un trésor ? Sa rancœur viendrait-elle de là ? Avait-elle peur que je fasse main basse sur son butin ?Cette question me brûlait les lèvres, mais aucun mot ne les franchit pour autant. Évidemment, la raison de mon voyage n'était sûrement la chasse aux gobelins. Les tuer pour le plaisir ? Je n'aime pas perdre mon temps de la sorte. Encore qu'ils soient comestibles, ce dont je doutais fort, peut-être. Quoique la confiance détalerait à la vue d'un menu de ce genre, sans parler des hauts le cœur à chaque bouchée de cette substance toute sauf alléchante. Ce type de mets, je le laisse volontiers aux guerriers ne sachant pas quoi se mettre sous la dent. Enfin, n'y pensons plus. Ma motivation venait bien d'un trésor, en revanche. Mais le leur ne m'intéressait pas. Audacieux, je veux bien. Désespéré... Sûrement pas, autant passer mon chemin que de retrouver ma tête embrochée en guise de trophée à l'entrée de leur antre. En somme, je n'avais rien à me reprocher la concernant, si ces activités rythmaient son quotidien. Mais, curieusement, je ne pus prononcer le moindre mot à ce sujet. Peut-être que de l'envisager en tant qu'exterminatrice de gobelins me surprenait. Entre la fascination et l'horreur, je n'aurais su choisir. Mon regard se porta d'ailleurs vers eux. Certains commencèrent à s'en retourner au bercail tandis que d'autres, plus têtus, tentaient vainement de nous atteindre en tirant des flèches. Nul n'osa visiblement nous suivre jusqu'à cette rive et je ne pus que me féliciter de cet échappatoire de dernière minute. Je notai finalement l'absence de mon épée, perdue de l'autre côté quand je fus attaqué par ce boulet elfique. Tout comme Ombre, remarquai-je dans le même temps. Rebrousser chemin, tôt ou tard, en longeant d'abord la rivière afin d'éviter tout renversement de situation, une énième fois. Voilà ce qui m'attendait dans les minutes à venir. Et dire que cette femme me malmenait depuis le début pour, enfin, échanger des paroles plus censées alors que nos chemins allaient, une fois de plus, se séparer. Je me tournai vers elle. Redoutable tueuse de gobelins, cette elfe ? Vraiment ? Je n'en revenais toujours pas. Et ma langue mutine décida de se délier afin d'éclairer ma lanterne.
"Une chose vous appellerait-elle dans les profondeurs de cette grotte ?"
Quand même, c'était la seconde fois que l'on se croisait et encore en charmante compagnie. Je sus que cela ne tournait pas rond.
Muet comme une tombe il était. Ou du moins, c'était l'impression que la jeune Elfe avait. Avait-il perdu sa langue dans la chute ? Est-ce que sa fierté était blessée ? Ou est-ce que ça cachait autre chose ? Valaina n'en savait trop rien. Tout ce qu'elle savait, c'était que leur chemin allait, de nouveau, se séparer. Un bien ? Un mal ? Elle n'aurait su dire. Certes, son coeur battait pour lui. Mais elle était bien trop fière pour le lui avouer. Et puis, ce n'était là que la seconde fois qu'ils se croisaient. Ce n'était pas comme s'ils se connaissaient depuis longtemps. N'êtes-vous pas d'accord avec moi ?
Valaina en vint à poser momentanément sa cape au sol. Non, elle ne sècherait pas ainsi. Mais au moins, ça allait lui libérer les mains. Et lui permettre de remettre ses cheveux correctement. Et d'enlever éventuellement les bouts d'herbe qu'elle devait avoir ici ou là. Le silence était de mise. Hormis ces maudits Gobelins qui étaient de l'autre côté de la rive et qui s'excitaient parce qu'ils n'arrivaient pas à atteindre les deux Elfes. Valaina secoua la tête, avec un léger sourire. Elle était, néanmoins, quelque peu frustrée dans le sens où ... Et bien, c'était lui qui avait eu l'idée de dévaler cette pente. Lui seul. S'ils étaient encore en vie, c'était bien grâce au ténébreux. Seulement, elle ne lui en avait pas fait part. Est-ce qu'elle devait le remercier d'ailleurs ? Est-ce qu'elle devait lui dire qu'elle était reconnaissante ? Hmmm ... Nan. Du moins, elle pouvait changer d'avis. Elle pourrait lui montrer sa reconnaissance. Mais il la prendrait de haut par la suite et nul doute qu'il en viendrait à lui faire quelques reproches, ou du moins ... Nan. Oui, autant rester là. Autant ne pas chercher à le faire mousser. Ses chevilles pourraient enfler.
Valaina passa ses mains à plusieurs reprises dans ses cheveux. Lorsqu'elle retira sa main, elle remarqua, sur cette dernière, des brins d'herbe. Elle n'osait même pas imaginer à quoi elle pourrait ressembler en ce moment même ! Elle préférait ne pas y penser. Il lui posa une question. Sur le comment du pourquoi de la chose. Il devait, sans doute, vouloir savoir pourquoi elle affrontait le danger de la sorte. Pourquoi elle prenait autant de risques. "Effectivement. Un objet dérobé il y a de cela fort longtemps." se contenta-t-elle de répondre. Son trésor en quelque sorte. Elle voulait retrouver ce bijou. Mais elle n'était pas certaine d'y parvenir. A chaque grotte qu'elle explorait, chaque caverne, c'était ... Elle faisait chou blanc. Et elle s'en ressortait avec quelques blessures. Jamais bien grave. Mais blessée elle ressortait de ses affrontements. Et une fois n'est pas coutume, aujourd'hui, c'était encore le cas. "Je doute, hélas, de pouvoir lui mettre la main dessus." Elle se baissa quelque peu afin de ramasser sa cape. "Il me semble que c'est peine perdue. Mais qu'importe ..." Elle espérait bien qu'elle arriverait à lui remettre la main dessus. "A ce propos, vous n'avez pas répondu à ma question !" dit-elle en fronçant quelque peu des sourcils.
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Mar 15 Juil - 18:49
Back to the past [Valaina]
"Un objet ? Dérobé par les gobelins ? Comment vous-êtes vous pris..."
