Aïden réussit, contre toute attente, à rester trois nuits supplémentaires à Esgaroth. À vrai dire, elle aurait probablement mis les voiles le lendemain de son arrivée si la vagabonde n'avait pas fait une rencontre inespérée - car, entre nous, elle se voyait mal rester davantage à un endroit où les affaires faisaient franchement la moue. Cette résolution l'avait donc suivie jusqu'à ce qu'un étrange marchand l'interpelle et lui réclame ses services... Contre une grasse somme d'argent. Une aubaine. Il n'en fallait pas plus pour la voleuse ! Et la voilà, à son dernier soir à Lacville, en train d'observer calmement l'appartement de ce seigneur bientôt dépouillé de son bien: un anneau blanc, très particulier. Jamais la jeune femme n'avait eu vent d'un pareil bijou et elle se mit à douter, cachée dans l'ombre, de l'honnêteté de cet homme et jugea plus raisonnable de garder cette trouvaille qui devait valoir son pesant d'or. Tirée de ses pensées par le glapissement d'un chien, Aïden inspira profondément et s'introduisit dans la demeure de l'inconnu.
La jeune femme s'était faufilée avec une certaine aisance dans la maison. Les propriétaires, déjà assoupis à cette heure-ci, il fallait croire, lui facilitèrent grandement la tâche. Aïden ne s'attarda qu'une dizaine de minutes, non sans faillir commettre une erreur irréparable à cause de la faible luminosité, malgré toute l'agilité et toute la discrétion dont elle faisait habituellement preuve, pour enfin retrouver l'air frais de la nuit, son précieux dans la paume de sa main.