Mesli Blackmaze || I'll shine.

Rang

J'ai rencontré beaucoup de gens exceptionnels. Ils avaient chacun un passé bien à eux, une histoire, des douleurs, des joies, toutes ces choses qui les ont forgés et qui ont fait en sorte qu'ils soient les guerriers ou les nobles qu'ils sont aujourd'hui. Toutes des personnes merveilleuses, avec qui j'aurais pu passer ma vie à converser, si je n'avais pas ce puissant désir de voyages et de liberté. Tous, sans exception, étaient spéciaux à leur manière. J'ai beaucoup réfléchi à chacune de leurs histoires. Après tout, ce n'est pas comme si j'avais autre chose à faire. Et j'en suis venue à la conclusion que je suis banale. Je n'ai rien dont je puisse me vanter. Je n'ai rien dont je puisse me lamenter. Rien ne m'a forgé, si ce n'est les heures de durs travaux ruraux. Je suis si... banale.

Je suis née dans une famille de paysans. Nous vivions dans les plaines cultivables du Rohan, sous la tutelle d'un seigneur dont je ne me rappelle plus le patronyme. Notre maison était située dans un petit hameau pas très important, qui ne faisait pas grand-chose si ce n'est produire du blé en quantité industrielle. Dès la naissance, j'étais vouée à un destin plat et sans aucune chose excitante. Juste des heures de labourages, de cultures, des heures perdues à ne rien faire et à laisser sa peau brûler lentement sous les rayons du soleil. Pendant les dix premières années de ma vie, quand je n'étais pas dans notre chaumière en bois en train de rêvasser ou de jouer avec un chat ou un chien trouvé quelque-part dans nos terres, je semais la graine ou j’extirpais les épis du sol. Puis, quand j'ai eu dix ans, il y a eu la naissance de ma petite sœur. Soë. Dès sa naissance, j'ai remarqué ses yeux bleus, ces yeux purs dans lesquels je me plaisais tant. Je l'ai tant aimée. Je la chérissais, j'étais plus avec elle que notre mère ne l'était. Ce n'était qu'un bébé, moi une jeune adolescente, mais déjà un lien indestructible était tissé entre nous. Puis, elle a grandi, encore et encore. Elle avait dix ans et j'en avais vingt. J'étais dans les champs, à labourer et elle elle semait derrière moi. Nous n'avions pas besoins de nous parler pour nous comprendre, nous étions simplement sœur. Même plus que ça, nous étions des âmes-sœurs. Pas les âmes-sœurs dont on parle en terme d'amour passionnel, non, là c'était simplement de l'Amour pur. Je l'aimais, je tenais à elle, je la protégeais. Mais pas assez, il faut croire, parce que je l'ai perdue.

Elle n'est pas morte, non. Elle s'est simplement... éloignée. Elle a cessé de me parler, de me regarder, d'être avec moi. Sa présence me faisait cruellement défaut. Et puis j'ai ressenti cet irrépressible besoins de liberté et je suis tout simplement partie. Sans vraiment réfléchir. J'ai empaqueté le peu dont j'avais besoin, j'ai volé les deux épées de mon père, et je suis partie. J'avais besoin de sentir le vent sur ma peau, la pluie dégouliner le long de mes cheveux, la crasse me recouvrir, preuve de mes aventures et de mon errance. Ma vie ne me satisfaisait pas et j'ai fait le choix de faire en sorte qu'elle le fasse. Je n'ai jamais oublié Soë, évidemment, et pour compenser ce manque, je me fais des amis, je parle à des gens, je suis amicale et je me laisse entraîner. Parce-que je ne veux pas devenir solitaire comme elle, qui a soudainement rompu tout contact. Je me suis promise de ne jamais faire de mal à personne comme elle m'en a fait, de ne jamais laisser tomber mes amis, peu importe ce qu'il m'en coûte. Pour ne pas l'oublier, j'ai également volé un de ses livres. C'était ce qui nous qualifiait comme famille, nous savions lire. Mes parents avaient eu une éducation et ils nous l'avaient transmise. Je ne lisais pas tant que ça, mais Soë oui. Elle avait une dizaine de livre et je lui en ai pris un, celui qu'elle lisait le moins, pour ne pas la pénaliser. Quand mon moral est bas, ou simplement quand je veux me souvenir d'elle, je le lis. Après toute la route que j'ai fait, le livre est tombé en ruines, les pages sont jaunies et certains mots effacés, mais peu importe. Au moins j'ai une chose à laquelle je tiens.

Mais mon existence, bien que soit pleine de voyages et paysages magnifique, me semble vide. Je n'ai jamais rien fait d'exceptionnel, je n'ai jamais rien vécu de marquant, à part peut-être l'abandon de ma sœur. Évidemment, tout le monde s'en fiche. Eux, ils ont perdu des amants, une famille, un village, ils ont parfois tout perdu. Et moi, elle n'est même pas morte, ma sœur. Elle est quelque-part. Je ne cherche pas à la retrouver, mais peut-être qu'un jour...

Ce que je sais, c'est que je veux maintenant accomplir quelque-chose. Je veux que lorsque les voyageurs me rencontrent, ils se disent : ''C'est Mesli! C'est Mesli la Grande, Mesli la Courageuse, celle qui a accompli tous ces exploits!''. C'est à mon tour, maintenant.

Regardez-moi briller.

Et pour finir : BON RPG