Cette question m'avait échappé et il était on ne pouvait plus évident que les conséquences se feraient bientôt sentir. Surtout quand un léger rire, incrédule, finit d'achever cette remarque. Mais qu'importe. Je commençais à croire que l'impulsivité de la belle égalait la mienne. Un objet perdu. D'une importante valeur sentimentale semblait-il. Ses traits s'affaissèrent et son regard en devint, momentanément, presque vide. Je ne sais pas pourquoi, mais la voir ainsi me pinça le cœur, avec son vêtement trempé et ses cheveux mouillés tombant en cascade sur ses épaules. Elle paraissait fragile. Bien entendu, rien de plus qu'une illusion. En l'espace d'un instant, j'eus cru apercevoir Órelindë à travers cette charmante créature. Pas pour sa mine, bien que les traits de ma sœur étaient également délicats, ni même pour cette crinière brune et soyeuse que ma regrettée aînée avait le don de coiffer avec une minutie aussi rare que brillante. Oui, elle brillait ma chère et tendre Órelindë. Mon trésor perdu. Je secouai sensiblement la tête, laissant ces soudaines réminiscences repartir de là où elles venaient. Aussi me radoucissais-je et osais-je me rapprocher d'un pas de cette elfe. La distance nous séparant demeurait néanmoins suffisante pour éviter sans la moindre difficulté une éventuelle gifle. Et puis loin de moi l'idée de la froisser. Ni même qu'elle pense que je l'amadouais en agissant ainsi, d'ailleurs. Étrangement, une forme de respect mais également l'envie de lui remonter lui moral me gagnaient lorsque mes yeux détaillèrent sans gêne son doux visage.
"Vous finirez par le retrouver, c'est certain, mais vous ne pouvez y parvenir seule..."
Non je ne lui proposais pas par là de l'accompagner dans sa quête. Du moins pas à cette seconde rencontre, la connaissant si peu. D'autres projets m'appelaient.
"Pardon, je voulais dire..."
Je pinçai brièvement l'os de mon nez, entre mon pouce et mon index, les yeux clos. Tic gestuel, agaçant cela dit en passant, lorsque mes pensées refusent de s'organiser bien sagement et que les mots me manquent. Ou bien cela trahissait-il un conflit intérieur ? Rappelant ma main à l'ordre, mes bras se croisèrent sur mon torse et une brève inspiration eut raison de ce petit blocage. Non... Je n'envisageais pas de l'accompagner ?
"De la famille, des amis pourraient vous soutenir ? Les gobelins ne sont pas bien futés et, en vous y prenant intelligemment, vous pourriez les faire parler si cet objet marque facilement les esprits."
Voilà qui était mieux. Je m'autorisai même à esquisser un léger sourire, les choses clarifiées. Sourire aussi furtif qu'un éclair déchirant le ciel, puisqu'il retomba aussitôt en me remémorant sa question. Je l'avais intriguée ou bien rendue plus méfiante encore. Ignorer tout ceci une nouvelle fois ? Dévoiler la raison de ma présence dans les environs ? Cela ne l'avancerait pas bien. À moins qu'elle désirait ardemment être rassurée sur le fait que je ne la suivais pas.
"Contrairement à certaines personnes, m'attirer les foudres des gobelins n'est pas mon domaine de prédilection...", finis-je par confier, un soupçon d'amusement perceptible dans ma voix.
Combattre ces bêtes, ni ne me chagrinait, ni ne m'effrayait réellement, puisque j'eus rencontré pire que cela au cours de ma longue existence... À mon humble avis. Néanmoins, je dois accorder que, jusqu'à présent, affronter un troll ne m'était jamais arrivé. Si je peux dire cela, puisqu'il séjournait toujours dans cette maudite grotte infestée de gobelins.
Et oui, un objet dérobé par des Gobelins. A un Elfe. C'était dingue. Incroyable. Apparemment, il n'en croyait guère ses oreilles. Mais qu'importe s'il la croyait ou non. Elle savait ce qu'elle disait. "Il n'y a pas de comment, ni de pourquoi. Je n'étais, malheureusement, pas en âge, à l'époque, d'empêcher cette ignominie. La peste soit ces Gobelins ..." Elle en avait gros sur le coeur. Un bijou sentimental. Peut-être qu'elle aurait dû laisser couler. Peut-être qu'elle devrait arrêter de se mettre en danger pour ce bijou. Mais elle aurait tant aimé pouvoir le récupérer. Elle se sentirait, ainsi, un peu plus proche de ses parents, en quelque sorte. Sans doute que ce n'était là qu'une lubie, qu'une folie, et que ça finirait par lui passer à un moment ou à un autre quand elle aurait trouvé quelque chose de bien plus intéressant à faire mais bon. Elle doutait réellement que ça arrive.
Mélancolique elle était. Son regard s'était perdu. Et dire qu'il y avait de cela quelques minutes elle était perdu dans le regard de l'Elfe et qu'elle y serait bien restée un petit moment. Mais là, non. Elle était ... comme vide. Vidée de ses forces. De son énergie. Elle avait du mal à accepter. Elle avait du mal à passer à autre chose. Compatissant avec elle, il en vint à lui dire qu'elle finirait par retrouver le bijou qu'elle recherchait tant. Mais que pour se faire, il lui faudrait de l'aide. A son entente, Valaina en vint à redresser la tête. Quelque peu surprise. Voulait-il dire par là qu'il avait envie de l'aider à remettre la main sur ledit bijou ? Nan ... Nan, il pouvait pas lui avoir proposé cela. Il était insupportable. En apparence. En réalité, peut-être était-il sympathique. Peut-être avait-il une carapace autour de lui et que cette carapace empêchait, justement, qu'on ne l'atteigne. L'Elfe finit par se raviser. Il lui parlait d'amis, ou bien de la famille qui pourraient l'aider dans cette entreprise. Famille de sang, elle n'en avait malheureusement plus. Famille de coeur, par contre, elle savait qu'elle pouvait compter sur les frangins diaboliques. "Etant la petite dernière, je doute qu'ils accepteraient de me laisser filer, comme ça, à la recherche de ce bijou. Au contraire, ils me feraient la morale, m'expliqueraient que j'ai sans doute d'autres choses à faire que de partir à la recherche de ce bijou perdu." dit-elle dans un hochement de la tête. "Je les adore. Mais je sais très bien qu'ils m'empêcheraient de le faire." Et ils auraient, sans doute, bien raison d'ailleurs. Quant à faire parler un Gobelin ... "C'est une autre affaire. Ils sont pas vraiment causants." Peut-être parce qu'elle avait fini par se les mettre à dos avec ses différentes incursions dans leurs camps. Ouais.
