Faendel

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Faendel

La sagesse guidait chacun de ses pas comme une étoile. Jamais n’avait-elle été connue pour avoir posé un geste sans réfléchir, ni même avoir fait un pas sans en avoir calculé les risques. Elle eut le temps de milles vies pour s’épanouir et récolter moult connaissances à travers ses voyages et les âges. Nombreux furent les épreuves qu’elle affronta et qui marquèrent à jamais son esprit et sa peau, mais chaque fois elle trouva le courage de les surmonter pour continuer son chemin et chaque fois elle en ressortait grandie et plus épanouie qu’auparavant. Sa patience tout comme sa bonté étaient reconnues parmi son peuple et bien au-delà. Jamais n’avait-elle tourné le dos à la souffrance d’autrui fut-il mortel ou non et son expérience la gardait de tout jugement avant d’avoir connu. Son calme imposait le silence et savait apaiser les esprits les plus échauffés, aussi ses conseils étaient-ils des plus avisés. De sa simple présence, elle parvenait à éteindre les doutes et les peurs qui grandissaient parfois dans le cœur des gens tel un baume qu’on applique sur une blessure vive. Faendel ne sut cependant jamais trouvé celui capable de faire fondre son cœur et c’est bien là tout ce qu’il lui manque pour combler son immortalité. Elle n’avait donc jamais su vraiment s’établir pour de bon et bien qu’elle réside à ce jour à La Lorien, il n’est pas rare de la rencontrer ailleurs en quête d’un but qu’elle ignore encore. Cette recherche qui n’aboutit pas marque grandement son âme et bien qu’elle n’en prenne point conscience à l’instant, une mélancolie la gagne peu à peu. L’énergie des Eldars la quitte. Pourtant, une certitude subsiste en son cœur que son temps n’est pas terminé sur la Terre du Milieu.

Lorsqu’elle descendit l’escalier, vêtue de sa longue robe d’argent, ce fut comme un ange venant du ciel. Sa chevelure était d’or, retombant sur ses épaules en cascade, et sur sa tête reposait un diadème d’étoiles. Sa présence émanait un pâle halo, lumière dans l’obscurité. Elle avait un visage clair de jeunesse, mais dans ses yeux d’azure paraissaient la sagesse de milles hommes réunis. De sa simple vue, Faendel imposait le calme, une aura d’apaisement. Il y avait dans sa voix la douceur du chant des oiseaux au levé du soleil et lorsque ses mains gracieuses dansèrent sur les cordes de la harpe, la musique qui s’en éleva enchanta les plus fines oreilles réduisant au silence le bruit environnant, même la nature s’était tue pour l’écouter. Un sourire à faire fondre les cœurs les plus froids arborait ses lèvres fines et si une innocence certaine transparaissait dans ses manières, ce n’était là que façade puisque tous savaient qu’elle n’était point femme naïve. Et si ses traits de porcelaine ne se crispaient jamais, il ne fallait pas moins en craindre sa colère. Car dans son cœur de cristal brûlaient les flammes de la vie.

Ton histoire

An 572, PA, Amriel

La pâle lueur du jour se frayait un faisceau à l’intérieur de la chambre, alors qu’au nombre incalculable d’heures écoulées, Faendel voyait le jour. Deuxième enfant d’une fratrie de cinq, son frère ainé était né quelques minutes avant elle. Sans doute eut-il plus de chance que sa soeur de naître en premier, faisant de lui l’héritier légitime du futur royaume que fonderait leurs parents, mais Faendel aussi était née sous une bonne étoile. Les deux jumeaux naquirent dans une ère de paix régnant à l’ouest, complètement indifférent à l’est qui était alors ravagé par la guerre. Durant le début de sa vie, la princesse poursuivait un entrainement militaire avec son double y trouvant rapidement affinité avec l’arc. À cette même période, elle développa son don pour la guérison, se lançant aussi dans cette voie. Néanmoins, comme le Premier Âge s’achevait et qu’elle n’avait pas encore atteint sa majorité, le goût du voyage l’appelait. En tant que deuxième enfant, elle n’hériterait jamais du royaume et rien ne l’attendait particulièrement ici. Au départ, elle n’avait pas d’intérêt à aller aussi loin que l’est, l’elfe avait simplement besoin d’observer un peu le monde. Avec l’accord de ses parents, elle partit en compagnie d’un protecteur qui avait accepté de la suivre dans son périple. Faendel s’engagea alors sur un voyage qui dura bien plus longtemps que prévu.

Ses pas la menèrent finalement jusqu’à l’est, alors que la curiosité la poussait à aller toujours plus loin et son protecteur la suivait, sans jamais protester. La princesse gardait toujours contact avec sa famille à travers des lettres portées par les aigles de son royaume, leur racontant sa progression et ses découvertes. Puis, elle mit les pieds en Terre du Milieu, arrêtant sa route alors que la guerre prenait fin en ces terres. L’elfe et son protecteur prirent logis à Lindon, accueilli par Gil-Galad.

