C'est au Gondor que Dezial vit le jour, dans la majestueuse cité de Minas Tirith. D'un père soldat et d'une mère cirière, les revenus familiaux ne furent jamais exceptionnels, mais suffisant pour survivre. Le couple s'aimait, et l'idée d'avoir un fils les comblèrent de joie. Le prénom choisi fut celui du grand-père maternel, hommage à un homme parti bien trop tôt. Quant au côté paternel, de celui-ci, le héros de notre histoire hérita d'une branche guerrière s’étendant loin, très loin dans l'Histoire. Selon des histoires qui se traînaient de père en fils depuis des générations, un de leur ancêtre aurait suivi Isildur lors de cette fameuse bataille. Un passé familial suffisant pour faire gonfler la poitrine, empli de fierté. Rares étaient ceux à croire cette petite histoire, mais, une chose est sûre, dès son plus jeune âge, lui, y crut dur comme fer, rêvant même de rencontrer des elfes un jour, et de combattre à leur côtés, émule de son ancêtre, cherchant à égaler le prestige de cet aïeux innommable. La lignée s'est peu à peu ternie, dégradée, pour terminer -avec cette génération- dans les rades. Le père fut mercenaire, une bonne partie de sa vie, voyageant à travers la terre du milieu, l'espoir de se faire un nom, et de vivre des aventures comme celles que l'on pouvait lire dans les livres. La renommée, ce dernier ne l’acquit que guère, mais les souvenirs de ces voyages restèrent à jamais en son cœur, tel un de ses plus précieux trésors. Ce qui le décida d'arrêter ? De croiser la route d'une charmante fabricante de bougie, pour qui son cœur s'emballa dès le premier instant. Après quelques tentatives de séduction, l'homme obtint plus de temps en sa présence, s'ensuivit un mariage, puis un fils. Entre-temps, il obtint une place dans l'armée, pas très haut gradé, mais suffisant pour mettre de la viande dans leur assiette de temps en temps.
Quatre ans plus tard, la famille s’agrandit un petit peu plus. Une fille cette fois. Une jeune fille aux cheveux blonds, tel le blé. Un joli nom lui fut donné, Rowena. L'ancien mercenaire expliqua à son aîné, qu'une petite sœur -ou même un petit frère d'ailleurs- il fallait faire tout ce que l'on pouvait pour la protéger, veiller sur elle, et s'assurer que rien, jamais ne lui arrive. Malgré son jeune âge, cette phrase resta gravée à tout jamais dans la mémoire du garçon. Lorsqu'il eut six ans, sa vie changea petit à petit, du tout au tout. Son père commença à lui enseigner le maniement des armes, dans une petite cour à l'arrière de leur maison, où, habituellement, leur mère étendait le linge. L'homme avait fabriqué deux épées en bois afin qu'aucun malheureux accident ne se produise. Mais surtout, au même moment, l'enfant fit la connaissance d'une jeune fille, dans la rue, une certaine Eileen, que Dezial trouvait « toute jolie » et pour qui le cœur bascula rapidement. Elle était douce, agréable, et toujours prête à jouer avec lui dans les dédales de la cité blanche. On lui expliqua où elle vivait, et ce qu'il s'y passait, mais, il était bien trop jeune pour comprendre, et surtout imaginer les conséquences que cela pourrait avoir. Avec le temps, notre ami finit par lui avouer ses sentiments, découvrant que ceux-ci étaient réciproques, ce qui le plongea dans une euphorie totale. Toujours rêveur avec un sourire béât, l'enfant en perdit même sa faim. Tout ce qui lui comptait c'était d'être avec elle, bientôt rejoint par sa jeune sœur, en admiration devant son grand-frère, voulant le suivre de partout. Concernant l'entraînement de son père, malgré un passage compliqué durant cette euphorie, l'élève était plutôt sérieux, apprenait relativement vite, si bien que le maître semblait certain de l'avenir radieux de son bambin.
C'est ainsi que le futur soldat eut une enfance radieuse, et heureuse. Malgré le manque d'argent de ces parents, cela ne l'intéressait absolument pas. Avec Eileen, il vivait le parfait petit amour, si bien que chacun fut le premier de l'autre. Malgré les larmes de la belle à ce moment fatidique, elle semblait heureuse, comblée, et amoureuse. Lui, tout autant, même s'il y prit sans doutes bien plus de plaisir qu'elle, n'ayant pas cette douleur à supporter. Durant toute sa vie, cela fut sans doutes un de ses meilleurs souvenirs. A vrai dire, cet amour ne s'en alla jamais vraiment complètement. Sa sœur quant à elle passait encore plus de temps avec son frère, qui lui s'occupait radicalement des pauvres petits qui avaient la mauvaise idée de l'embêter, voire de la bousculer. Quant aux prétendants un peu trop aventureux, d'un noir regard, Dezial leur faisait comprendre que cela ne semblait pas une très bonne idée. Quant aux entraînements, l'enfant s'améliorait chaque jour. Sa maîtrise de l'épée fut suffisante pour qu'une seconde soit prise, style de prédilection paternel que l'enfant voulut suivre.