Et voilà qu'il redevenait condescendant avec elle. Elle lui jeta un noir regard. Elle avait bien envie de lui lancer une pique à son encontre. Une pique venimeuse. "Parce que vous croyez vraiment que c'est mon domaine de prédilection et que je ne préférerais pas faire autre chose ?" en vint-elle à lui dire. "Je vois, quoi qu'il en soit, que Monsieur fait des mystères." Est-ce qu'elle était froissée ? Peut-être bien que oui. Peut-être bien que oui. Après tout, Valaina lui avait fait connaître les raisons de sa présence. Peut-être s'emportait-elle pour rien. Mais elle n'y pouvait pas grand chose. Elle était comme ça, à l'époque, notre chère Valaina. Quelque peu sanguine, surtout quand on lui parlait de ce bijou sur lequel elle n'arrivait pas à mettre la main.
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Ven 18 Juil - 19:50
Back to the past [Valaina]
Je la vis se changer, de loque, en un véritable démon en l'espace d'une fraction de seconde et ce dans l'incapacité malheureuse de lever le petit doigt, alors qu'elle m'apprenait que personne n'allait l'épauler. Inconsciemment, je me demandais d'où cette jeune elfe puisait sa force. Des langues de feu auraient très bien pu jaillir de sa bouche, ou griffes et crocs acérés percer sa peau, que cela m'aurait strictement fait le même effet. Effroi ? Stupeur ? Profonde tristesse face à cet être privé d'un bien précieux ? Probablement, mais...
"Quelle susceptibilité...", lâchai-je à mi-voix, dans ma barbe.
Même si 794 ans nous sépare, j'osai espérer que le second degré passerait au-delà de son sérieux trop prononcé, l'atteindrait, et, surtout, qu'elle eut un esprit suffisamment fin pour lire entre les lignes. Voilà ce qui arrive lorsque l'on attend d'une personne plus que ce qu'elle peut nous offrir, il fallait croire. Mes paroles, pourtant limpides et d'un humour gentillet, jetaient un froid entre nous dont je ne fus pas même surpris. Je lui lançai un regard dubitatif et m'en serais bien retourné vers Ombre, la plantant là avec ses remarques au ton acerbe. D'ailleurs, tournant les talons, les galets crissèrent désagréablement sous mes pas, en la laissant seule dans ses pensées. Du moins, c'est ce qu'il se serait produit si sa sottise ne m'avait pas retenu. Car, oui, j'aime avoir le dernier mot. Question de vie ou de mort. Orgueil, quand tu nous tiens. Malgré tout, étant le plus âgé des deux, bien qu'autant impulsif, il était probablement en mon devoir de garder mon calme et de lui expliquer clairement la situation. Naturellement, sans la faire sentir de nouveau enfant, cela va de soit. Cela aurait été comme signer mon arrêt de mort et me flageller d'un "sale macho" de surcroît. Je lui fis de nouveau face, la considérant un instant bien que serrant légèrement les mâchoires. Je suppose que je n'ai pas besoin de vous confier qu'elle n'était pas la seule à être exaspérée du comportement de l'autre.
"Je ne participe à aucune expédition touchant, de près ou de loin, aux gobelins. Assez de responsabilités me font courber l'échine pour risquer de me perdre en bravant l'entêtement de ces créatures, simplement dans le but de leur soustraire leur trésor. Nul mystère là-dessous. Si nos routes se sont croisées, il s'agit ni plus ni moins du fruit du hasard."
Il est vrai que... J'eus tout de même un tant soit peu de mal à me montrer aussi placide qu'un cadavre d'Orc, si bien que mes mots furent plus tranchants que je ne l'aurais désiré dans un premier temps. Peut-être aurais-je dû la regarder plus longtemps. Quoique la jolie brune aurait certainement pris peur et les choses se seraient rapidement gâtées également. En fin de compte, j'en viens aujourd'hui à me dire que lui opposer de la résistance lui a été bénéfique, j'ose espérer, même si tous les honneurs ne me reviennent pas. Aucun doute là-dessus.
"Où comptez-vous vous rendre à présent ? Rejoindre les vôtres ?"
Ma voix s'était adoucie. Je me suis d'abord dit qu'il s'agissait d'une question de politesse plus que d'une preuve d'égard, à mon souvenir. À bien y réfléchir, c'était la curiosité mais aussi l'envie inconsciente de la connaître davantage qui me poussaient à rallonger ce temps passé en sa compagnie. D'autant plus que je n'avais ni son nom ni même la ville où elle séjournait encore.
Entre eux, le courant passait mal. Après tout, on ne peut pas aimer tout le monde, n'est-ce pas ? Certes, quand elle le voyait, elle était toute chose. Son coeur s'emballait. Mais une fois qu'elle le côtoyait, ce n'était plus du tout la même chose. Comme si ... Et bien, comme s'il n'était qu'illusion, qu'il était autre chose, qu'il avait un autre visage, ou que sais-je encore. Valaina le trouvait étrange. Gentil peut-être, mais pénible. Pourquoi diable était-il aussi agaçant avec elle ? Ne pouvait-il pas faire preuve de sympathie à son égard ? Il avait pu l'être, durant quelques instants. Lorsqu'il lui avait demandée si elle avait des proches sur qui se reposer pour cette entreprise plus que dingue. Mais voilà, il n'avait pas répondu à une simple question alors qu'elle s'était plus ou moins livrée. Sans rentrer dans les détails, oui. Mais il aurait, au moins, pu s'expliquer sur le comment du pourquoi de sa présence. A croire que monsieur était cachottier et qu'il n'avait pas envie de livrer ses petits secrets. Qu'importe. Si c'était cela, et bien, qu'il fasse des cachotteries. Valaina s'en fichait. De toute manière, ce n'était pas comme si elle cherchait à le revoir ... Quoi que ... Si, elle aurait bien aimé. Mais bon. Entre ce qu'elle voulait et ce qu'elle aurait, il y avait une grande différence.