Et le deuxième âge s’entama.
Une ère de paix s’installa pour l’est et Faendel grandissait, étudiant pour parfaire ses connaissances de guérison elfique, développant son don, elle s’avéra fort douée en la matière. Loin des siens, elle gardait toujours contact avec eux, leur disant qu’elle avait découvert de nouveaux royaumes, de nouveaux paysages tout aussi beaux que les leurs. Néanmoins, les années de paix furent de courte durée, une ombre s’élevait à l’horizon et le mal ne restait jamais endormi bien longtemps. Lorsque Sauron se présenta à eux sous les traits d’un autre, tentant de séduire les elfes, Faendel préféra se porter au jugement de Gil-Galad et resta ainsi à l’écart de son influence. Et en un battement de cils, la poudre s’enflamma et la guerre fit trembler une fois encore la Terre du Milieu. Et ses correspondances cessèrent durant cette période.

Durant cette période, Faendel ne resta pas inactive, voyageant à travers le Rohan, le Gondor, Rhovannion et les Monts Brumeux pour venir en aide durant les batailles tant au niveau combat que pour la guérison, elle arrêta sa course au refuge d’Imladris durant un temps peu après sa fondation. Elle y prit pied jusqu’à la formation de la Dernière Alliance des Elfes et des Hommes auquel elle répondit à l’appel. Quoi qu’on ait pu lui dire, nul n’aurait pu l’empêcher de se présenter à la guerre pour défendre la Terre du Milieu. À son plus grand étonnement, Faendel y revit son frère jumeau qui avait eu vent de ce qui se passait à l'ouest grâce à la dernière lettre de sa soeur et qui, inquiet pour la vie de celle-ci, n'avait pu s'empêcher de prendre chemin jusqu'ici. Elle apprit alors que leurs parents avaient eu trois autres enfants, ceux-ci étaient restés au royaume, seul son aîné avait pris les devants, sachant que Faendel survivait quelque part parmi la guerre qui ravageait l’ouest. Les retrouvailles furent de courte durée, néanmoins, car la guerre faisait rage. Alors ils allèrent rejoindre les rangs de l’armée de Gil-Galad. Son frère prenait de grands risques, mais il refusait de repartir vers l'est avant de s'être assuré du bien-être de sa jumelle. I Melain berio le.

Sauron fut vaincu, mais ce fut une victoire amère ce jour-là pour la Dernière Alliance des Elfes et des Hommes. Des grands hommes étaient morts durant la guerre, y compris Gil-Galad, et les horreurs de sa dévastation marquèrent son esprit à jamais. Son protecteur avait péri durant la bataille, lui laissant comme seul héritage son arc elfique forgée à Amriel. Fort heureusement, elle et son frère en ressortir vivants et celui-ci la supplia de revenir avec lui au royaume, elle était partie depuis trop longtemps, mais Faendel refusa. Sa maison était ici maintenant, à La Lorien et sur la Terre du Milieu. Rien ne l’attendait à l’est, mais son frère refusa de couper encore une fois les liens et ainsi germa l’idée de la nommée Ambassadrice d’Amriel, elle serait la voix de l’est sur la Terre du Milieu, assurant ainsi la communication entre les royaumes des elfes est et ouest. Leurs parents seraient d’accord, il ne pouvait en être autrement et son frère saurait les convaincre. Ainsi, il repartit vers ses terres. Pour chaque royaume, qu’il fut humain ou elfique, les dirigeants repartaient avec trop peu d’effectif, les pertes avaient été lourdes. Mais rapidement, le temps fit son œuvre et la paix s’installa à nouveau.

Pour les hommes, la douleur s’effaça et la peur ne fut plus qu’un mauvais souvenir qui devint vite un rêve qui à son tour ne fut plus que raconter aux enfants comme histoire pour faire peur. Eux oublieraient les ravages, mais dans le cœur des immortelles qui avait vécu les cauchemars de cette guerre, la peur résidait toujours qu’un jour, à l’est, la fumée gravisse à nouveau le ciel. Ceux qui avaient vus ne désiraient pas que le mal détruise une fois de plus la Terre du Milieu. La noirceur avait fauché trop de vies. Reprenant sa vie à La Lorien, Faendel y fit son domaine principal dans cette forêt gardée par la magie de Dame Galadriel. Mais nombreux furent ses voyages à travers la Terre du Milieu, d’un royaume à un autre, son rôle d’Ambassadrice la tenait occupée. Imladris l’appela à quelques reprises, elle qui avait vu sa construction, il était tout simplement normal qu’elle y remette les pieds pour voir son évolution. La Fondcombe et Lothlórien étaient après tout étroitement liés. Néanmoins, elle était incapable de rester inactive à la Lorien, l’ennuie et la mélancolie la gagnait trop rapidement si elle n’explorait pas le monde, si elle ne l’observait pas évoluer. Elle ne partageait sa vie avec personne, sans doute ce qui lui manquait pour parvenir à s’établir pour de bon. Mais à force d’errer pour l’amour, il vous fuit. Et à force d’errer pour un but qu’on ne peut atteindre, la mélancolie pointe le bout de son nez. Elle parvient à la garder loin pour l’instant à travers ses voyages, mais le sentiment s’est creusé un nid dans son cœur et gruge lentement son énergie. Pourtant, son temps n’est pas encore révolu. Elle y croit.

À la veille de grands bouleversements, une ombre se dresse discrètement à l'est. Le mal reprends-t-il de nouveau des forces ?

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