❝ The memories of our own childhood are only moments sublimated which constitute a real personal and intimate heritage difficult to teach younger. ❞
S
es paroles résonnaient encore dans son esprit. L’image du nain trépignait et sa voix dont l’excitation avait soudainement fait grimper dans les aigues était un souvenir qu’elle n’arrivait pas encore à se défaire. Elle souriait à chaque fois qu’elle y repensait et pourtant, au fond d’elle-même, elle regrettait déjà d’être partie. Voilà maintenant une vingtaine de jour qu’il était venu la trouvé dans son atelier, alors que la nuit descendait sur les Montagnes Bleues. Bien rares étaient les fois où il daignait sortir de sous ses parchemins et de l’abri des murs de la bibliothèque. Et encore plus rare les fois où il prenait le risque d’en sortir un livre ancien. Mais cette fois il avait fait les deux. Il devait le faire, il devait lui montrer et il savait pertinemment qu’il ne parviendrait pas à lui faire mettre le moindre pied dans son capharnaüm. Alors il était venu à elle. Sans doute avait il apprit qu’Heimdall n’était pas là, il allait donc pouvoir la voir seul à seul. Parfait. Un nouveau sourire étira les lèvres de la naine alors qu’elle remit un morceau de bois dans le feu. La lueur des flammes se reflétait sur l’eau paisible du lac, parfois à peine troublé par les ondulations d’un poisson remonté trop prés de la surface. Elle ne le vit pas, de nouveau plongé dans ce souvenir de cette soirée qui allait changer beaucoup de choses…
E
lle n’avait pas eu besoin de le faire entrer, il avait prit cette liberté de lui-même, débarquant dans la pièce principale sous le regard éberlué d’une Nadezda en train de souper. A peine eut elle juste de temps de faire un minimum de place sur la table qu’il y déversa tout ce que ses courts bras pouvaient tenir. Rouleaux de parchemins, morceaux de ficelles, pages de livres et même une boussole s’écroulèrent devant ses yeux. Pas une explication, pas un mot, juste l’halètement sifflant du vieux nain qui cherchait à reprendre son souffle. Puis il la salua. Fraïn était un ami de longue date, et même avant d’être un ami il avait été un professeur pour elle, pourtant malgré les années, elle ne cessait de le trouver étrange et parfois même presque effrayant. Il ne s’encombra pas des questions stupides que les règles sociales imposaient normalement lorsqu’on débarquait sans être invité chez quelqu’un leur du soupé et ficha sous le nez de son ancien élève un dessin. « Sais-tu ce que sais ?! »Oui elle savait ce que c’était. Il n’était pas venu chez elle par hasard, il était venu pour ça. Bien des rumeurs citent son nom, bien des histoires racontent et vantent ses pouvoirs…Mais tout cela ne sont que des Légendes que l’on se raconte au coin du feu. Elle les connaissait pas cœur, Fraïn lui en ayant apprit la plupart, d’autres récités par sa mère le soir…Et toutes avaient le même fil conducteur : Telchar. Son propre ancêtre avait fait ce dessin, et les descriptions qu’on lui en avait fait suffirent à ce qu’elle devine ce qu’il représentait : L’Heaume de Dragon.
C’
est pour ca qu’elle était là, perdue loin de ses montagnes, se réchauffant devant un feu de fortune et mâchonnant sans grand appétit le poisson qu’elle avait péché précédemment. Derrière elle, les deux poneys qu’elle avait amenés avec elle broutaient en silence. La route jusqu’ici avait été calme, sans obstacles majeur. Monotone à la limite de l’ennuyeux. Mais maintenant qu’elle était arrêtée, que son regard se portait sur la chaine de montagne qui se dessinait au loin, elle regrettait. Courir après une légende, voila ce qu’elle était en train de faire. Pourquoi était elle partie ? A présent elle avait du mal a vraiment trouver ses raisons valables…Les indications de Fraïn avaient étés plus que minces, la carte qui lui avait donné était dans une langue depuis longtemps oublié des nains…Un vent froid venu du nord fit trembler le feu qui résista vaillamment alors qu’elle s’emmitoufla dans sa cape en fourrure. La nuit allait être longue. Toutes les nuits à venir le seraient…
A
u loin une chouette hulula, perché sur une branche dans une foret qu’elle ne pouvait encore voir. Un des poneys, sans doute Bâzan, ronfla des naseaux…Elle ne dormirait pas cette nuit.