Valaina était prête à partir sans un mot de plus. Néanmoins, il en vint à lui parler. Encore. Il lui parlait des gobelins. Du fait qu'il ne cherchait pas à se battre avec ces créatures. Oui, et bien, il radotait quelque peu. Il le lui avait déjà dit qu'il se refusait à les chasser sans but. Il parlait également de responsabilités, et d'autres choses. Mais Valaina avait décroché. Est-ce qu'elle se fichait de ce qu'il était en train de lui dire ? Ouais. Sans doute qu'elle jouait à l'idiote. "Curieux hasard. Mais qu'importe, puisque je suis sûre et certaine que le destin évitera de nous remettre sur le même chemin, puisque nous semblons ne pas pouvoir nous entendre." Peut-être sans doute par sa faute. Parce qu'elle ne faisait pas vraiment d'efforts pour tenter d'améliorer la situation. Elle ne faisait rien même. Si ce n'était lui rentrer ouvertement dedans. Et c'était pas vraiment la même des choses pour améliorer, justement, leur relation. Peut-être que c'était foutu. Que c'était cuit. Que ça n'irait jamais bien entre eux. Que c'était là leur relation. Une dispute continuelle. L'avenir nous montrera qu'en réalité, ils se sont assagis. Surtout elle.
La brune en vint porter deux doigts à sa bouche, histoire de siffler. Sans doute que ça devait étonner son congénère. Une fille ne sifflait pas. Du moins, pas de la sorte. Mais en ayant grandi avec deux garçons, deux diaboliques même, il fallait l'avouer, elle avait des manières ... un peu bizarres. Elle s'attendait à ce que son cheval débarque. Mais il ne vint pas tout de suite. Sans doute qu'il devait être un peu loin pour qu'il la rejoigne en un clin d'oeil. Qu'importe. Voilà qu'il lui demandait où elle comptait se rendre. "Sans doute à la chasse aux Orcs. Encore." Elle se faisait un plaisir de le narguer. "Et quand je serais lasse, nul doute que je rentrerais parmi les miens, effectivement." S'il lui avait posé la question, est-ce que c'était parce qu'il voulait savoir où elle allait se rendre ? "Dans le dernier refuge des hommes." S'il connaissait un tant soit peu l'histoire des Elfes, malgré son apparence, il devait savoir qu'elle parlait d'Imladris.
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Ven 25 Juil - 10:50
Back to the past [Valaina]
"Si vous ne désirez point me revoir, nos chemins ne peuvent se croiser à nouveau", soulignais-je en la gratifiant d'un léger sourire, puisque ne croyant nullement au destin.
Pourquoi avait-elle pris soin de préciser, après réflexions semblait-il, que son cheval la conduirait vers Imladris ? Je l'exaspérais au possible et pourtant cette mystérieuse elfe gaspillait sa salive à me répondre quant bien même je l'ignorais. Un peu. Pas courtois de la part d'un prince à l'éducation irréprochable, j'en conviens. Mais il fallait dire qu'elle n'était pas mal dans son genre non plus et le méritait. Le dernier refuge des hommes. Ces quelques mots flottèrent de longues secondes dans mon esprit. Jamais je n'y avais fait escale, et puis fréquenter les elfes n'était plus tout à fait à l'ordre du jour, ce qui m'obligeait, si je peux dire cela, à errer sur les terres des Hommes, peuple duquel je me suis toujours senti proche. Cela dit, je ne doutais pas un seul instant de la beauté de la vallée d'Imladris dont j'entendais bien des personnes s'émerveiller.
Je m'égare.
Comprendre les femmes relève de l'exploit. Personne ne peut me contredire là-dessus, exceptées elles bien entendu. Néanmoins, ne pas y parvenir reste tout de même moins handicapant que de ne pas réussir à se faire comprendre de la gent féminine. Autant est-il possible de saisir leurs pensées à tâtons, pour les plus courageux et persévérants d'entre nous... Autant ces créatures aussi sublimes que vicieuses savent manier à la perfection l'effet boomerang de nos paroles. Peut-être sont-elles douées d'une faculté nous échappant ? Celle de réagir, avec parfaite maîtrise, en douceur ou bien toutes griffes dehors selon leur humeur et les meilleurs avantages à en tirer ? Le mot simplicité ne trouve donc pas sa place dans leur vocabulaire ? Cela demeure un mystère. Cependant j'ose espérer qu'il viendra tôt ou tard un être suffisamment instruit pour nous étaler tout son savoir à ce sujet. Pourvu que mes pas me mènent à lui un jour, j'ai soif de connaissances ! Dans tous les cas, deux cartes en main: affronter vaillamment le dragon pour défendre ses idéaux et sa liberté d'expression, ou opter pour le silence et sauver le peu d'honneur restant. À posteriori, il aurait mieux valu que je tire la seconde. Satané impulsivité. Si seulement j'avais pu la jeter loin, très loin au delà de cette elfe sans jamais la toucher. Mais ce qui semblait être un banal caillou pas bien offensif aux premiers abords avait en réalité une envergure amplement insoupçonnée et ce fut un véritable rocher qui s'écrasa, de tout son poids, sur mes pieds. Les femmes vous dis-je.
"J'espère qu'affronter les orcs vous est plus aisé qu'une horde de gobelins. Sans quoi, ce que vous appelez destin se pliera à votre volonté de ne plus nous échanger le moindre mot."
Oui, je l'avais un peu trop titillée pour le coup bien qu'il m'eut fallu quelques temps pour m'en rendre compte. Plus précisément que je lui lance un dernier regard, avec ce sourire apparemment courrouçant à souhait, que je tourne les talons et fasse un... Deux... Trois... Quatre pas. Erreur de débutant dîtes-vous ? Non. Certainement que cela remontait à fort longtemps, la dernière fois que j'eus à faire à une elfe aussi entêtée. Et que la vie a son lot d'imprévus, rien de plus.
