Quelle histoire peut être plus banale que la mienne? Je suis né dans un village perdu au sud du royaume du Gondor, du moins, si mes cartes sont a jour. J'ai eu comme beaucoup une mère et un père, et, bien que nous manquions souvent de quoi manger, malgré le travail éprouvant des champs, je n'ai pas a me plaindre de mon enfance. L'histoire intéressante, du moins, qui change de tous ces récits identiques, commence alors que les orcs attaquèrent et brulèrent le village. Malgré les efforts conjugués de tous les hommes, qu'ils se défendent avec une épée ou une simple fourche, les orcs ne furent que peu ralentit, permettant tout juste aux femmes et aux enfants de s'enfuir. Pour ma part, dans la confusion générale, une chute dans un ravin me sépara du groupe.
Cependant, a 16ans et toutes mes dents, on peu dire que j'étais sevré, et je n'allais pas vraiment parcourir la moitié du territoire du Gondor pour hypothétiquement rejoindre d'hypothétiques survivants. En vrai, je crois que ma lâcheté préférais les penser en vie que risquer de les découvrir morts. Ayant toujours désiré voir la mer, je profitais de cette liberté nouvellement acquise pour descendre plus au sud, bien que notre village n'en était guère éloigné, quelques jours de marche tout au plus.
Etant déja un inconscient a l'époque, j'embarque clandestinement dans la cale d'un navire, de marchandise croyais-je. Navire pirate en vérité, et cela, je le découvrais lorsque, découvert, j'échappais de peu a la planche, trouvant une certaine utilité de récureur de pont. L'avantage étant qu'il m'était plus facile ainsi de voir le "paysage", étendue d'eau sans fin, qu'a fond de cale. J'avoue volontiers que les premiers temps ont été durs, mais, au final, j'appréciais la vie sur la navire, rythmée par les abordages et autres courses poursuites. De plus, j'appris un nombre incalculable de choses a bord, dont la plus importante...
21ans, toujours a bord, un sabre dans une main, la seconde ne sachant pas, comme d'habitude, ou se mettre. Parcourant le pont du navire de long de large et de travers, de passes d'armes en passes d'armes, avec un gamin fraichement débarqué, dernière recrue de notre équipage de bras cassés. Ma place est depuis longtemps acquise sur ce navire, fini le mousse bousculé d'un bout a l'autre de la cale.
22ans, première galère. Oui, je sais ce que vous allez me dire, le fait d'être pirate en était déjà une belle. Cependant, pour la faire courte, je résumerais rapidement en disant que, après un abordage ayant mal terminé, le navire coula, et l'équipage, du moins ceux qui en sortirent vivants, se dispersa.
Les années qui suivirent furent synonymes de hauts et de bas, passant d'équipage a équipage, supportant de capitaines a capitaines, pas toujours vraiment faits pour le métier d'ailleurs. J'ignore comment je peux encore être en vie aujourd'hui pour en parler après tant de duels, de sales coups dans le dos et autres magouilles. Je suis passé prêt de la planche plus d'une fois, je le sais, mais j'arrive toujours a me débrouiller pour me défiler.
Finalement, j'ai pris une grande décision. Plutôt que de passer d'équipage en équipage sans en trouver qui me plaisent, pourquoi pas prendre le commandement d'un navire? Plus facile a dire qu'a faire, en effet, trouver un navire n'est que la partie immergée de l'iceberg, le plus difficile étant de trouver un équipage sur sur lequel pouvoir faire confiance en toute occasion. Et après deux mutineries accompagnées de vol de navire et d'abandon du capitaine, j'aurai pu laisser tomber.
Finalement, bravant le "jamais deux sans trois", me revoilà, 32ans et un peu moins de dents, a la tête d'un nouveau bâtiment. Appréciant cependant de changer d'air, surtout après tant d'années passées en mer, et considérant mon second comme loyal, autant que peut l'être un pirate, je prends parfois, ok, souvent, le temps de descendre a terre, parvenant parfois même, entre deux chopes de bière, a recruter de nouvelles recrues. Le plus souvent, j'en profite pour préparer un nouveau plan d'attaque contre certains de mes ennemis, et partager une chope avec quelques amis terrestres, de ceux préférant les chevaux aux bateaux. Je sais cependant qu'a chacune de mes excursions loin de mon navire, je prends le risque d'une mutinerie et me retrouver coincé a terre une fois encore. Cependant, après 16ans d'océan, même si j'ai cela dans le sang, je me demande si cela me chagrinerait vraiment. Ce qui me chagrinerai davantage serait de savoir que ces hommes, que je considère pour la plupart comme des amis de confiance, ne valent pas mieux que la pourriture immonde qualifiant la majorité des pirates.