C'est vers ses quatorze ans que les choses finirent par se compliquer. Ce qu'il n'avait jamais encore vraiment compris au sujet de l'habitat d'Eileen -une maison close- il le comprit trop vite, et trop brutalement. Son premier amour devait vendre son corps, et se faire souiller, encore et encore, chaque jours, sans que lui puisse faire quoi que se soit. Bien entendu, l'adolescent voulait l'aider du mieux qu'il pouvait, la cajoler malgré tout ça, essayant de la soutenir quelle que soit la manière, mais rien ne marcha, sa belle s'éloigna petit à petit, sans que lui ne puisse comprendre la raison exacte, certain qu'à un moment ou un autre, lui avait fait une erreur, et qu'ainsi, celle pour qui son cœur battait, le lui faisait payer. Ce sentiment sensibilisa son cœur et son âme a tout jamais. Le brisa même. Comme si cela ne suffisait pas, sa mère tomba grandement malade, et, les médicaments d'apothicaire qui semblaient l'apaiser coûtaient assez cher. La solde seule de l'homme de la maison ne suffisait pas pour tout couvrir, alors, Dezial travailla. Il faisait tout ce qu'il trouvait, même des petites missions journalières, quel que soit le moyen, tout était bon pour récupérer des pièces. L'armée ? Il aurait pu, malheureusement, les places étaient comptées, et un homme sans le moindre nom n'avait que peu de chances d'être intégré. Alors, il travailla, comme il le pouvait. Au port, au marché, comme garçon de course, comme … A peu près n'importe quoi. En y réfléchissant, cela eut peut-être l'effet d'encourager l'éloignement des tourtereaux, mais … Dezial n'eut pas le choix.
Deux ans plus tard, l'état de la mère chuta, la faisant encore plus souffrir. Se sentant fin prêt, le jeune homme voulut quitter la maison. Voyager comme l'avait fait son père il y a des années, dans l'espoir de se faire mercenaire, de gagner un peu d'argent, et de ramener le surplus. En quittant la maison, il y aurait une tête en moins à nourrir, et cela aiderait sa mère. Bien que son cœur saignait de ne plus la revoir. De peut-être manquer le moment où son âme les quitterait … C'était ce qu'il y avait à faire. Il devait le faire, par amour. Sa sœur pleura toute les larmes de son corps, tout comme sa mère entre deux toux graves, tandis que de son côté, l'on pouvait lire de la fierté dans les yeux de son père. Dezial dut aussi faire ses adieux à son seul amour, qui avait changé avec le temps, plus froide, plus distante, plus malheureuse. Une dernière étreinte, et le voilà parti sur les routes. Cela dura cinq longues années, le faisant voyager à travers toute la terre du milieu, le faisant découvrir de nombreuses contrées dont il n'avait même pas entendu parler. Il engrangea beaucoup d'expériences, faisant face à la mort un noble incalculable de fois, revisitant petit à petit l'art ambidextre de son père pour que celui-ci colle mieux à sa façon de voir les choses, de penser, et de combattre. « Régulièrement », le jeune homme rentrait apportant ce qu'il avait, visitant sa mère, sans pour autant avoir le courage de revoir Eileen. Durant son voyage, notre ami fit la connaissance d'une elfe avec qui il se lia d'amitié. Une vagabonde, tout comme lui, une grande guerrière, bien plus que lui, qui l'accompagna durant une poignée d'années et qui finit même par l'initier à la poésie et à la musique. A vrai dire, il l'épia plusieurs fois, en train de s'exercer, avec grande curiosité. Cela amusa quelques peu l'immortelle qui finit par lui apprendre petit à petit. Lors de ses retours à la maison, celle-ci aida même comme elle le pouvait à soigner sa chère mère malade. Malheureusement, n'ayant que de très mauvaises bases en guérison, elle ne put faire que peu de choses. Cela lui donna aussi l'occasion d'initier Rowena à ces mêmes choses, qui semblèrent tout autant la passionner. C'est après ses fameuses cinq années que la cirière perdit la vie, durant une des visites de son aîné, comme si … Elle avait attendu avec force ce moment, certaine qu'il viendrait. Dezial pleura, comme jamais.
Le père vendit de suite la maison, prit ses enfants, mit le corps embaumé sur une charrette et commença une longue route, jusqu'au village natal de sa belle, au Rohan. Celle-ci lui avait dit un jour, qu'elle souhaitait y être enterrée. Elle n'avait plus de famille là-bas, mais … C'était un endroit si paisible, que son après-vie ne pourrait que bien se passer dans un tel lieu. Malheureusement … Sur le trajet, un groupe orc attaqua, renversa la charrette en blessant Rowena. Rapidement, Dezial cacha sa jeune sœur sous la charrette et se posta devant elle pour la protéger, tuant deux orcs de ses épées, malgré sa position défensive, et ne put qu'apercevoir la mort de son père, dont le crâne fut fendu par un violent coup de hache. Durant ce moment d’inattention, une flèche lui traversa l'épaule, lui faisant ainsi perdre l'une de ses lames, mais le faisant enragé suffisamment pour tuer deux autres orcs, avant de tomber au sol suite à coup d'épée au flanc. Chutant, le grand-frère rampa jusqu'à la charrette, se mit dos à celle-là, s'appuyant contre elle, de la meilleure façon dont il lui était possible, avant de tendre vers cette chose, empli de haine, une de ses épées. Malheureusement trop faible après ce dernier coup, son arme finit par voler au loin et, cette créature lui offrit un violent coup de pied dans le thorax, lui faisant perdre connaissance, tout en lui ôtant l'espoir d'un jour, rouvrir les yeux.