Il la cherchait. Faisait-il exprès de la narguer ? N'avait-il aucune limite ? Prenait-il un malin plaisir à la contredire à tout bout de champ ? A avoir le dernier mot ? Valaina n'aurait su dire ce qui l'animait et pourquoi il était ainsi avec elle. Peut-être qu'il était ainsi tout le temps. Peut-être que c'était son caractère. Et ouais, il avait un fichu caractère. Oh, la brune ne donnait pas sa part au chien, puisqu'elle lui en faisait voir de toutes les couleurs. Mais elle savait s'arrêter, quand il le fallait. Et là, elle ne répondrait même pas à la pique de l'Elfe. Elle allait se contenter ... de faire en sorte de retrouver son cheval et de s'éloigner de lui bien vite. A la vitesse de la lumière, du moins, si elle le pouvait.
Prendre congé. Voilà ce qu'elle allait fait. Et tellement il la perturbait qu'elle ne savait plus quoi dire. Ou elle disait des bêtises. Elle avait parlé de chasser des Orcs. Alors qu'en réalité, elle se fichait totalement des Orcs. C'était les Gobelins qu'elle poursuivait. Et la visite des différentes cavernes qui étaient en Terre du Milieu. Valaina fronça des sourcils. "Rhaaa, c'est pas ce que je voulais dire. Je n'en ai cure des Orcs. Je chasse les Gobelins. Vous me perturbez !" répliqua-t-elle en le pointant du doigt. Il l'exaspérait. Au plus haut point. Elle aurait dû lui sauter dessus et le noyer dans la flotte lorsqu'ils étaient en train de traverser la rivière. Insupportable ! Horrible ! Elle avait envie de passer ses fines mains autour de son cou et de l'étrangler ! "Allez au diable !" s'exclama-t-elle. Il lui avait tourné le dos. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'était une grossière erreur. Mais elle avait récupéré des cailloux qui traînaient par terre et elle lui avait balancé dessus. Puéril. Sans doute, comme réaction. Néanmoins, elle avait suivi ... Disons qu'elle s'emportait facilement. Enfin, ça dépendait avec qui. Elle savait faire preuve d'un calme olympien quand il le fallait. Mais là ... Ce type l'énervait. Elle perdait son calme trop facilement.
Il allait falloir ... tirer cette affaire au clair. Ou du moins, elle ne pouvait le laisser lui parler ainsi de la sorte. Elle était peut-être plus jeune que lui -mais ça, elle n'en savait rien du fait qu'elle ne savait même pas qui il était-, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle n'avait pas le droit au respect de la part de l'Elfe. Et elle allait lui faire ravaler ses paroles. Elle n'avait pas son épée elfique avec elle. Elle l'avait, malencontreusement, laissée sur son cheval. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'avait rien pour se défendre. Elle avait encore ses dagues. Certes, c'était un style de combat bien différent que se battre à l'épée. Mais ce n'était pas comme si elle n'avait pas le choix à dire vrai. "Venez donc par là que je vous botte les fesses une bonne foi pour toute !" Elle allait lui montrer qu'elle n'était pas comme les autres. Et qu'elle n'allait pas se laisser faire. Elle était prête à en découdre et à croiser le fer avec lui pour défendre son honneur et qu'il arrête une bonne fois pour toute de se ficher de sa tête.
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Dim 27 Juil - 14:51
Back to the past [Valaina]
Rêvais-je ou bien l'impertinente me jetait littéralement des pierres, moi, Nólas Hawfern, prétendu prince de Silvenfern ? Au vu du bruit sur le tapis de galets, faisant suite aux picotements dans mon dos, le doute n'était, malheureusement pour elle, pas permis. Tout comme à la menace proférée avec hargne, une poignée de secondes plus tard. Inconsciemment, mon torse se gonfla un instant de soulagement. Attendez... Imaginez un peu si cette harpie avait eu des dagues à la place de cailloux en mains ! Je m'estimais chanceux. Son aveu pour justifier un tel acte, digne d'un caprice d'enfant ? Que je la perturbais bien plus que je ne me l'étais représenté de prime abord. Mes sourcils s'haussèrent d'eux-même lorsque je réalisai ceci et que la belle elfe s'était bien mélangée entre orcs et gobelins. À moins qu'elle m'eut traité silencieusement d'orc et que son subconscient s'était chargé du reste. Le rapprochement est quelque peu étrange, oui, si on devine par là que la voyageuse partait en réalité pour la chasse à l'homme, ce qui aurait expliqué bien des choses...
Oubliez.
Elle avait l'air sûre d'elle, déterminée et forte, indépendante même. Pourtant, mes simples remarques loin de l'insulter copieusement parvenaient sans aucun mal à lui faire perdre son sang-froid. Les réflexions d'inconnus ne devraient jamais nous travailler de la sorte. Personne ne nous connait mieux que nous même et nous seuls sommes en droit de nous juger. Ne voulant la vexer plus encore, en bon prince que je suis, je lui présentai une nouvelle fois mon visage sans un sourire insolent à l'horizon. Je pouvais presqu'apercevoir de la fumée sortir de ses naseaux pour vous dire, mais ne me démontai pas pour autant. Si elle désirait se battre, j'allais lui accorder cette faveur en guise de dédommagement pour lui avoir causé du tort, bien qu'elle m'en eut fait davantage. Cependant, je me refusais de prendre en charge sa probable défaite; un essai, elle échoue, boude, enrage, crie à la tricherie, demande sa revanche, que sais-je, mais pour ma part je tourne la page et m'en vais pour de bon.
"Soit."
Plus de la majorité des gobelins avait déserté la rive d'en face à présent, une petite dizaine seulement se donnait le privilège d'admirer le spectacle risible qui se préparait. Je fis quelques pas, me baissant près de cette eau limpide et y plongeant mes mains afin d'en retirer deux branches, échouées par là, assez grandes et robustes pour prétendre être des épées, avant de me relever. M'attendant à une réflexion désagréable de sa part, je la dévisageais avec tout le sérieux dont je suis capable de faire preuve pendant que je débarrassais la première arme des petites ramifications, l'autre coincée sous mon bras droit. Des épées, pas des gourdins cloutés s'il vous plait. Même si cette elfe m'horripilait, loin de moi l'envie de prendre le risque de lui infliger des blessures plus ou moins graves par mégarde, bien que la situation pouvait également devenir dramatique avec de simples morceaux de bois. Et puis seul un poignard était accroché à ma ceinture. Une fois le travail achevé, j'examinai une dernière fois nos bâtons avant de combler la distance nous séparant et de lui présenter ce nouveau modèle d'épée des terres du milieu.
"À moins que vous n'entendiez par là m'écorcher vif, je pense que ceci fera l'affaire", déclarai-je d'un ton plus courtois.
Me provoquer en duel ? Il fallait réellement vouloir gaspiller temps et énergie. Mais d'un côté, toute cette mise en scène m'amusait. C'était comme respirer l'air frais après des années enfermé dans un cachot.
Y avait-il quelqu'un d'autre au monde qui l'énervait autant que lui ? Voire plus ? Non. Les jumeaux terribles d'Imladris étaient, certes, pénibles, mais elle les considérait comme ses frères. Par contre, lui ... Elle ne savait pas pourquoi. Mais oui, il l'exaspérait au plus haut point. C'était peut-être parce qu'il lui plaisait qu'elle réagissait de la sorte. Et parce qu'elle refoulait les sentiments qu'elle pouvait avoir. Ah la la ... La vie pouvait être, parfois, plus qu'étrange. Et en cet instant, oui, elle était sacrément étrange. Ne pouvaient-ils donc pas se séparer sans se sauter à la gorge ? Il fallait croire que non. Valaina l'avait dans le nez. Est-ce que ça s'arrangerait entre eux ? Ou bien était-ce voué à l'échec ? L'Elfe aimerait à dire que c'était impossible, que ça resterait ainsi entre eux et qu'il y aurait toujours ce différent. Mais elle pouvait se tromper. Et ppeut-être que tout finirait par aller mieux avec le temps, sait-on jamais.
Se battre contre lui. Pour régler ce différent une fois pour toute. Est-ce qu'elle le verrait d'une autre manière si jamais elle arrivait à le battre ? Ou bien l'inverse ? Valaina n'aurait su le dire. Mais elle le saurait bientôt. Elle était prête à en découdre avec lui. L'inverse semblait être vrai également. Enfin, peut-être n'avait-il aucunement envie de lever la main sur elle. Pour preuve, voilà qu'il s'était tourné et qu'il faisait des trucs bizarres. Valaina le regarda avec un drôle d'air. Mais qu'est-ce qu'il était en train de faire ? Elle aurait pensé qu'il se serait rapproché et qu'ils auraient, alors, croisé le fer sans plus attendre. Mais non. L'Elfe se gratta l'arrière du crâne. Il avait une araignée au plafond. Ce fut à ce moment précis qu'elle remarqua les morceaux de bois. Si elle s'attendait à cela ! Oui, elle voulait le combattre. Mais de là à utliser des bâtons de bois, et non pas des vraies armes. Elle secoua quelque peu la tête. Il était à part. Vraiment pas comme les autres et elle avait du mal à le cerner. Ne pouvait-il pas agir comme tout le monde ? Y'en a plus d'un qui n'aurait, sans doute, pas attendu si longtemps.
Il revint non loin d'elle et en vint à lui tendre un des bâtons de bois. Une épée improvisée, en quelque sorte. Est-ce qu'elle allait se moquer de lui ? Sans doute. "Des morceaux de bois ?" dit-elle plus pour elle-même que pour lui. "Avez-vous donc peur que je vous blesse ? A moins que ça soit l'inverse." dit-elle en fronçant quelque peu des sourcils, tout en le regardant. Elle ne s'attendait clairement pas à cela. Elle aurait pensé qu'il était du genre joueur et qu'il n'aurait pas hésité une seule seconde. Mais fallait croire qu'elle se trompait. "Soit." se contenta-t-elle de répondre un peu comme lui plus tôt. "Je relève le défi avec vos armes." Bien qu'elle trouvait cela complètement stupide mais bon. Elle allait le faire. Elle n'attendit pas réellement qu'il se mette en place. Elle avait attaqué. Directement. Fallait l'avouer. En ce temps là, Valaina était une tête brûlée. Elle fonçait, sans réellement réfléchir. Quitte à s'attirer quelques ennuis. Mais n'est-ce pas ainsi qu'on apprend de ses erreurs ?
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Lun 22 Sep - 21:25
Back to the past [Valaina]
Le coup partit sans prévenir. Elle aurait pu m'avoir avec cette première offensive mais ma posture se rééquilibra instinctivement, si bien que je n'eus aucune difficulté à la contrer. Pas mal pour une débutante. L'écho des bois s'entrechoquant flotta quelques instants encore dans l'air et je profitai de cette proximité pour l'insupporter davantage.
"Je crains qu'il n'y ait que votre égo de blessé dans tout cela..."
Un ton sarcastique et un sourire en coin, rien de mieux pour piquer au vif une elfe comme elle. Une technique peut-être un brin trop mesquine puisque moins aisé de rester concentré après cela. Non, une demi-vérité, en fin de compte, au vu de cette provocation en duel lancée à jet de pierres... Ha ! Si elle voulait être traitée telle une enfant, autant vous dire que Mademoiselle allait être servie. L'avantage devait me revenir quoi qu'il en était, usant de propos taquins ou non. J'y croyais dur comme fer. Pourquoi aurais-je dû douter de mes capacités après tout ? Sans doute légèrement rouillé depuis le dernier combat engagé, je l'accorde, néanmoins j'aimais penser que cela revenait naturellement après une bonne poignée de minutes à s'acharner sur la cible.
Je la fixais alors effrontément... Avant de mener la danse à mon tour. Mes percées la forçaient à se montrer attentive aussi bien dans ses parades que dans ses pas, puisque l'obligeant à reculer sur ce terrain instable. Comment dire... Je me délectais de son air indescriptible. Le reflet de sa hargne ? De sa détermination redoublée ? Il semblerait. Mais cette prise de bec en valait la peine rien que pour cette moue. Et je ne crois pas me tromper en vous confiant que cela ne lui avait pas échappé non plus. D'autant plus que l'assurance me gagnait en réalisant que je n'avais finalement pas perdu la main.
Si vous n'avez jusqu'à présent jamais eu le privilège d'assister à un combat elfique, en tant qu'humain, hobbit, nain ou individu de je ne sais quelle autre race encore, troll peut-être, sachez que deux immortels s'affrontant ne démordent pas et, bien que la courtoisie reste de rigueur durant cet échange, chacun convoite la place du vainqueur, ne retenant qu'en de rares situations les coups assenés, épées de métal comme de bois. Étrangement dans ces cas-là, la fatigue tarde à se faire sentir: le pas léger, la gestuelle maîtrisée et ne faisant perler pas même une goutte de sueur sur le front, l'adrénaline du moment, difficile d'estimer le temps nous ayant filé entre les doigts. Celui-ci paraissait coller à ce schéma, tant nous étions obstinés, l'un comme l'autre. Et j'en vins à me demander si le soleil ne déclinerait pas bien avant le dernier coup de bâton.