Contre toute attente, Dezial se réveilla, soigné de toutes blessures dans un lit douillet, dans une maison inconnue, dans un lieu inconnu. A peine eut-il ouvert les yeux qu'un grand cri de joie se fit entendre à ses côtés, sa sœur se jeta sur lui pour le prendre dans ses bras, heureuse de le voir enfin parmi eux. Bien sûr, il eut mal, mais bien loin de ce qu'une telle blessure aurait dû faire. Très vite, un homme entra dans la pièce, expliquant qu'il se trouvait à Edoras, que tout deux avaient étés secourus par une patrouille, avant d'être soignés par une guérisseuse elfe de passage. Le convalescent le remercia grandement pour tout cela, avant qu'on lui dise que s'il fallait remercier quelqu'un, c'était bel et bien le seigneur de ces lieux. Il ne fallait pas lui en dire plus. Encore secoué, fatigué et faible, le survivant récupéra une béquille et demanda de voir ce fameux seigneur. On lui déconseilla fortement de se lever, mais têtu comme une mule, il insista suffisamment pour qu'on le lui accorde. Devant ce vénérable être, Dezial se laissa tomber difficilement un genoux à terre pour le remercier. Plus que de l'avoir sauvé lui, il le remerciait d'avoir pu empêcher sa sœur de subir le moindre mal. Peut-être n'était-ce pas lui qui avait ordonné cela, sans doutes même. Mais, c'était sa sagesse qui avait fait que ces patrouilleurs étaient là. Aussi, l'humain jura au seigneur de rembourser un jour sa dette. On eut beau lui dire que cela n'était pas nécessaire, notre ami insista longuement.
Alors qu'il était encore à moitié mort, Dezial se fit souffrance pour aller lui-même enterrer son père et sa mère, dans le village natal de celle-ci. Elle avait tant souhaité y être qu'il ne pouvait laisser quiconque la mettre en terre ailleurs. Il ne pouvait d'ailleurs laisser personne d'autre les mettre en terre, c'était à lui de le faire, de se salir les mains pour se travail et les pleurer une dernière fois, en recouvrant leur corps, tandis que sa sœur en ferait de même, assise à côté, encore bouleversé par tout cela, bien plus que lui. Bien entendu qu'il était triste, plus que ça il avait cette rage sans fond, cette haine innommable contre ses orcs, mais surtout contre lui. Lui qui n'avait pas pu empêcher la mort de son père. Lui qui n'avait pu occire de sa main ces créatures immondes, qui risquèrent de le tuer, mais aussi sa sœur, qui en ressortit transformée. Ainsi, l'homme sécha bien vite ses larmes, et s'engagea dans l'armée du Rohan. C'était grâce à eux qu'ils avaient survécus, c'est grâce à eux que sa sœur pourrait de nouveau sourire et prendre plaisir à la vie. D'ailleurs, Rowena appréciait tout particulièrement ce nouveau royaume, les grandes étendues, les chevaux, ses habitants, sa culture. Alors, bien qu'au début cela ne fut que pour payer cette dette, la fratrie s'installa définitivement chez eux. S'entraînant bien plus que quiconque pour ne plus avoir à connaître cette faiblesse, notre ami finit par monter, après quelques années jusqu'au grade de capitaine, à sa plus grande fierté. Durant ses années, il tenta de retrouver cette guérisseuse elfe qui l'avait soignée, mais à grand regrets, il ne réussit jamais à tomber dessus. Le Rohan sembla d'ailleurs inspirer notre ami qui n'arrêta jamais de jouer de sa flûte, tout comme à continuer d'essayer de se faire poète, chose qu'il n'arriva jamais réellement. Cependant, grâce à son apprentissage des mots, de ses formulations élégantes, mais aussi de sa bonne présentation et de ses faits d'armes lors de diverses patrouilles, notre ami obtint en récompense le titre de héraut. Bien que pensant ne pas mériter ce genre de faveurs, l'homme accepta tout de même, espérant ainsi aider toujours mieux ceux à qui il devait tout. Cela lui permit donc de voyager, de rencontrer de nombreuses personnes, de combattre de nombreux ennemis et d'être confrontés à de nombreux dangers, ne faisant que le renforcer, encore et encore. Sa situation stable lui permit aussi de voir régulièrement son amie elfe, qui se retrouvât avec un foyer, elle qui n'avait plus rien, dans lequel se reposer lorsqu'elle était lasse de la route. La suite de l'histoire ? Tout le monde la connaît voyons.