Ah, ce cher Nólas ! Quel bougre mine de rien ! Et pourtant, Valaina ne pouvait pas spécialement lui en vouloir. Il marquait son territoire, en quelque sorte. Il faisait en sorte de ... Et bien, d'avoir le dessus sur la jolie brune. C'était normal. Il voulait lui prouver ... En fait, Valaina ne savait pas trop ce qu'il voulait prouver. Ils auraient très bien pu en rester là. Elle partait. Lui en faisait de même. Et puis, c'était tout. Et jamais, oh combien jamais ils ne se seraient recroisés. Enfin, sauf dans les rêves les plus fous de la brune qui semblait plus attachée à lui qu'elle ne voulait bien le laisser paraître. Mais bon, c'était ainsi. Parfois, on se retrouve avec des choses merveilleuses sous les yeux. Et on préfère les laisser passer devant soi. Simplement parce qu'on a peur. Ou bien parce qu'on ouvre pas les yeux correctement. Parce qu'on ne sait pas vraiment comment qualifier ce qu'on a devant soi. Et tout un tas d'autres choses.
Quoi qu'il en soit, Valaina ne comptait pas le laisser faire sans rien faire. Oh que non. Les bâtons s'entrechoquèrent assez rapidement. Des coups simples. Et vifs au départ. Mais au fur et à mesure que les coups étaient échangés, c'était comme si ... comme si le rythme s'augmentait. Oh, elle avait un peu de mal à suivre. Parce qu'elle n'était pas une combattante émérite. Elle avait un peu de mal. Elle s'entraînait, certes, avec les jumeaux diaboliques d'Imladris. Néanmoins, quand bien même ils étaient de formidables grands frères, ou du moins, c'était ainsi qu'elle les considérait, ce n'était pas pour autant qu'ils étaient de bons formateurs. Et oui, que voulez-vous ? On ne peut guère être doué dans tous les domaines. On ne peut pas savoir faire le pître admirablement et savoir former les gens. N'êtes vous pas d'accord avec moi ? Une chose était certaine. Plus le combat allait durer dans le temps, et moins elle aurait de chance de ... et bien, de le prendre à son propre jeu. Elle devait frapper. Et vite. Elle cherchait, tant bien que mal, à le déstabiliser. A lui faire perdre pied. Il en faisait de même et cela n'était que de bonne guerre. Doué, bien plus doué qu'elle à l'épée. Pour sûr. Elle avait quelques petits trucs, quelques petites astuces. Mais hélas, cela ne serait pas suffisant et elle ne pourrait s'assurer la victoire. Et partir sur un échec, face à lui. Non. C'était impensable.
Mais le plus impensable, surtout, c'est comment leur combat se termina. Il y eut, soudainement, un grondement. Elle n'y avait pas fait attention. Elle croyait que c'était le soleil qui déclinait et qui partait se cacher par delà les montagnes. Mais hélas, ce n'était nullement le cas. Mais plus la nature qui reprenait ses droits et qui, peut-être, cherchait à leur faire comprendre que ce combat était des plus stupides. La foudre en vint à s'abattre sur l'un des arbres, non loin d'eux, brisant, ainsi, quelques branches au passage. "Il ne manquait plus que cela !" en vint-elle à lâcher tandis que les premières gouttelettes d'eau s'écrasaient lourdement au sol ou bien sur le front des Elfes. "Je crois, hélas, que nous allons devons remettre cette confrontation à plus tard." en vint-elle à dire en baissant son bâton. Mais ce n'était que partie remise selon la brune.
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Jeu 9 Oct - 20:41
Back to the past [Valaina]
L'instant nous échappait, n'ayant pas idée que la nuit approchait. Finalement, le ciel jugea qu'il était temps de mettre un terme à cet échange disons... Irrationnel. Bien que fort instructif, d'une certaine manière. Les premières gouttes de pluie tombèrent mais l'orage qui grondait jusqu'à présent entre nous s'éloignait doucement.
Il n'y a pas plus vrai comme conversation. Un duel. Alors que les mots manipulent et dupent, l'épée, elle, reste authentique. Elle n'est que le reflet de son maître, dévoilant sa personnalité, son passé, ses douleurs même. Vous en apprenez bien davantage d'un inconnu en combat singulier qu'autour d'une bonne chope de bière, croyez-moi ! À moins de vider des tonneaux entiers peut-être. Elle semblait en grande forme: sa maîtrise tout à fait acceptable de l'arme -ou du bâton, cela revient au même- ne trahissait aucune blessure ancienne et handicapante. Oui, ses mouvements étaient fluides et loin d'être timides. Toujours sa détermination. Elle cherchait même à me déstabiliser, comme je tâchais de le faire, me rendant ainsi la monnaie de ma pièce. Ah, ce sens de la justice... ! Mais je n'allais pas la narguer. Quand bien même l'éclair ne m'en laissa pas l'occasion, d'ailleurs.
"Je crois, hélas, que nous allons devoir remettre cette confrontation à plus tard", avait-elle lancé.
J'approuvai d'un simple hochement de tête cette "suggestion", me faisant entre autre du souci pour ma monture, et jetai mon bâton au sol, profitant un court instant de la pluie qui glissait sur mon visage. C'était une drôle de sensation. Pas cette eau qui me rafraichissait non, mais ce calme soudain après la tempête. L'agressivité des premiers instants de cette rencontre n'avait plus autant d'ampleur et l'envie de la revoir me reprenait même. Un léger sourire et je déclarai presque amusé.
"Eh bien quelle journée ! Bon retour chez les vôtres dans ce cas... C'était un plaisir de croiser le bois avec vous."
Une courte révérence, pour la remercier de son aimable attention, et je tournai déjà les talons. Ne pas s'éterniser, ne pas jeter de dernier regard, même si son prénom me restait inconnu. Nous finirions bien par nous croiser à nouveau...
"Nólas !", m'étais-je surpris à lui confier en me retournant une poignée de secondes plus tard. "Si jamais on venait à vous demander de qui vous tenez cette magnifique épée..."
Pas comme les autres. Il avait un caractère. Un fichu mauvais caractère. Mais on ne pouvait pas dire pour autant que Valaina était plus douce que lui. Elle était têtue. Elle n'aimait pas qu'on lui mazrche sur les pieds. Elle était quelque peu capricieuse. Il est vrai qu'avec le temps, elle finira par s'assagir. Mais ce n'est pas pour tout de suite, pour sûr. Quoi qu'il en soit, le temps, la nature semblait avoir raison d'eux et souhaitait qu'ils cessent leur chamaillerie. Du moins, pour aujourd'hui. La pluie, elle s'en fichait quelque peu. Elle aurait très bien pu continuer à combattre sous la pluie à dire vrai. Cela ne l'aurait pas gênée outremesure. Du tout même. Néanmoins, qu'on se l'avoue. Elle n'était pas une grande fan des orages. Non pas qu'elle détestait les éclairs, la foudre et tout ce qui pouvait s'en suivre. Elle n'était juste ... Pas très rassurée. C'était pas plus mal qu'ils arrêtent là leur petit débat. Pourquoi ? Parce que les choses auraient pu s'envenimer. Parce qu'elle aurait très bien pu aller plus loin dans ce combat. Parce que ça ne servait à rien de faire cet homme son ennemi. Il était sympathique après tout. Avec de sales manières, néanmoins, mais sympathique. Fichu bougre. Il était bizarre. Très bizarre. Mais ouais, elle l'appréciait, nul doute là dessous. Elle n'irait juste ... pas le lui avouer. Pas aujourd'hui en tout cas. Elle voulait être sûre. Sûre de ce qu'elle pouvait ressentir pour lui. Et pour le moment, elle était ... quelque peu perdue.
Mais revenons-en à ce qui nous intéresse plutôt. Le combat semblait terminé. Hélas pour elle. Elle aurait tant aimé pouvoir lui botter les fesses et lui enlever ce petit sourire en coin qu'il avait. La prochaine fois. Du moins, c'était ce que la jeune femme se disait. Avec un peu de chance, ils se recroiseraient. Encore. Intérieurement, oui, l'idée lui plaisait. Après, est-ce qu'elle ne lui arracherait pas les yeux la prochaine fois qu'ils se croiseraient, ça, ça serait moins certain mais bon. Il avait lâché son bâton. Elle en avait fait de même. De toute manière, ce n'était pas comme si elle allait l'attaquer lâchement par derrière. Nan, ça ne serait pas bien du tout. Bien que l'idée l'avait quelque peu effleuré, il fallait bien l'avouer. Toujours rester sur ses gardes, comme on le dit si souvent. Il s'éloigna quelque peu, en lui souhaitant un bon retour chez les siens. Elle avait détourné les talons. Il en avait fait de même. Mais n'était pas parti bien loin à dire vrai. Non, il était resté dans les parages. Et voilà, se retournant, qu'il lui hélait, au loin, son prénom. Nólas. Nólas ... Au moins, elle pouvait mettre un prénom sur son visage. Ce qui n'était pas plus mal à dire vrai.
Elle ne comptait pas se retourner. Elle ne comptait pas le voir. Elle comptait jouer les anguilles et se tirer. Et contre attente, elle fit tout le contraire. Elle s'était retournée. Elle avait croisé brièvement son regard. "Valaina." avait-elle dit à son encontre. Et elle ne savait pas pourquoi, à dire vrai, elle le lui avait dit. Peut-être parce qu'elle avait un certain espoir ... de le recroiser. "Et ne vous inquiétez pas, je doute qu'on en vienne à me poser quelques questions à votre encontre." répliqua-t-elle en lui tirant la langue. Peste une fois, peste toujours comme on le dit si souvent. Elle n'était pas du genre à abandonner. Et elle allait lui laisser une belle image d'elle, en quelque sorte. Sur ce, elle s'était éloignée. Elle ne pouvait pas rester dans les parages, sous la pluie, non ? Surtout que les Gobelins étaient de sortie et qu'ils pouvaient débarquer à n'importe quel moment.
Voilà comment c'est terminé leur seconde rencontre à nos deux oiseaux. Le début de nombreuses rencontres à venir, si on peut dire cela ainsi.
Et si on remontait loin dans le temps ? Loin ... très loin. Pas quelques semaines. Pas quelques années. Mais remonter à un millénaire. Voire un et demi. Pratiquement deux à dire vrai. En ce temps là, Valaina était une jeune elfe. Charmante. Entêtée. Très entêtée. Une tête brûlée. Qui ne faisait ... Comment dire ... Qui se fichait un peu de ce qui pouvait lui arriver. En ce temps là, tout ce qu'elle voulait, c'était ... découvrir le monde. Et surtout, retrouver un bijou qui avait appartenu à ses parents. Bijou dérobé lors d'une attaque de Gobelins qui avait eu, pour conséquence, de se retrouver orpheline et d'être accueillie à Fondcombe. Oh, on l'avait chérie. On s'était bien occupée d'elle. On lui avait donné amour et attention. Elle avait grandi avec deux jumeaux diaboliques qu'elle considérait comme ses frères -ce qui était toujours le cas-. Pas la vie rêvée. Mais une belle vie quand même. Et Valaina avait besoin de quelque chose ... pour la raccrocher à ses parents. C'était peut-être stupide. Elrond lui avait dit, à de nombreuses reprises, que sa quête était vaine. Qu'il existait de nombreuses et de nombreuses grottes dans les montagnes et qu'elle ne retrouverait jamais ce bijou. Mais elle n'en avait fait qu'à sa tête. Comme toujours. Quoi que, à présent, elle était quand même bien plus sage et bien moins bornée que par le passé. C'était même plutôt elle qui réprimandait les autres. Surtout les deux jumeaux diaboliques. Rha ces deux là ! Toujours à la faire tourner en bourrique. Mais il y avait une autre personne ... Qui avait le même effet. Un jeu du chat et de la souris qu'ils jouaient, tous les deux. Et ce depuis leur rencontre. Je te suis, tu me fuis, et vice et versa. Une longue histoire tous les deux.